Le parc Oméga, à Montebello, a choisi de faire les choses différemment. Visite d'un zoo... qui n'en est pas un.

Le concept de jardin zoologique a beaucoup évolué en Occident depuis une trentaine d'années, mais la plupart des zoos ont ce point commun: les animaux, souvent exotiques, sont regroupés dans des cages ou des zones simulant leur habitat naturel. 

Au parc Oméga, près de Montebello, on a choisi de faire les choses autrement. On préfère garder moins d'espèces et se concentrer essentiellement sur celles de l'Amérique du Nord (avec quelques concessions à l'Europe, comme le sanglier ou le bouquetin des Alpes), de manière à pouvoir leur offrir un habitat aussi vaste et naturel que possible.

De la quinzaine d'espèces qui habitent les 800 hectares du parc, seuls les loups, les renards, les ours et les boeufs musqués, pour des raisons évidentes, vivent dans des enceintes clôturées. Les imposants bisons d'Amérique de même que les wapitis, orignaux et autres grands cervidés, quant à eux, s'ébattent en quasi-liberté dans un environnement qui correspond à leur habitat naturel, que l'on traverse en voiture sur une piste de 12 km.

Illusion presque parfaite

Bien sûr, tous sont complètement habitués à la présence de l'homme et ne survivraient probablement pas longtemps dans la «vraie» nature: ils sont nourris, soignés, vaccinés par les employés du parc, et les visiteurs peuvent leur tendre des carottes achetées à l'accueil. N'empêche. Il y a quelque chose d'irrésistiblement émouvant (et impressionnant!) dans le fait de côtoyer de si près un grand caribou au panache velouté, de caresser un faon encore tout frêle sur ses pattes, d'observer un veau musqué nouveau-né trottiner derrière sa mère.

Serge Lussier, directeur technique du parc Oméga depuis huit mois, n'en revient pas lui-même. Pourtant, il en a vu d'autres: il a été directeur zoologique du Parc Safari d'Hemmingford pendant 15 ans, puis de l'African Lion Safari Park de Toronto, avant de revenir au Québec pour diriger le parc Oméga.

«C'est un émerveillement quotidien de voir les animaux dans la nature, ou en tout cas dans ce qu'il y a de plus près de la nature.»

Et vrai, l'illusion est presque parfaite: dans la prairie où les herbes longues blondissent déjà, deux bisons mâles au pelage loqueteux se mesurent l'un à l'autre, muette démonstration de force dont le plus jeune (pourtant le plus vigoureux) sortira perdant. Un peu plus loin, à l'orée du bois, une harde de caribous flaire le vent d'un air incertain avant de s'éloigner prudemment.

Au lac, dédaignant nos carottes, une biche préfère prendre le frais, dans l'eau jusqu'au ventre, tandis qu'un grand héron guette patiemment son dîner.

On va comme ça d'un ravissement à l'autre, l'oeil aux aguets, et l'on apprend vite à détecter le moindre mouvement autour de soi: il se passe toujours quelque chose quelque part.

Certes, tout n'est pas parfait. On voudrait, par exemple, pouvoir parcourir ces 12 km autrement qu'en voiture - dans un parc qui se veut écologique, ce serait plus... logique. M. Lussier assure que c'est dans les plans. 

On se demande par ailleurs ce que viennent faire les sangliers dans le décor et on peut trouver que les bernaches, devenues presque nuisibles dans nos contrées, y prennent un peu trop de place. Mais dans l'ensemble, il suffit d'ouvrir son coeur d'enfant (et les vitres de la voiture) pour se laisser séduire.

À faire à pied

Le sentier des Premières Nations

Autour du petit lac des Truites, les 11 Premières Nations du Québec sont représentées par autant d'oeuvres conçues par un artiste autochtone. C'est une jolie promenade de 18 km qui permet d'en apprendre un peu plus sur nos frères et soeurs, de voir des oeuvres originales, de se laisser toucher par le calme qui règne ici. En préparation, un habitat pour les tortues serpentines, l'un des animaux emblématiques des Premières Nations. M. Lussier rêve aussi d'y implanter une colonie de loutres de rivière, pour les mêmes raisons.

Le sentier de la colonisation

Un circuit de 1,7 ou 4,5 km mène notamment à une maison du XIXe siècle admirablement restaurée. Autour, une fermette avec animaux, un potager à l'ancienne. À l'intérieur, la reconstitution de l'atelier de Georges Racicot, artiste «indiscipliné» aux oeuvres absolument éclatées, ainsi que les charmantes miniatures naïves de Léon Ipperciel. Dans les deux cas, c'est un pur ravissement. À voir aussi, la Cabane enchantée, oeuvre de Michel Therrien, qui a sculpté l'ensemble à la scie mécanique avec une finesse dans les détails qui laisse baba.

À ne pas manquer

Oiseaux de proie et compagnie

Une démonstration de quelques minutes permet de voir de près une buse à queue rousse, un urubu, une buse de Harris et un puissant pygargue à tête blanche, sous la houlette de deux animatrices qui les font voler dans l'enceinte, se poser près des spectateurs puis revenir sur leur poignet. Un marcassin, une tortue et un coq polonais assurent les entractes. Alternativement impressionnant et rigolo

Son et lumière

Passer la nuit dans l'une des unités d'hébergement du parc promet des moments inoubliables. En ce début de juin, de la terrasse du superbe chalet sur pilotis qui domine la vallée des ours, nous avons eu droit à un concert de loups et de ouaouarons doublé d'un ballet de lucioles. En prime, des éclairs de chaleur déchiraient le ciel au loin. Un bonheur à s'offrir une fois dans sa vie.

parcomega.ca

Photo Mathieu Waddell, La Presse

Le lac des Truites, ceinturé par le sentier des Premières Nations.