Après avoir passé l'été en Europe, les paquebots achèvent, ces jours-ci, leur long périple annuel de retour vers les Antilles. Le printemps prochain, ils entameront le voyage inverse. Entre ces deux migrations, il y a l'Atlantique... et une superbe occasion de se payer une grande croisière à un prix dérisoire.

Le défi des croisiéristes, c'est de transporter leurs villes flottantes d'un continent à un autre en réussissant, à tout le moins, à couvrir leurs frais. Or, les voyageurs ne sont pas tous très chauds à l'idée de passer 15 jours sur un bateau, dont la moitié au beau milieu de l'océan avec pour tout horizon de l'eau, de l'eau et encore de l'eau. Des tarifs très avantageux sont alors séduisants. 

En s'y prenant à l'avance, ou au contraire à la toute dernière minute, on pourra monter à bord de l'un de ces palaces pour à peine plus de 100 $ par jour.

Repas fournis, activités incessantes à bord, service impeccable. À cela, on ajoutera toutefois les pourboires, les vins et alcools (chers) et les excursions. Il faudra aussi se rendre au port d'embarquement, et revenir à la maison une fois l'expérience terminée.

On oublie le mal de mer, ces monstres de 2000, 3000, voire 6000 passagers doivent affronter de solides orages pour que cela se sente à bord. Lors d'une traversée Miami-Rome, le capitaine du Celebrity Reflection nous avait même descendus jusqu'à la hauteur du tropique du Cancer pour fuir les vagues trop audacieuses. Une délicate attention.

D'une façon générale, les paquebots naviguent plutôt au sud durant la traversée, de sorte que même en avril ou en novembre, il fera généralement assez chaud pour se faire bronzer sur les ponts. Et contrairement à certains tout-inclus, il y a profusion de transats à bord, inutile de se lever aux aurores pour réserver une chaise longue. C'est d'ailleurs un paradoxe surprenant: on ne se sent pas entassés comme des sardines sur ces géants, même si des milliers de personnes font la traversée avec nous.

Ces voyages de repositionnement adoptent tous le même modèle: départ de Rome, de Barcelone ou même de Marseille, puis quelques escales (comme Malaga, Cadix, Gibraltar, Lisbonne, les Açores, les Canaries, Madère) durant une semaine. Les sept ou huit journées suivantes, on quitte tout contact avec la terre et c'est la grande traversée de l'Atlantique jusqu'à, par exemple, Miami ou Fort Lauderdale. 

Pour en avoir fait trois avec des amis, le consensus est qu'il est plus agréable de partir de l'Amérique du Nord vers l'Europe que le contraire. Peut-être parce qu'on profite de plusieurs jours de farniente avant de s'attaquer aux escales, qui varient d'une entreprise à l'autre. Mais dans les deux cas, on découvre bien vite un avantage insoupçonné: on ne sent pratiquement pas les effets du décalage horaire, puisqu'il s'étend sur un peu plus d'une semaine. Un charme.

Semaine de lecture

Le segment en haute mer est le plus original et, une opinion personnelle ici, le plus intéressant. Une semaine à lire sur un des ponts, autour d'une des piscines, à un des nombreux bars et restos. C'est zen au cube! Ce le serait encore davantage sans cette musique omniprésente qu'on vous impose partout, du matin au soir. Mais on finit par trouver des recoins silencieux.

Pour qui aime une vie plus vibrante, des dizaines d'activités sont programmées chaque jour: cinéma, spectacles, cartes, danse, bingo, casino, conférences en tout genre.

Le reste du temps, on le passe à... manger! Des repas impeccables, en dépit d'une logistique difficile. Prenons l'exemple d'un paquebot de 3000 passagers: on parle ici de 13 000 repas servis chaque jour, incluant ceux de l'équipage, pendant 15 jours. Plus de 400 palettes de denrées seront chargées à bord pour la grande traversée. Le miracle, c'est que tout reste frais. Une quinzaine de restaurants servent tout ce monde, chacun avec sa propre cuisine pour éviter les contaminations.

Ces croisières demandent du temps, aussi y voit-on beaucoup de retraités. Et il faut se faire à l'idée de passer une semaine au milieu de nulle part, mais le petit pincement au coeur ressenti lorsqu'on quitte vraiment le continent disparaît bien vite. Surtout que le WiFi est de plus en plus facilement accessible à bord. Même au milieu de l'Atlantique, il est difficile de décrocher!

Photo Mario Fontaine, collaboration spéciale

L'Eurodam, de Holland America, quitte Madère pour une traversée de cinq jours jusqu'à Fort Lauderdale.