Marseille, c'est bien sûr le pastis, le savon, la bouillabaisse et les souvenirs d'enfance de Pagnol. C'est aussi une ville résolument avant-gardiste. Dès 1947, l'architecte Le Corbusier, grand maître de la modernité, y a construit la Cité radieuse, un édifice à logements devenu culte. Après plusieurs années moroses, Marseille se projette à nouveau dans le futur avec le plus grand projet de réaménagement urbain français du XXIe siècle. Des immeubles au style futuriste s'élèvent dans cette métropole aux lieux historiques réhabilités, comme le Vieux-Port et le quartier du Panier. En prime, ses plages et ses calanques sont toujours aussi invitantes.

Jour 1

14h

Marseille version futuriste

La première chose qui ébouriffe en arrivant à Marseille, c'est la construction d'une tour de 148 m de haut, à proximité du vaste port de commerce. Dans la voiture, je me suis dévissé la tête pour admirer le futur siège social du groupe marseillais CMA CGM, troisième armateur au monde. Cette tour à bureaux a été dessinée par Zaha Hadid, une architecte anglo-irakienne très en demande. Gainé d'une double peau en verre, le gratte-ciel ressemble à une robe haute couture du futur. Voilà qui résume le nouvel esprit de la ville: Marseille sort de sa torpeur et de ses années de marasme économique. En 1995, un ambitieux projet baptisé Euroméditerranée a été lancé. Objectif? Créer un nouveau Marseille d'ici 2012 en remodelant un immense secteur urbain de près de 480 hectares. Déjà, des réalisations sont bien visibles. Outre la tour conçue par Mme Hadid, il y a de nouveaux immeubles à logements et d'autres édifices en construction, dont un dessiné par le célèbre architecte Jean Nouvel. On peut aussi admirer la magnifique rénovation des docks (anciens entrepôts portuaires) du quartier de la Joliette. Malgré toute cette fébrilité - ô bonheur - l'esprit des vieux films de Marcel Pagnol survit dans la plus ancienne ville de France.15h

Retrouver l'esprit de Pagnol

Le Radisson SAS, un hôtel ouvert depuis un an, possède un emplacement de choix, dans le Vieux-Port. Du toit-terrasse, j'ai pu admirer le fort Saint-Nicolas et, plus loin, le fort Saint-Jean, les deux citadelles qui encadrent l'entrée de ce port vieux de 26 siècles! Devant l'hôtel de ville se trouve le Ferry-Boat, bateau cher à Marcel Pagnol. Il permet de traverser rapidement le Vieux-Port qui, aujourd'hui, sert principalement à la navigation de plaisance. Sur les quais se trouvent plusieurs boutiques et cafés. Je m'arrête à la Maison du pastis. Attention, cette boisson anisée est une institution. En 1932, Paul Ricard a créé «le vrai pastis de Marseille» et lui a donné son nom. Dans la boutique, la commerçante propose plusieurs produits artisanaux. Tout à côté se trouve l'enseigne Au savon de Marseille. Éclipsé par les détergents chimiques, ce savon rustique à base d'huile d'olive revient à la mode alors que les produits naturels ont la cote. À partir des rives du Vieux-Port, on peut filer vers La Canebière, l'artère emblématique des Marseillais.

16h30

Randonnée dans le Panier

Le Panier est le plus vieux quartier de Marseille. L'origine de son nom vient de l'enseigne d'une auberge du XVIIe siècle: Le Logis du panier. Ce secteur anciennement défavorisé fait l'objet d'une revitalisation. Il est très agréable d'y déambuler. Ses rues sont étroites et charmantes. On y trouve des galeries d'art et des boutiques d'artisans. Sous le soleil chaud de l'après-midi, j'y ai vu deux jeunes Marseillais paisiblement allongés sur leur scooter.

