Le réservoir Baskatong, véritable mer intérieure des Hautes-Laurentides où l'on se rendait jadis pour travailler durement, a changé de vocation avec les années et est devenu un endroit où, hiver comme été, il fait bon décrocher et se faire dorloter. Bienvenue au village Windigo.

Personne ne passe par hasard à Ferme-Neuve et encore moins au village Windigo. À moins d'être perdus. Complètement perdus.

L'odomètre affiche déjà 238 km au compteur depuis Montréal lorsque, à Mont-Laurier, il faut quitter la route 117 et s'engager encore plus au nord en direction de Ferme-Neuve. Le long de la route 309, suivant doucement les méandres de la rivière au Lièvre, le paysage a bien peu à voir avec celui des Laurentides des environs de Montréal. Le relief est plus doux: les montagnes sont collines, et c'est vrai aussi pour les constructions humaines. Les maisons sont moins nombreuses et moins cossues. Il n'y a pas de magasins de sorties d'usine, pas de grand centre commercial, mais des casse-croûte et des boutiques de chasse et pêche. Les bâtiments de ferme isolés, en bois et en tôle fatigués par le temps, ont gardé une taille familiale.

À Ferme-Neuve, donc, on se sent déjà bien loin de Montréal, quitté il y a trois heures à peine. Mais ce n'est rien en comparaison de ce que l'on ressentira en s'engageant sur le petit chemin menant, 26 kilomètres plus loin, au village de Windigo. Les traces de civilisation s'effacent au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans la forêt touffue de bouleaux, de sapins et d'épinettes. Les seules indications de part et d'autre de la route annoncent l'un des innombrables lacs des environs. Parfois une zec ou une pourvoirie. On espère secrètement ne pas tomber en panne. La légende amérindienne du Windigo ne raconte-t-elle pas qu'un esprit maléfique, peut-être même cannibale, rôde dans le coin?

Coup de coeur

C'est à se demander ce qui a bien pu pousser un promoteur à vouloir construire un complexe touristique ici, si loin de tout. La réponse est évidente. «Un coup de coeur.» Il faut parfois un regard extérieur pour apprécier une beauté négligée. Mont-Tremblant, après tout, a été mis en valeur par un jeune millionnaire américain conquis par la vue admirée du sommet de la montagne. À Windigo, c'est un riche homme d'affaires belge, Henry Mestdagh, qui a succombé aux charmes de la région, en 1999, en découvrant le réservoir Baskatong.

Il y avait de quoi craquer. Ce lac artificiel, créé par la construction, en 1927, du barrage Mercier, est d'une ampleur peu commune, avec une superficie dépassant les 400 km2. Presque une mer intérieure, dont le regard peine à voir l'autre rive. Les berges sont bordées de sable fin, la surface de l'eau troublée par les vagues soulevées par un fort vent. Le lac a beau avoir été créé par l'homme, ici, c'est la nature qui semble avoir tous les droits.

Comme dans un hôtel 5 étoiles

Inauguré en 2007, le village Windigo est aujourd'hui constitué d'une quarantaine de chalets et de condos bordant la rive sud du Baskatong, où l'on dépose ses bagages comme dans un hôtel 5 étoiles, sans se soucier de quoi que ce soit. Le résultat, il faut l'avouer, est remarquable. Toutes les unités sont aussi confortablement que bellement équipées: c'est chic sans sombrer dans le luxe clinquant qui mine parfois les complexes haut de gamme. Les matières naturelles sont à l'honneur: ardoises au sol, lattes de bois du plancher au plafond, et fenêtre immenses pour que le paysage soit toujours à portée du regard.

Rien n'est laissé au hasard. Il suffit d'un craquement d'allumette pour entendre le feu crépiter dans l'âtre du foyer qui aura été soigneusement garni d'une pyramide de boulettes de papier et de bois d'allumage. Chaque condo et chaque chalet sont dotés d'une cuisine entièrement équipée - four, cafetière, barbecue, verres à vin, micro-ondes - d'une chaîne stéréo, d'une télévision et d'un lecteur DVD pour les jours de pluie. Si, il n'y a pas très longtemps, le Baskatong était encore utilisé pour transporter les billots de bois en direction de la rivière Gatineau, puis des Outaouais, on n'y vient plus pour travailler, mais pour s'y reposer et décrocher du métro-boulot-dodo. Que l'on passe la journée à bouquiner près du foyer ou se dépenser sur l'eau (on peut emprunter des pédalos, canoës et kayaks, l'été) ou, en hiver, dans les dizaines de kilomètres de sentiers de randonnée, de raquette et de ski de fond du parc de la Montagne du Diable, ce ne sont pas les activités qui manquent dans les environs de Ferme-Neuve pour satisfaire les attentes des amateurs de plein air. Qu'importe la saison, on ne s'ennuiera pas.

Le Village Windigo: lewindigo.com. 1-866-946-3446.

Tarifs: condos (une chambre à coucher et un canapé-lit): de 186$ et 239$ la nuit (côté bois) et de 217$ à 281$ (côté plage), de la basse à la haute saison. Chalets de deux, trois, et cinq chambres à coucher disponibles: de 308$ à 514$ la nuit en basse saison et de 387$ à 635$ en haute saison. Tarifs dégressifs pour les locations d'une semaine. Plusieurs forfaits disponibles incluant les repas, la location de véhicules tout terrain ou des soins de santé.

Montagne du Diable: www.montagnedudiable.com