Une «plage urbaine» capable d'accueillir 800 personnes sera ouverte au public à l'été 2012 dans le Vieux-Montréal, même si le courant du fleuve est trop fort pour qu'on puisse s'y baigner. Le projet fait partie d'un programme de 180 millions que la Société du Vieux-Port souhaite réaliser d'ici cinq ans.

Un «sable soyeux» recouvrira la pointe de l'Horloge, au bord de l'eau, près du Marché Bonsecours. On y trouvera des chaises longues et des parasols. Une promenade en planches bordera l'installation.

N'apportez pas votre masque de plongée, toutefois, car la baignade sera interdite. En fait, la plage sera aménagée sur un quai, et le sable ne plongera pas directement dans l'eau.

«Hélas, le courant est très fort, a expliqué la présidente de la Société du Vieux-Port, Claude Benoit. Par contre, il y aura des brumisateurs, des jeux d'eau et des douches ludiques, donc on pourra se rafraîchir.»

On aménagera aussi une aire de restauration.

Le projet est inspiré de Paris Plage, qui fait fureur dans la capitale française. Là-bas, la rive droite de la Seine est transformée chaque été en longue plage où l'on peut faire des châteaux de sable, écouter de la musique ou se prélasser sous des palmiers en pot.

Les travaux d'aménagement débuteront au cours des prochaines semaines. La plage sera officiellement ouverte en mai 2012. Les visiteurs devront payer des droits d'entrée qui restent à déterminer, afin de financer l'entretien et le nettoyage des lieux.

«Le but, c'est de donner un environnement récréotouristique à la population en général, a indiqué le maire Gérald Tremblay, qui a assisté à la présentation d'hier. Les visiteurs vont pouvoir admirer le fleuve Saint-Laurent, admirer le Vieux-Port, regarder la Rive-Sud, regarder le pont Jacques-Cartier dans une ambiance de fête.»

180 millions recherchés

L'aménagement de la plage urbaine coûtera 4 millions à la Société du Vieux-Port, mais ce n'est qu'une fraction des 180 millions qu'elle souhaite investir en cinq ans pour mettre en valeur ce secteur, déjà très fréquenté par les touristes.

La Société du Vieux-Port souhaite transformer le hangar no 16, qui abrite actuellement un labyrinthe, en centre d'exposition qui pourra accueillir des manifestations culturelles de grande envergure. La métropole ne dispose d'aucune salle de ce genre depuis que le pavillon de la France à l'Expo 67 a été transformé en casino au début des années 90, a rappelé Mme Benoit.

L'organisme souhaite par ailleurs prolonger la promenade du bord de l'eau et y planter 500 arbres. Il compte également rénover le quai des Convoyeurs, à côté du Centre des sciences de Montréal, qui est facilement reconnaissable à sa haute tour.

L'organisme doit cependant composer avec un problème de taille: «Il me manque les 180 millions», résume Claude Benoit.

Devant des dizaines de personnes du milieu des affaires réunies à la chambre de commerce du Montréal métropolitain, hier, elle a lancé un appel à l'aide au gouvernement fédéral, propriétaire des terrains. Mme Benoit souligne qu'Ottawa a déjà investi 147 millions pour réaménager les lieux après le déménagement des activités portuaires vers l'est de la ville. Résultat: un quartier délabré et truffé de bâtiments insalubres est devenu en quelques années à peine un important pôle pour les entreprises et les investisseurs.

«Le Vieux-Port, c'est un moteur de développement économique, a souligné Mme Benoit. L'effet de notre seule transformation, certes couplée avec celle du Vieux-Montréal, a généré le Quartier international, la Cité du multimédia, l'agrandissement du Palais des congrès, la croissance des hôtels, des boutiques et des restaurants.»

Elle a bon espoir que les gouvernements supérieurs se montreront réceptifs à son appel, d'autant plus que Montréal célébrera son 375e anniversaire en 2017. Cette fête coïncide avec le 150e anniversaire de la fondation du Canada.

«Le privé pourrait mettre autour de 10% dans cette aventure, a indiqué Claude Benoit. Mais le privé, il est surtout au rendez-vous une fois qu'on est ouverts.»

Tremblay appuie

Le maire Gérald Tremblay a lui aussi appelé Ottawa à participer à la rénovation du Vieux-Port. Selon lui, la transformation de ce secteur reste une «mission inachevée».

«On va fêter le 375e anniversaire de Montréal, on demande des projets au gouvernement fédéral», a-t-il indiqué.

Le maire a déjà dressé sa liste à cet égard. Pendant la dernière campagne électorale, il a écrit aux chefs des quatre principaux partis pour leur demander de s'engager à participer à la réfection du Vieux-Port, à l'embellissement du canal de Lachine et à l'implantation d'un lieu culturel autochtone.

La Ville ne contribuera pas financièrement à la cure jeunesse du Vieux-Port, a toutefois indiqué le maire, qui promet néanmoins la collaboration de la Ville. «On peut aider au chapitre des infrastructures, comme les transports, a-t-il indiqué. La Ville de Montréal est partenaire du projet, alors il va sûrement y avoir des engagements de sa part. Mais notre rôle, en ce moment, c'est de convaincre le gouvernement fédéral d'aller de l'avant.»