Notre journaliste est propriétaire depuis un an d'un Westfalia bleu acier baptisé Willie. À bord de son petit motorisé de 1989, elle nous fait visiter quelques campings du Québec...

Réaction spontanée d'un collègue lorsqu'on l'a informé de ce reportage sur le camping de la réserve faunique Rouge-Matawin: «Non, vous allez éventer mon secret!»

Désolé, mais il y a des trésors qu'on ne peut pas garder seulement pour soi! Et les réserves fauniques du Québec gagnent à être davantage connues du public. Les pêcheurs et les chasseurs les fréquentent assidûment depuis longtemps, mais les campeurs en vadrouille oublient parfois que ce sont des endroits fabuleux pour planter une tente. Ou pour stationner un Westfalia... à condition d'aimer le camping rustique.

À Rouge-Matawin, à 200 km au nord-ouest de Montréal, les terrains de camping se succèdent avec une belle régularité le long de la route 6, qui relie La Macaza à Saint-Michel-des-Saints: Jamet, Baie-Noire, Mosquic, Odelin... Des noms de lacs, bien sûr, puisque la réserve en compte 450 (en plus des deux rivières qui lui donnent son nom) sur un territoire de 1400 km2. Nous sommes ici en plein paradis de la truite mouchetée!

Des neuf secteurs répartis sur le territoire, un seul est aménagé: le camping des Sucreries, qui comprend un bloc sanitaire et cinq tentes de prêt-à-camper. C'est d'ailleurs le seul où l'on peut trouver une poignée de campeurs saisonniers. Les autres terrains sont plus sauvages: table à pique-nique et rond de feu pour chaque emplacement, oui, mais pas de point d'eau potable, pas de roulottes stationnées pour tout l'été et une simple toilette sèche pour seule installation sanitaire.

Certains (j'en suis et mon collègue aussi) voient des avantages indéniables à cette absence de services: les terrains sont souvent moins fréquentés et la nature est juste à côté.

Pour Roger Lemieux, directeur de la réserve faunique Rouge-Matawin, ce qui distingue ses terrains de camping de ceux des parcs nationaux est la réglementation. 

«Ici, les gens sont plus libres de planter leur tente où ils le souhaitent sur leur terrain, ils peuvent ramasser des branches par terre, les chiens sont admis à plusieurs endroits...»

Chaque camping, dit-il, possède son caractère propre. Certains (comme le Jamet) disposent de terrains rapprochés pour plaire aux petits groupes et aux familles qui se réunissent le soir autour d'un feu. D'autres sont plus intimes. D'autres encore bordent de grands plans d'eau, parfaits pour naviguer. C'est le cas du camping de la Baie-Noire...

Mais ce sont tous des campings pour décrocher, faire le vide du stress quotidien et le plein de beauté, mais aussi se sevrer de l'électronique-alerte rouge - il n'y a pas de signal téléphonique dans la réserve! En semaine, les terrains sont des bulles de tranquillité au milieu des sapins pour qui cherche une paix parfois difficile à trouver.

Lors de notre passage, début juin, le lac Jamet nous appartenait d'ailleurs en entier. Ce grand lac, à cheval entre la réserve faunique et le parc national, invite à la baignade et aux excursions en canot. Ça tombe bien: le personnel a transporté sur place quatre canots qui n'attendent qu'à être utilisés. La clé pour accéder aux embarcations est à l'accueil (moyennant des frais de 49,50 $ pour la journée). Avirons et vestes de flottaison sont fournis.

Photo Martin Chamberland, La Presse

Des tentes de prêt-à-camper sont offertes aux visiteurs qui le désirent.

Un lac pour nous tout seul où nous baigner et, comme musique de fin de soirée, la symphonie de centaines (mais on dirait de milliers) de grenouilles. Un «luxe» qui ne plaît pas forcément à tous, mais qui ravira ceux qui cherchent à s'évader loin, loin de la ville.

Verdict 

Réserve faunique Rouge-Matawin. Deux entrées principales, soit à La Macaza et à Saint-Michel-des-Saints. www.sepaq.com/rf/rom

> Pour qui: amateurs de camping rustique, adeptes de plein air, propriétaires de chien

> On aime: la tranquillité des lieux, les nombreux plans d'eau

> On aime moins: en mai et en juin, les mouches et moustiques sont voraces.

> Prix: À partir de 19,65 $ la nuit

> Nombre de terrains: 111 terrains, dont 85 % pour les campeurs de passage (aussi: camping de groupe, camping libre-service à L'Ascension)

> Le plus beau terrain, selon Roger Lemieux: les terrains 1 et 2 au camping Jamet, pour la proximité d'un beau plan d'eau et les terrains rapprochés, idéaux pour les familles.

> Date de fermeture: 28 octobre

Photo Martin Chamberland, La Presse

Sur la route qui mène à l'entrée de La Macaza, un pont couvert.