Première destination touristique au monde, la France a fini par combler son retard en matière de classement hôtelier, en se dotant dès janvier 2009 d'un classement «5 étoiles» permettant de mieux affronter la concurrence internationale dans un marché mis à mal par la crise.

Principal motif de la réforme, réclamée de longue date par les hôteliers: rendre l'offre en France plus lisible pour les touristes étrangers habitués du grand luxe, qui descendent dans des 5 étoiles à Tokyo, New York ou Sidney pour se retrouver dans un «simple» quatre étoiles à Paris.

Le secrétaire d'État au Tourisme Hervé Novelli a mis fin mercredi à l'«exception française» qui limite le plus haut du classement hôtelier à «4 étoiles luxe». La nouvelle grille, entérinée par un arrêté, s'échelonnera de «1 étoile» à «5 étoiles», supprimant ainsi la notion existante de «0 étoile».

Le classement hôtelier en vigueur est désuet, remontant à 1986: les étoiles (catégories 0 à 4 luxe) étaient attribuées par les préfets sur la base de normes quantitatives (superficie, équipements sanitaires, ascenseur...) qui ne tenaient guère compte de la qualité de l'accueil ou de la propreté.

Aujourd'hui, «c'est évident, les clients réclament Internet et non plus une cabine téléphonique», a fait valoir M. Novelli devant la presse, réunie pour l'occasion à l'hôtel Bristol à Paris, un des 80 «4 étoiles luxe» en France.

Mais le dispositif reste assez souple: un «accès Internet dans toutes les chambres» sera ainsi obligatoire dans les 4 et 5 étoiles «si la technique le permet».

Les hôtels «5 étoiles» seront tenus de proposer «un service de voiturier», de disposer d'un «personnel aimable à l'accueil» ou encore de faire «accompagner le client» dans sa chambre à son arrivée.

«La 5e étoile permettra à des établissements de luxe indépendants, qui manquent de notoriété, de mieux se vendre à l'étranger», a estimé Paul Lafay, président du club des dirigeants des grands hôtels de Paris.

Le gouvernement envisage d'aller plus loin en créant un classement «5 étoiles premium» pour les palaces, une «catégorie inclassable» régie par des «critères subjectifs», selon M. Novelli.

Pour l'heure, le cercle très sélect des palaces à Paris (Bristol, Crillon, Meurice, George V, Plaza-Athénée, Ritz et Fouquet's Barrière) échappe à toute nomenclature.

La réforme arrive à point nommé, au moment où les palaces parisiens ressentent les premiers effets de la crise financière, enregistrant une fréquentation et des recettes en berne, après deux années très fastes.

La nouvelle grille de classement doit contribuer à «rehausser la qualité» de l'offre hôtelière en France, ce qui peut être un atout face au ralentissement du marché, a relevé M. Novelli.

La rénovation du parc hôtelier coûterait à terme entre «8 et 10 milliards d'euros». La Caisse des dépôts et Oséo, la banque publique d'aide aux PME, ont fait un premier geste en mettant en place un plan de financement visant à inciter les banques à prêter aux hôteliers 1,5 milliard d'euros sur trois ans.

«La réforme est un grand pas en avant permettant de tirer la qualité vers le haut», mais «le financement risque d'être insuffisant», a commenté l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). Pour le Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat), cette nouvelle classification «répond aux exigences des professionnels mais aussi aux attentes des consommateurs».

Si la réforme satisfait les syndicats hôteliers, associés à l'élaboration de la grille, le Comité pour la modernisation de l'hôtellerie française a dénoncé une «réforme en trompe-l'oeil», décidée «sans demander l'avis» des clients.