J'arrive au Geos spa Sacacomie, à Saint-Alexis-des-Monts, vers midi, par un temps froid et radieux. La neige crisse à chaque pas. Il fait autour de -20 degrés. Au loin, on entend l'aboiement des chiens. Les grands espaces venteux, la nature sauvage, l'architecture en rondins, tout ici évoque la rude et grisante aventure des premiers explorateurs.

La page web de Geos les bains annonce «deux saunas finlandais en grotte», dont l'un avec «luminothérapie aux couleurs des aurores boréales du Grand Nord québécois». Je me voyais déjà dans une grotte de montagne conditionnée en sauna, charmée par les voiles frangés flamboyant sur une paroi, par le truchement d'une technologie habilement dissimulée... L'ennui, avec l'imagination, c'est qu'on court parfois au-devant d'une déception.

En réalité, le fameux sauna ne nous fait pas vivre une expérience hors de l'ordinaire. On y entre par une porte située derrière une paroi rocheuse artificielle à flanc de montagne. Une fois à l'intérieur, c'est l'environnement habituel: lattes de bois et poêle. D'un côté, sous les bancs, des luminaires émettent de sobres couleurs, projetées en rayures - à cause des lattes - sur les murs et le plafond. Parler de luminothérapie passe encore, mais pour les aurores boréales, me voilà refroidie. Le vrai spectacle est dehors.

Grandeur et sécurité

Malgré cette fausse note de départ, les bains nordiques du Geos spa valent sans hésitation une escale d'une demie-journée, si on est de passage dans la région. Outre la grandeur du décor, la qualité des équipements et le design (les déplacements sont fluides d'une zone à l'autre), c'est par l'attention portée aux détails que ce circuit de thermothérapie se démarque, comme un bon coupe-vent qui fait toute la différence lors une activité de plein air. Un exemple? L'isolant à tuyau posé sur la main-courante du bain à remous et du bain froid. Comme ça, on a une bonne prise et la paume ne colle pas sur le métal.

À la réception, on nous remet une serviette, un peignoir, une feuille de notes sur la procédure à suivre et une bouteille d'eau. Départ idéal. Il faut s'hydrater en thermothérapie, surtout si on fait les trois à cinq routines «chaud-froid-repos» recommandées.

À l'entrée du hammam (sauna humide avec effluves d'eucalyptus): de nombreux crochets où suspendre les peignoirs, une longue tablette où poser les bouteilles d'eau. Je pousse sur le bouton pour actionner la production de vapeur. L'endroit est propre, grand, et l'essence d'eucalyptus, agréablement présente. J'y reste 10 à 12 minutes, le temps d'avoir trop chaud, afin que le corps aspire au froid - c'est ça le truc! Puis, en marche vers le bain polaire, quel confort: le trottoir est chauffé et bien sec, libre de toute glace traîtresse.

Au troisième cycle, j'entre dans un des deux bains à remous, constamment couverts d'un dense nuage de près d'un mètre d'épaisseur. Des vents déchaînés chassent la vapeur à grands coups de balai, mais elle se renouvelle aussitôt, nous privant de toute vue, sauf dans une trouée, lorsqu'on s'approche de l'endroit où l'eau déborde et chute quelques pieds plus bas. Le «nuage» s'efface alors et laisse voir le lac majestueux, enchâssé dans ses montagnes intouchées, une immensité en noir et blanc.

Des glaçons en guise de cheveux, je saisis d'une main reconnaissante le segment de rampe parfaitement isolée, seul endroit sec dans un univers de frimas et de glace. J'entre dans le nuage et dans l'eau à température du corps humain. Un seul danger ici: rester dans le bain trop longtemps.

Puis, je vais relaxer dans le vaste solarium, avec son imposant foyer et ses fenêtres généreuses, donnant sur la terrasse et, toujours, sur ces amples territoires vierges.

Les chaises «apesanteur», flanquées de robustes bûches où poser la bouteille, basculent suffisamment pour élever les pieds à hauteur du coeur - et même un peu plus haut -, une note parfaite. Le dos bien à plat ne glisse pas, les jambes sont parfaitement heureuses, la circulation sanguine, facilitée. On oublie les minutes qui s'écoulent, mais une horloge bien en vue garde le temps pour nous.

Vivifiée, le goût du plein air au corps, je m'apprête à reprendre la route. Le personnel, très gentil, m'aide à réparer une fermeture éclair, avec des trombones. On ne badine pas avec le froid, dans ce pays!

- Il y a des aurores boréales, par ici?

- Oui, répond l'hôte des lieux. Parfois, de ce côté (il pointe le nord), on a un spectacle absolument magnifique!

- Wow! Ça doit être quelque chose, vu du bain à remous.

L'accès aux installations Geos les bains coûte 50$ plus taxes. Âge minimal requis: 14 ans. L'établissement offre un grand choix de massages et de soins esthétiques. Un plus: la conscience écologique. Le Geos spa détient la certification FSC (bois provenant de forêts écologiquement gérées) et il est entièrement chauffé par géothermie (bains et saunas inclus).