Attention : un séjour dans le golfe d'Orosei, en Sardaigne, risque fort d'attiser la jalousie des amis et collègues. Avec son eau cristalline, ses falaises de calcaire et ses plages sauvages, on en parle souvent comme de la plus belle côte de l'île, et même de l'Italie.

D'abord, mieux vaut avoir le pied marin pour profiter de ces plages spectaculaires. Le meilleur moyen de longer la côte, longue de 40 km, est le bateau. Les Sardes ont en effet réussi à préserver cette partie de l'île ; la nature et quelques chèvres sauvages y règnent en maîtresses.Le petit port de Santa Maria Navarrese, où nous avons passé la nuit, est le point de départ des excursions quotidiennes vers le golfe d'Orosei. Mais les étoiles doivent être bien alignées pour que l'expédition soit possible ! Il suffit que la mer soit agitée, que le vent souffle trop fort ou qu'il manque de volontaires pour que le bateau reste amarré au port.

Lorsque nous arrivons, de bon matin, le temps est calme et le soleil brille dans le ciel sans nuage. Toutefois, même si la température est de notre côté, nous passons à un cheveu de rester sur la terre ferme puisque nous ne sommes pas assez nombreux. Néanmoins, avec l'aide de quelques touristes, nous réussissons à convaincre un propriétaire de bateau de nous emmener.

Nous embarquons dans le petit bateau avec enthousiasme, nos sacs à dos remplis de victuailles et de crème solaire. Pendant que l'embarcation quitte le port, nous faisons connaissance avec le reste de notre petit groupe : un couple de Français très sympathique, ainsi que la corpulente Yvette, qui vient du village voisin. Sous le pâle soleil d'octobre, elle nous parle, dans un excellent français, de ses petits-enfants et de son fils, qui possède un restaurant. Yvette vient chaque année dans le golfe d'Orosei, tout simplement parce que ça lui plaît (mais nous la soupçonnons plutôt de vouloir prendre une pause des obligations familiales).

Le paysage devient rapidement sauvage, majestueux. Les hautes falaises de calcaire tombent à pic dans la mer. D'ailleurs, certaines parois font la joie des amateurs d'escalade. La côte est ponctuée de grottes, qui se succèdent les unes aux autres. Les rayons du soleil font ressortir les reflets de l'eau : bleu, turquoise et même violet... Incroyable.

L'avantage d'être dans un petit bateau, c'est qu'on peut pénétrer facilement dans des criques. Notre conducteur, aussi guide pour une grotte des environs, nous donne des explications ici et là, pendant qu'Yvette traduit sans se laisser déconcentrer par la houle.

Nous faisons escale à Cala Mariolu. Une plage sauvage, où on est aveuglé, sous le soleil du midi, par les teintes turquoise de l'eau et le blanc immaculé du sable. En fait, il ne s'agit pas de sable mais bien de minuscules galets. Le toucher sous les pieds est douloureux, ce qui rend la baignade assez ardue.

Comme quoi rien n'est parfait, même au paradis !

Nous atteignons enfin Cala Luna, plage magnifique nommée en fonction de sa forme en croissant de lune. Elle est bordée par d'immenses falaises, qui abritent des grottes profondes. Selon plusieurs, il s'agirait de la plus belle plage des environs. Pendant que nous explorons les grottes et nous baignons dans l'eau vert émeraude, Yvette fait une halte au petit restaurant caché à l'arrière de la plage.

C'est déjà l'heure du retour. L'après-midi tire à sa fin, le soleil est plus bas, et les reflets chatoyants disparaissent peu à peu. La balade en bateau s'avère tout de même agréable. En arrivant au port, rougis par le soleil, nous disons au revoir à notre guide, aux Français, à Yvette, avec qui nous avons partagé de grands moments... mais que nous ne reverrons probablement jamais.