Dans le hall tout en bois rond, le feu qui crépite nous enveloppe d'une douce chaleur. Sur les murs, une peau d'ours blanc, tendue. L'odeur du bois embaume l'air. Un vrai cocon de luxe, en pleine forêt mauricienne. Dans la chambre, immense, le soleil entre à pleins rayons par la large porte-fenêtre donnant sur un grand balcon. La baignoire à remous et les couettes épaisses sont invitantes au possible...

Fin de la carte postale et débuts des déceptions. La Presse est passée incognito à l'hôtel Sacacomie fin août, histoire de voir comment le mythique hôtel de bois rond revenait à la vie après un long conflit de travail qui a ralenti les activités pendant 11 mois, alors que le service était assuré par les cadres. L'expérience nous a laissé un goût amer... et un grand trou dans le portefeuille.

En effet, une nuitée au Sacacomie n'est pas à la portée de toutes les bourses. Prix de la chambre standard avec vue sur le lac (supplément de 30$), pour deux personnes, avec souper et petit déjeuner: 368$, taxes incluses. Sans alcool, sans pourboire.

Premier constat: de la chambre, la vue sur le lac est inexistante. Notre unité, la 29, est située deux étages sous l'accueil du bâtiment construit à flanc de montagne et les arbres bloquent totalement le paysage. Seul un petit coin miroitant, au loin, laisse deviner qu'il y a bel et bien un lac derrière cette forêt. Le supplément de 30$ semble peu justifié.

La déception s'accentue lorsqu'on pose la valise sur le lit. Ce dernier grince comme s'il avait passé 100 ans dans un grenier. Le matelas est confortable, mais le bruit du sommier est insupportable.

Direction la réception, pour demander un changement de chambre. La seule autre unité disponible côté lac est deux fois moins grande et contrairement à la chambre 29, ne dispose pas de baignoire à remous ni de balcon. Étrange que le prix demandé soit le même pour deux chambres aussi différentes...

Explications de Colombe Bourque, directrice des ventes et du marketing du Sacacomie: «Les jacuzzis sont un bonus qui n'est pas facturé aux clients. Certaines chambres, comme la 29, ont la taille d'une petite suite, mais ne peuvent être offertes comme telles, puisqu'on ne peut pas y installer de foyer.» Elle précise que l'hôtel ne peut pas garantir de jacuzzi, ou de balcon, lors de la réservation.

Nous décidons de rester dans la 29. Nous voulons profiter du balcon... et des deux chaises de plastique qui seraient plus à leur place dans un motel sur la route 138 que dans un lodge de bois rond.

À plus de 350$ la nuit, le Sacacomie se doit d'offrir une expérience, pas seulement un hébergement, et ce jusque dans les plus petits détails. On a du mal à s'expliquer que les clients aient dû essuyer eux-mêmes la rosée du matin sur les tables et chaises pour pouvoir prendre leur café du petit-déjeuner au soleil, face au lac, sur la grande terrasse extérieure de l'hôtel.

Gastronomie sur réchauds

Du 3 juin (date de retour des employés à l'hôtel) au 1er septembre, l'hôtel a remplacé les soupers à la carte dans sa salle à manger par une formule buffet. Le conflit ayant provoqué le départ de plusieurs employés du service de restauration, il était impossible de former le personnel à temps pour la haute saison estivale, explique Colombe Bourque.

D'où le buffet, présenté comme gastronomique. Considérant le prix des chambres et la réputation du Sacacomie, on s'attendait à autre chose: les desserts semblaient droit sortis d'une usine, la sauce forestière du veau était liquide (et une pellicule figée s'y était formée), des mouches s'envolaient de la salade de fruits quand on s'en approchait...

Le petit-déjeuner n'est guère mieux: oeufs brouillés préparés à partir d'un mélange liquide, bacon précuit, salade de fruits de la veille, dont les morceaux commencent à se désagréger à force de macérer.

Colombe Bourque précise toutefois que les soupers à la carte sont de retour en salle à manger depuis le début septembre. «Tout est rentré dans l'ordre et notre carte, très réputée, est offerte de nouveau en soirée.»

Il semble que nous soyons passés quelques jours trop tôt au Sacacomie... Le hic: la facture était salée pour un repas gâché et un lit qui chante.