Pour la quatrième année consécutive, Jeunes musiciens du monde organise une grande descente du Saint-Laurent en kayak, entre Montréal et Québec. L'événement vise à recueillir des fonds pour financer les cinq écoles de musique de l'organisation à but non lucratif situées à Montréal, Québec et Sherbrooke, dans la communauté autochtone de Kitcisakik et en Inde. Ces écoles donnent des cours de musique gratuits à des jeunes de milieux à risque.

« Au-delà de la récolte de fonds, il y a aussi le plaisir de mettre en valeur le Saint-Laurent », affirme Mathieu Fortier, fondateur et coprésident de Jeunes musiciens du monde.

Il fait valoir que seulement 10 % des participants sont des kayakistes chevronnés, qui pourraient pagayer les 250 km du parcours par eux-mêmes. Environ 40 % des participants possèdent un kayak, ils font des sorties, mais ils n'auraient pas l'expertise nécessaire pour organiser un tel périple. Et puis, 50 % des participants ne sont carrément pas des kayakistes. « L'idée, c'est de rendre ça accessible à toute personne qui a une condition physique moyenne, c'est de faire vivre l'expérience du fleuve à des gens qui ne sont pas nécessairement des kayakistes. »

L'organisation a quand même « fortement recommandé » aux néophytes une journée de coaching en kayak de mer pour se préparer, soit l'équivalent d'un cours de niveau 1. « Il y a des devoirs à faire, lance M. Fortier. Par exemple, il faut savoir bien réagir en cas de dessalage [chavirage]. » Il faut aussi avoir une base en pagayage pour avoir une propulsion efficace. « Ça rend l'expérience beaucoup plus facile, note M. Fortier. Ça évite de déployer de l'énergie pour rien, de pagayer dans le beurre. »

Au lieu de suivre une berge ou l'autre, les participants vont essentiellement naviguer au centre du fleuve, le long du chenal de navigation commercial, mais à l'extérieur des bouées qui le délimitent. « C'est là où le courant coule le plus rapidement, explique Mathieu Fortier. Comme nous avons beaucoup de distance à faire, nous voulons mettre toutes les chances de notre côté. »

« Coup de foudre » pour le kayak

L'histoire d'amour entre le fondateur de Jeunes musiciens du monde et le kayak de mer est assez récente. Elle a pris naissance il y a un peu plus de cinq ans, alors qu'il revenait d'un séjour d'une quinzaine d'années en Inde. « Nous avons emprunté un kayak double pour descendre le Saguenay, se rappelle-t-il. Ç'a été le coup de foudre. »

Lorsqu'est venu le temps de chercher une façon de récolter des fonds pour Jeunes musiciens du monde, il n'a pas eu à se triturer les méninges bien longtemps. 

« J'ai eu l'idée de faire Montréal-Québec en kayak. Mais était-ce possible ? Il n'y avait pas de projets comparables, on ne pouvait pas se baser sur l'expérience d'autres personnes. »

- Mathieu Fortier

L'organisation est quand même allée de l'avant avec une première descente en 2015, avec 135 participants. Chacun devait récolter 1500 $. Cette année, on a fixé la cible à 2000 $. « C'est sûr qu'à 2000 $ par personne, ce n'est pas rentable, indique M. Fortier. Nous avons donc des partenariats financiers. »

C'est ainsi que l'événement se nomme le Défi kayak Desgagnés, du nom de l'important armateur québécois.

Leur collecte de fonds bien entamée, les participants peuvent maintenant se concentrer sur l'aventure :  quatre jours de kayak du 9 au 12 août, à une moyenne de 65 km par jour. Il est toutefois possible de ne faire que des sections, d'une longueur moyenne de 32 km.

« C'est clés en main, s'enthousiasme Mathieu Fortier. Ça comprend le transport au point de départ et au point d'arrivée, le transport de l'équipement, le camping en chemin à Sorel-Tracy, Trois-Rivières et Portneuf. Les municipalités nous ont prêté des terrains pour le camping. »

Photo fournie par l’organisation Jeunes musiciens du monde

Au lieu de suivre une berge ou l'autre, les participants vont essentiellement naviguer au centre du fleuve, le long du chenal de navigation commercial, mais à l'extérieur des bouées qui le délimitent.