Les Québécois achètent de plus en plus de croisières. En 2007, ils ont été 108 315 à prendre des vacances à bord d'un «tout-inclus» flottant, en hausse de 14,47 % par rapport à l'année précédente, alors que la croissance moyenne de la demande en Amérique du Nord était de 1 %. La demande a continué de croître dans des proportions similaires en 2008.

Nos compatriotes ont été longtemps réticents à essayer une croisière. D'abord, parce qu'ils se méfiaient de ce produit, qu'ils ne connaissaient pas.

 

Ensuite, pour des questions linguistiques: plus de 95 % de la clientèle était composée de Nord-Américains anglophones, et les services étaient presque exclusivement en anglais. Mais la plupart des compagnies assurent maintenant des services multilingues. «Aujourd'hui, de 20 % à 25 % de nos clients sont européens ou sud-américains, et cette proportion va aller grandissant», constate Kenneth Brooks, directeur des ventes de Royal Caribbean pour le Canada.

D'ailleurs, la demande à l'extérieur de l'Amérique du Nord a augmenté de 20 % en 2007. «Nous agrandissons notre flotte, donc nous devons recruter nos clientèles sur de nouveaux marchés, ce qui modifie le paysage linguistique à bord des navires, poursuit Kenneth Brooks. Les francophones unilingues se sentent plus à l'aise à bord de nos paquebots.» Tellement à l'aise que le Québec est aujourd'hui la province canadienne où, proportionnellement, les croisières de Royal Caribbean se vendent le mieux. «Mais ces ventes se répartissent de façon inégale, note Kenneth Brooks. Les Québécois achètent énormément de croisières dans les Caraïbes et de plus en plus de croisières en Europe, mais ils sont encore peu nombreux dans les navires qui croisent en Alaska et dans les destinations exotiques. Il y a aussi un déséquilibre en ce qui concerne les marques: les Québécois sont bien représentés dans Royal Caribbean, mais beaucoup moins dans les navires de nos filiales haut de gamme, Celebrity et Azamara.»

On peut se demander si les menaces qui planent sur notre économie ne freineront pas la demande en 2009. Interrogé à ce sujet, Richard Fain, président de Royal Caribbean, répond que les consommateurs inquiets privilégieront nécessairement les produits qui leur en donnent davantage pour leur argent - la croisière étant selon lui, avec ses multiples destinations et la qualité des repas inclus dans les forfaits, le produit qui répond le mieux à cette condition. Quant aux produits plus luxueux que sont les navires de Celebrity Cruises et d'Azamara (la nouvelle marque de luxe de Royal Caribbean), Richard Fain affirmait en octobre qu'ils seraient encore moins touchés parce que les consommateurs plus fortunés sont généralement à l'abri des effets de la récession.

Mais le krach boursier a sérieusement écorné leurs économies et - c'est du jamais vu! - même les compagnies de luxe proposent aujourd'hui des réductions substantielles: entre 30 % et 40 % pour les croisières en Méditerranée ou en Europe du Nord de l'été prochain.