La plupart des phares du Québec ne guident plus les bateaux, mais un certain d'entre eux restent ouverts au public pour une visite, un repas ou une nuitée. La Presse vous en présente quatre qui font partie de la Route des phares.

La mission des phares du Québec a bien changé avec les années. Lueurs salvatrices des navires d'autrefois, qu'ils préservaient du naufrage, ils servent désormais à attirer les touristes. En 2015, Pêches et Océans Canada a en effet cédé quelque 70 phares à des municipalités, des citoyens ou des organisations, sur un total de 948 mis en vente pour 1 $ en 2010. De la quarantaine de phares « traditionnels » qui émaillent les rives du Saint-Laurent, une vingtaine se sont depuis regroupés pour former la Route des phares. 

« Avant, il y avait des gardiens de phare [payés par l'État], qui s'occupaient de leur entretien. Maintenant, cela repose souvent sur des bénévoles, des petits OBNL qui font de leur mieux, mais qui ont peu de moyens », explique Jean Cloutier, pilote de navire et expert de l'histoire des phares. Certains sont menacés de disparaître, croit-il, à commencer par les plus petits, situés sur des îles du fleuve Saint-Laurent.

D'où l'importance de s'attarder pour admirer les plus beaux et visiter ceux qui sont encore ouverts au public. 

Le phare de Cap-des-Rosiers

À chaque phare sa tragédie ? Il y a certainement un peu de vrai dans cette phrase, alors que la décision d'ériger un phare est souvent liée à un naufrage - voire plusieurs - surlignant d'un trait rouge la dangerosité d'un passage. À Cap-des-Rosiers, on comptait un naufrage par année dans la première moitié du XIXe siècle, mais c'est la disparition du Carricks et la mort de 139 des 187 passagers qui y a précipité la construction d'une tour lumineuse. Et pas n'importe laquelle : la plus haute du pays.

Érigé entre 1853 et 1858, le phare de Cap-des-Rosiers s'étire vers le ciel en 34 mètres de carreaux de marbre blanc, coiffé d'une lumière dotée d'un prisme de 2 mètres. On peut distinguer la lueur à quelque 40 km à la ronde par temps clair.

Sauf que voilà : le phare de Cap-des-Rosiers est en triste état. Son entretien est limité au strict minimum depuis une trentaine d'années, soit depuis que le dernier gardien l'a quitté, explique Lise Ste-Croix, l'une des responsables du Site historique maritime du Phare de Cap-des-Rosiers. Il faudrait, selon l'organisation, quelque 6 millions de dollars pour le restaurer, une somme considérable pour la municipalité de Gaspé (Cap-des-Rosiers y a été fusionné) ; des démarches ont été entreprises pour qu'il soit repris par Patrimoine Canada. « Après avoir tout perdu à Forillon, ça ne nous tente pas de perdre le phare en plus », dit Lise Ste-Croix.

La visite guidée est néanmoins l'une des plus intéressantes de la Route des phares, très bien menée et instructive, démystifiant en un peu moins d'une heure la rude vie des gardiens du phare. Et, bien sûr, la vue y est exceptionnellement jolie.

Photo Bernard Brault, La Presse

On peut distinguer la lueur du phare à quelque 40 kilomètres à la ronde par temps clair.

Photo Bernard Brault, La Presse

L'entretien du phare est limité au strict minimum depuis une trentaine d'années, soit depuis que le dernier gardien l'a quitté.

Emplacement : Cap-des-Rosiers, à quelques mètres de l'entrée du parc Forillon

Année de construction : de 1853 à 1858

Visites guidées : 10 $ pour les adultes, 7 $ pour les 7 à 10 ans, gratuit pour les 6 ans et moins

Activités : l'entrée au site, sans la visite guidée, coûte 3 $. L'endroit est superbe pour un pique-nique. Concerts gratuits les mardis et jeudis à 19 h, jusqu'au 16 août.