Les propriétaires de gîtes se font plus rares, mais parmi eux, certains restent convaincus d'avoir fait le bon choix en se lançant dans cette entreprise par passion. À les entendre, on les croit.

PATRYCK THÉVENARD

> Propriétaire du gîte Atmosphère, à Montréal.

Planchers d'origine, boiseries, mur de brique. Le gîte de Patryck Thévenard, ancien informaticien, ouvert depuis 2007, n'offre peut-être pas de vue imprenable sur le fleuve ou la possibilité d'aller cueillir des pommes dans le verger, mais il offre le charme des plus beaux appartements montréalais.

C'est après avoir eu des problèmes avec ses locataires du troisième étage que l'occupant du deuxième a décidé d'entreprendre des travaux majeurs et de transformer une partie de l'immeuble de la rue Panet en gîte. En plus de recevoir les gens dans un lieu décoré avec goût, il a dès le début misé sur la qualité de ses petits-déjeuners et sur la flexibilité de l'heure à laquelle il les sert.

En plus de faire des pieds et des mains pour satisfaire sa clientèle à l'année, Patryck Thévenard s'est, au fil des ans, un peu transformé en défenseur de la veuve et de l'orphelin. Son combat: l'hébergement illégal. Il est de tous les comités, participe à une panoplie de réunions, rencontre les politiciens au municipal comme au provincial. Voilà plusieurs années que M. Thévenard constate les effets de ce phénomène. Difficile pour lui de concurrencer des gens qui louent des chambres à 50$ la nuit.

«D'un point de vue affaires, ça devient de plus en plus la catastrophe. Comment je fais pour revoir le modèle d'affaires?» se demande-t-il.

Devant ces difficultés, qu'est-ce qui pousse ce «militant» à continuer à louer ses trois chambres et à offrir des petits-déjeuners trois services? «Ça me plaît, c'est ça l'affaire», répond-il simplement.



JOHANNE ST-ONGE ET SYLVAIN BOUCHER

> Propriétaires de l'Auberge des eaux vives, à Cap-à-l'Aigle, dans Charlevoix

Johanne St-Onge et Sylvain Boucher remettaient en question leurs choix professionnels, et voilà que, sur un «coup de tête», ils ont décidé de quitter Montréal pour la région de Charlevoix et d'y ouvrir un gîte.

«On s'est dit: pourquoi pas?», raconte Sylvain Boucher, un sourire dans la voix.

Huit ans plus tard, les deux hôtes, ayant tous deux 50 ans, logent toujours à la même adresse, leur porte est grande ouverte et ils ont bien l'intention de continuer à offrir longtemps leurs trois chambres aux visiteurs. Si leur histoire a des allures de conte de fées, M. Boucher admet que tout n'est pas toujours rose et que les premières années - avant que le gîte ne soit connu et attire son lot de clients - ont été difficiles.

«Chaque année, on se remettait en question, admet-il. On se demandait s'il fallait investir.» Trois ans après l'ouverture du gîte, Sylvain Boucher s'est résolu à retourner sur le marché du travail comme infirmier en raison d'une baisse importante des revenus. Malgré tout, le couple a décidé de prendre un risque en investissant dans la mise en ligne d'un site de qualité pour attirer les clients.

Le jeu en a valu le coup. Peu à peu, le bouche-à-oreille a fait son chemin. L'établissement s'est retrouvé sur la liste des auberges d'un voyagiste qui y a dirigé ses clients et a fait l'objet d'articles dans les médias. Bref, les affaires vont bien, et le couple trouve toujours aussi gratifiante l'idée de recevoir des gens à la maison.

Sylvain Boucher

SYLVIE DUBÉ ET GERVAIS SIROIS

> Propriétaires du Gîte du Moulin banal du ruisseau à la Loutre, à Sainte-Luce, dans le Bas-Saint-Laurent

Séjourner dans un moulin en bord de fleuve, voilà une proposition originale. Et pourtant, l'idée de se lancer dans l'aventure d'un gîte n'était pas l'objectif premier de Sylvie Dubé et Gervais Sirois quand ils ont acheté ce vieux moulin, témoin de l'époque seigneuriale, en 2000.

Issus du monde de l'éducation, les deux nouveaux propriétaires retraités souhaitaient en faire un centre de formation pédagogique pour les enseignants. Six ans plus tard, le couple a réalisé que leur moulin avait le potentiel de devenir un gîte fort accueillant, où il ferait bon venir dormir pour humer l'air du large. «Il y a une histoire ici, souligne Mme Dubé. On se disait que ça n'avait pas de bon sens d'y vivre seulement à deux, il fallait que l'on partage ça.»

Le couple a beaucoup de plaisir à recevoir des gens, à avoir des discussions intéressantes avec eux au petit-déjeuner ou même à l'apéro, lorsque le soleil se couche sur le fleuve.

Comme les touristes se font plus rares à Sainte-Luce pendant les rudes mois d'hiver, le couple ouvre ses portes aux visiteurs du 15 juin au 15 septembre. En fait, cette activité n'est pas leur principale source de revenus. Le reste de l'année, Sylvie Dubé et Gervais Sirois s'envolent généralement plusieurs fois pour l'Europe, où ils vont donner des formations en pédagogie. Ils reviennent généralement en mai, histoire de préparer le moulin à recevoir ses invités pour l'été.

Sylvie Dubé et Gervais Sirois