«Lorsqu'un consommateur qui n'a jamais fait de croisière s'assied à mon bureau, je passe en moyenne 1h30 à lui expliquer comment cela fonctionne», explique Guy Bergeron, de Croisières pour tous, à Laval.

Cabine intérieure, cabine extérieure ou cabine avec balcon, premier ou second service à la salle à manger, quel pont choisir, faut-il privilégier l'avant ou l'arrière du navire, y a-t-il des spectacles à bord, qu'est-ce qui est compris et ne l'est pas, comment distribuer les pourboires, quelles sont les procédures d'embarquement et de débarquement aux escales, faut-il acheter les excursions vendues à bord... Le néophyte est confronté à une panoplie interminable d'options qui débouchent sur des dizaines de questions.

 

«La croisière est un produit beaucoup plus complexe que le forfait dans un tout-inclus ou même le voyage en Europe, observe Sean Flynn, directeur de Croisières pour tous, à Montréal. Et il existe tellement de compagnies et de navires que le consommateur a besoin d'un avis objectif qu'il n'obtient pas s'il s'adresse directement à une compagnie de croisières ou s'il tente de réserver sur le site de cette compagnie.»

«Il faut sélectionner la compagnie en fonction du budget du client, mais aussi de son profil, car le free style et l'ambiance décontractée qui règne à bord des navires de NCL conviendra à certains clients, mais pas à d'autres que nous devrons plutôt diriger vers Carnival ou Royal Caribbean, voire Princess ou une autre compagnie plus élevée dans la gamme de produits», souligne Christiane Piché, conseillère à Voyages Vasco Chomedey.

Bien sûr, ce sont des agents de voyages qui parlent et ils prêchent pour leur paroisse. Mais le fait est qu'au Canada, ce sont eux qui vendent neuf croisières sur 10. Ils ont perdu le monopole de la vente des billets d'avion. En 1996, ils émettaient 85% de tous les billets en circulation au Canada. Aujourd'hui, on parle de moins de 50%. Les compagnies aériennes se sont servies de la révolution internet pour inciter la clientèle à réserver en direct sur leurs sites web.

Pour les compagnies de croisières, il est beaucoup moins coûteux de laisser aux agents de voyages la tâche d'expliquer les multiples facettes du produit. D'autant plus que les promotions succèdent aux promotions et que les tarifs évoluent continuellement.

«Les agents de voyages ont une brochettes d'outils qui leur permettent de donner de meilleurs conseils, note Éric Saint-Pierre, chef de produit à Évasion Croisières Encore. Ainsi, la croisière est presque toujours assortie d'un billet d'avion, puisque les navires partent habituellement de la Floride ou d'Europe. Et les agents sont au courant des forfaits «vol et croisière» offerts par les grossistes ainsi que des tarifs aériens de promotion offerts par les consolidateurs (grossistes en billets d'avion).»

Les agents de voyages, donc, mais pas tous les agents de voyages. «On estime qu'il y a environ 4000 conseillers actifs dans les 800 agences du Québec et, selon moi, un peu moins de la moitié sont en mesure de vendre une croisière de manière correcte», évalue ce dirigeant d'un grossiste spécialisé. Mais depuis le début du millénaire, les réseaux québécois comme Club Voyages, Voyages Vasco et sa marque soeur, Gama, Ensemble, Avantage et d'autres font d'énormes efforts pour former leurs conseillers à vendre le produit croisières qui demeure l'un des plus lucratifs parmi la gamme des produits et services qu'ils sont habilités à distribuer.

 

15%

La proportion de Canadiens sur les navires de Royal Caribbean et de sa filiale Celebrity Cruises (alors qu'ils ne comptent que pour 10% de la population nord-américaine). Pendant longtemps, les Canadiens achetaient proportionnellement moins de croisières que les Américains, mais depuis cinq ans, le rattrapage a été fulgurant.