Jules Saint-Michel connaît le violon. À 78 ans, il en joue tous les jours et continue d'en fabriquer. Son atelier-boutique, membre du réseau des économusées, est un lieu de découvertes et d'échanges.

Pendant que les luthiers travaillent dans l'atelier ouvert, des musiciens viennent acheter des cordes ou des instruments. D'autres confient leur violon, leur violoncelle ou leur contrebasse au luthier pour une réparation. D'autres encore viennent y faire restaurer un instrument ancien dont ils ont parfois hérité.

Du lundi au vendredi, les visiteurs peuvent aussi découvrir une collection impressionnante d'instruments à cordes provenant du monde entier. Très populaire auprès des groupes de visiteurs étrangers et des classes de jeunes violonistes, le lieu devient magique quand M. Saint-Michel y raconte la fabuleuse histoire du violon.

De l'esquisse sur papier au violon rutilant, toutes les étapes de la fabrication sont clairement expliquées. Le luthier choisit soigneusement le bois, taille et prépare chacune des 70 pièces qui sont ensuite collées. Il faut encore franchir les étapes du vernissage, du polissage, du montage et du réglage avant que le violon puisse chanter. «Il faut compter au moins 125 heures de travail pour un violon», dit Jules Saint-Michel, dont la renommée est internationale.

Originaire de Budapest, il venait de faire sa quatrième année de médecine quand il est arrivé à Montréal en 1959. Obligé de trouver rapidement du travail, il est devenu apprenti chez le luthier québécois Antoine Robichaud. Le jeune homme connaissait déjà bien le violon. Il en jouait depuis l'âge de 3 ans et avait passé des centaines d'heures dans l'atelier de son oncle luthier en Hongrie. L'élève a ensuite racheté l'atelier du maître et, depuis plus de 40 ans, Jules Saint-Michel est luthier rue Ontario.

En plus d'avoir fabriqué des centaines de violons et d'altos, M. Saint-Michel a aussi collectionné des instruments rares. Parmi ceux exposés, notons un ravanastron, un rebab arabe, un rebec, une viole du Moyen-Âge, un violon en porcelaine et le violon de Monsieur Pointu. On peut aussi voir les instruments utilisés dans le film Le violon rouge. Une vitrine fort intéressante est consacrée aux luthiers québécois, dont Antoine Robichaud et Augustin Lavallée (père de Calixa Lavallée, auteur de l'hymne national du Canada).

Jules Saint-Michel est particulièrement attaché au violon qu'il a fabriqué pour illustrer un timbre canadien, il y a quelques années. «Celui-là, je refuse de le vendre», dit-il en caressant les rainures du bois qui chatoient sous le vernis.

«La recherche de puissance, voilà ce qui a animé de tout temps les luthiers», dit M. Saint-Michel. Les premiers violons ne sonnaient pas assez fort. Stradivari et Guarneri ont abaissé les voûtes élevées de leur professeur Amati pour en augmenter la puissance. Le manche a été allongé et la tonalité feutrée des cordes en boyau a fait place au son plus clair des cordes en métal. En 400 ans, le violon est devenu un instrument incontournable. «Essayez d'imaginer un orchestre sans violons», suggère M. Saint-Michel.

57, rue Ontario O. www.luthiersaintmichel.com

Ouvert du lundi au vendredi de 14h à 17h.