17h

Van Gogh à la Vieille Charité

Située au coeur du Panier, la Vieille Charité est un ancien hospice du 17e siècle qui, grâce notamment à l'architecte Le Corbusier, a évité le pic des démolisseurs. Classé monument historique en 1951, l'ensemble du bâtiment comprend une chapelle au dôme remarquable, puisqu'il affiche une forme ovale. Aujourd'hui, le Centre de la Vieille Charité abrite plusieurs musées et galeries. Dès le 12 septembre, l'endroit présente une exposition dans laquelle seront confrontées les oeuvres de Van Gogh et du peintre marseillais Adolphe Monticelli, un maître de l'école provençale. Ce dernier était l'un des artistes préférés de Van Gogh, qui écrivit humblement: «Je continue l'oeuvre de Monticelli.» Selon la directrice des musées, Marie-Paule Vial, il faut parfois réfléchir devant certains tableaux pour savoir qui les a peints.

Jour 2

9h

Excursion dans les calanques

Plages de sable ou de galets, criques ou calanques. Avec ses 57 km de littoral, Marseille possède un bord de mer fort diversifié. La Corniche est le moyen le plus facile pour accéder à la Méditerranée et, surtout, pour contempler les îles du Frioul et le château d'If. Les week-ends, cette route de 5 km est bondée de joggeurs et de patineurs. Pour ce qui est des calanques, ces falaises de calcaire blanc qui plongent dans la mer, il vaut mieux s'y rendre par bateau. Elles s'étendent sur 20 km entre Marseille et Cassis. Les écolos apprécieront les bateaux électriques alimentés à l'énergie solaire de l'entreprise Bleu Evasion. Ainsi, la promenade se fait en silence. Ne reste qu'à jeter l'ancre dans l'eau turquoise. C'est ce que nous avons fait à la calanque de Marseilleveyre, où se trouve un petit resto sans électricité (Chez le Belge). Au retour, nous n'avons pu résister à l'envie de visiter le port des Goudes. Le site est pittoresque et on y voit d'anciens cabanons rénovés.

17h

Dans le ventre de l'architecte

Adulée par certains, détestée par d'autres, la Cité radieuse s'impose malgré tout comme l'un des immeubles à logements les plus importants du XXe siècle. Situé boulevard Michelet, cet édifice en béton brut et construit sur pilotis a été conçu par l'architecte Le Corbusier. Sorte de paquebot urbain, il possède deux immenses cheminées de ventilation sur le toit-terrasse. Édifiée entre 1947 et 1951, cette Cité devait servir de laboratoire pour un nouveau système d'habitat social. L'expérience a été abandonnée par l'État, et l'immeuble transformé en copropriété. Depuis une dizaine d'années, il est toutefois très branché d'y habiter, et très agréable d'aller prendre un verre de rosé au Ventre de l'architecte, le restaurant des lieux. Lors de mon passage, la propriétaire du restaurant en a profité pour me faire découvrir l'hôtel de la Cité. Il compte 21 chambres, parfois pas plus grandes qu'une cabine de bateau, et les prix vont de 59 à 120 euros (92$ à 187$) pour une chambre de 16 à 32 mètres carrés. Amateurs de luxe s'abstenir! Ici, on s'émerveille sur le génie de l'aménagement malgré une grande simplicité des moyens.

20h

Goûter une vraie bouillabaisse

Impossible d'aller à Marseille sans goûter à la bouillabaisse, plat typique des familles de pêcheurs. Son nom résume le secret de la recette: «Quand ça bouille... abaisse (le feu).» Premier truc pour s'assurer de sa qualité? Choisir un restaurant signataire de la Charte de la Bouillabaisse. Autre indice? Une bouillabaisse est un plat dont le prix oscille entre 40 et 60 euros. «Sinon, prenez une marmite du pêcheur, moins coûteuse», vous conseilleront les Marseillais. Règle générale, la bouillabaisse est servie dans deux plats différents: le bouillon d'un côté et le poisson de l'autre. Le bouillon est agrémenté de sauces et de croûtons frottés à l'ail. Quant au plat de poisson, il contient au moins quatre espèces dites nobles, comme la rascasse, la baudroie, le congre et le saint-pierre. Au restaurant Miramar, dans le Vieux-Port, la bouillabaisse était exquise et précédée d'une entrée de supions (petites seiches sautées en persillade), ainsi que de bouchées de foie gras caramélisé (un péché!).

Les frais de ce voyage ont été payés par Air Transat et l'Office du tourisme et des congrès de Marseille.