Réserve faunique Rouge-Matawin Séparant le territoire de la réserve faunique Rouge-Matawin du parc national du Mont-Tremblant, la rivière Matawin est un petit bijou pour les amateurs d'eau vive. Au printemps, quand le niveau des eaux est à son plus haut, la descente de sa partie supérieure en canot constitue une aventure exaltante, pour qui ne craint pas la baignade printanière...

De nombreux rapides, qui varient de classe I (débutant) à classe III (intermédiaire), ponctuent cette portion du cours d'eau. Avant de partir, notre petite escadrille de canots avait, avouons-le, largement sous-estimé leur puissance. En raison du temps pluvieux, les rapides de classe II ont pris du tonus, transformés en niveau III. Résultat: un voyage qu'on croyait assez pépère s'est métamorphosé en trépidante aventure. En surfant sur d'énormes rouleaux, l'eau nous éclaboussait de partout. Deux canotiers ont même chaviré, pour leur plus grand plaisir. Et le nôtre!

Notre expédition commence au poste d'accueil Saint-Michel-des-Saints (à 26 km du village du même nom), dans la réserve faunique Rouge-Matawin, un immense territoire sauvage de 1400 km2 jouxtant le nord du parc du Mont-Tremblant. De là, une navette transporte nos embarcations sur le lac Odelin, point de départ de la descente, où se trouve 15 emplacements de camping rustique.

À notre arrivée, on est seul au monde, dans un décor de rêve. Pendant les trois jours de notre expédition (comprenant une nuitée au lac Odelin), on n'a croisé personne sur notre chemin, ni vu un signe de civilisation, à l'exception d'une table à pique-nique. Seules les mouches noires s'agglutinaient autour de nous. Heureusement, sur l'eau, elles disparaissaient comme par enchantement.

Notre objectif: descendre les 27 km de rivière en deux jours. Pour la deuxième nuit, nous avons bivouaqué à l'improviste, près de la baie du Bois-Vert, où le soir, on a taquiné le brochet.

La nature étant bien faite, les premiers coups d'aviron, sur le lac, permettent de nous réchauffer. Par la suite, quelques petits rapides permettent d'apprivoiser la technique de descente en eau vive.

Au fur et à mesure de notre progression, le débit de la rivière augmente, jusqu'à notre premier rapide de classe III (RIII): une brusque dénivellation du lit de la rivière à franchir en canot. Notre plan de match: l'étudier sur la terre ferme avant de nous y aventurer. En cas de difficulté extrême, on va le portager. Or, ce fameux RIII se présente de manière inattendue, car on avait mal interprété les cartes. Impossible de reculer, on s'élance courageusement dans les remous. Advienne que pourra!

Après avoir franchi cet obstacle, on n'avait qu'un seul désir: affronter un autre rapide de ce calibre. Le lendemain, notre souhait sera maintes fois exaucé. Les rapides Boisvert, avec sa succession de RII-III sur plusieurs kilomètres, nous attend. Pendant deux heures, on a joué dans la vague. Si bien qu'à notre arrivée au poste d'accueil de Saint-Michel, on était trempés. Mais quel plaisir on a eu!

À l'évidence, ce parcours ne s'adresse pas aux néophytes du canot-camping. Mieux vaut prendre de l'expérience auparavant sur des rivières écoles, comme la Diable, dans le parc du Mont-Tremblant. Toutefois, le débit de la Matawin perd de sa puissance en été, la rendant accessible aux pagayeurs débutants. Il faut toutefois s'attendre à effectuer quelques portages.

La réserve faunique Rouge-Matawin loue une trentaine de canots, avec avirons, gilets de sauvetage et trousses de sécurité nautique. Cependant, elle ne fait pas la location de casques, un équipement essentiel pour franchir des rapides de classe III en toute sécurité. Si vous êtes prêt pour l'aventure, apportez-le vôtre.

Réservations: www.sepaq.com/rf/rom