Lové au fond d'une baie tranquille, loin du brouhaha de la route 132, Métis-sur-Mer baigne dans une ambiance surannée, avec ses villas cossues construites par la bourgeoisie anglophone, qui en a fait son lieu de villégiature vers la fin du XIXe siècle. Visite d'un des plus beaux villages du Québec, où la vie coule paisiblement.

Une bédé signée Djian, un essai sur le commerce équitable, un traité de spiritualité pour les nuls, des romans de Barricho, Laferrière, Sand, Gary Une fois calé contre l'oreiller, avec la mer qui gronde au pied du lit, le lecteur n'a qu'à tendre la main pour faire son choix.

À l'Auberge du Grand Fleuve, les chambres ont des allures de bouquinerie avec des livres empilés dans tous les coins. Depuis 16 ans, lecteurs boulimiques, gourmets et vacanciers en quête de tranquillité font escale dans ce chaleureux «bouquin-couette» dans le secteur Les Boules de Métis-sur-Mer.

Les propriétaires, Marie Fradette et Raynald Pay, ont transformé l'ancien hôtel Les Boules en auberge où littérature et gastronomie (surtout celle conçue avec des produits bio et locaux) sont reines. Rien de plus naturel: il était bouquiniste à Quimper, elle a travaillé en agronomie.

De la salle à manger au salon, en passant par les chambres, des bouquins de tous genres s'entassent, ne demandant qu'à être ouverts en attendant que les convives passent à table pour le souper table d'hôte où poissons, fruits de mer et autres produits régionaux volent la vedette. Ici, la nourriture industrielle est bannie. Les poissons ont été pêchés dans le fleuve, le saumon est fumé sur place, les légumes sont apportés par des producteurs du coin. Tout est savoureux, frais à souhait.

Livrés aux bons soins de leurs hôtes, dans ce décor aux accents marins, les voyageurs n'ont qu'une envie: s'éterniser. L'envie reste la même lorsqu'on découvre pour la première fois Métis-sur-Mer. Les riches anglophones de Montréal (les Molson, Birks, Oster et autres) y passent leurs étés depuis plus d'un siècle, dans des résidences cossues, magnifiquement conservées. Au début du XXe siècle, les luxueux hôtels victoriens se remplissaient de vacanciers fortunés, arrivés par le train.

Construite en 1854, la maison octogonale, avec ses huit façades d'un blanc éclatant, témoigne du faste de l'époque. Il flotte un parfum de nostalgie dans son jardin fleuri, tout comme dans les larges rues tranquilles de Métis-sur-Mer, où des résidants, vêtus de blanc, roulent en vélo vers leur leçon de golf ou de tennis

La famille de Janis Gillan loge à «Metis Beach»chaque été, et ce depuis sept générations. Son grand-père, Arthur Mathewson, ministre des Finances sous Adélard Godbout, venait se reposer le long de la baie. En juillet, Janis a ouvert un commerce dans l'ancienne cordonnerie Leblond, le Café-sur-Mer. Boutique de décorations d'inspiration maritime, café, musée, le lieu se veut aussi un centre culturel où les résidants (tant anglophones que francophones) se mêlent aux visiteurs.

C'est l'endroit rêvé pour prendre un café (ou l'afternoon tea), jaser et prendre le pouls d'une communauté qui donne parfois l'impression de vivre en vase clos, derrière ses clôtures blanches et ses hautes haies taillées au millimètre près. Ici, la fée Janis veille à ce que tout le monde se sente chez soi. Et ça marche.

Juste derrière le Café-sur-Mer, une épicerie fine vient aussi d'ouvrir ses portes cet été. Aux bouchées doubles, la chef Suzie-Jeanne Pineault propose des produits importés, mais aussi plusieurs plats cuisinés sur place, à partir de produits du terroir.

Samosas de caille, cannellonis de cerf, saucisses de sanglier Des délices raffinées, à l'image du village de Métis-sur-Mer.

Les adresses:

Auberge du Grand Fleuve

131, rue Principale, 418-936-3332

www.aubergedugrandfleuve.qc.ca

Café-sur-Mer

160, rue Principale, 418-936-3339

Les Bouchées doubles

160A rue Principale, 418-936-3064