On sait de la Beauce qu'elle est une fourmilière d'entrepreneurs, que les gens y sont chaleureux et qu'ils ont le sens de la fête. C'est en s'y rendant que l'on découvre en plus une région vallonnée, que serpente la rivière Chaudière, charmante lorsqu'elle coule, paisible, dans son lit. Une Beauce que les touristes tardent à découvrir. Portrait en trois temps de gens passionnés qui font la Beauce touristique.

L'art de durer

C'est presque cliché de dire de certains restaurateurs qu'ils accueillent les clients comme ils recevraient des amis à la maison. Philippe Vinot et Raymonde Poulin le répètent pourtant inlassablement. Seront-ils au restaurant lorsque nous viendrons y manger? Quelle question! «On est toujours là quand on reçoit du monde chez nous», dit Philippe Vinot.

Après avoir habité leur maison-gîte pendant plusieurs années, ils ont maintenant une «vraie» maison. Ce qui ne les empêche pas de passer d'innombrables heures au restaurant qu'ils ont ouvert il y a presque 10 ans.

Un changement de carrière pour cet agent de voyages et cette spécialiste des ressources humaines qui n'avaient jamais rêvé d'être restaurateurs, mais qui aimaient recevoir et se faisaient dire par leurs amis qu'ils devraient ouvrir un restaurant. «On répondait toujours que l'esclavage n'était pas fait pour nous», dit Raymonde Poulin.

Puis ils sont passés devant une maison au centre-ville de Saint-Georges dont la pancarte «à vendre» gisait dans la neige. Elle allait abriter leur nouveau projet. C'est après avoir rénové la vieille maison, sans revenus pendant neuf mois, que le couple a pu ouvrir son gîte et son restaurant.

Le pari du local

«On dit qu'on fait une cuisine d'inspiration, et l'inspiration vient des produits qui sont disponibles, explique Philippe Vinot. La cuisine du terroir n'existait pas ici. On n'a rien inventé, mais on avait une volonté de faire. On est allés chercher de plus en plus de producteurs locaux.» Le chef Martial Betty s'est adapté aux producteurs locaux, qui à leur tour se sont adaptés aux aléas de la restauration.

Les clients aussi ont changé. «Au début, quand je présentais le menu et que je disais qu'on avait des cailles de Saint-Zachary et de l'agneau de Saint-Gédéon, les gens pensaient que je faisais des farces», se rappelle Philippe Vinot. Les clients veulent maintenant savoir d'où viennent les produits.

Au royaume de l'entrepreneuriat, les propriétaires de la Maison Vinot refusent de porter le titre. «Je suis serveur, maître d'hôtel, sommelier, mais pas un entrepreneur. Je reçois chez nous!»

Un cliché, vraiment? Il suffit de s'attabler au restaurant pour se rendre compte qu'il n'en est rien. La soirée n'est pas encore terminée que déjà nos voisins de table, qui se trouvent être de bons amis des propriétaires, nous invitent à aller souper chez eux! Plus tard, la fille de Raymonde fait son entrée dans le restaurant et nous est présentée. On termine la soirée en ayant l'impression d'avoir soupé chez des amis. On était vraiment chez Philippe et Raymonde, après tout.

La Maison Vinot

11 525, 2e Avenue, Saint-Georges

maisonvinot.com

Brassin de famille

On ne passe pas par le petit village de Frampton par hasard. Il faut s'éloigner de la Chaudière, emprunter une route de campagne qui serpente entre paysages forestiers et agricoles. Une fois qu'on y est, on se félicite d'avoir fait le chemin. Le paysage est magnifique, comme il l'est souvent en Beauce.

Malgré la beauté évidente du paysage, Justine Boucher a eu un doute lorsqu'elle a décidé d'installer un gîte son rêve sur la terre agricole qu'elle et son mari, Paul Poulin, avaient acquise quelques années auparavant.

«Je me disais: qui va venir coucher dans le rang 5 et 6 à Frampton?», dit l'ancienne enseignante. Les touristes sont venus, souvent des gens de la ville qui n'ont pas l'occasion de s'évader dans la vraie campagne. Les visiteurs ont aujourd'hui une autre occasion d'aller sur la terre des Boucher-Poulin à Frampton.

La naissance d'une brasserie

On ne passe pas par Frampton par hasard, mais dans ce cas-ci, il a bien fait les choses. Gilbert, le fils du couple, s'était découvert un goût pour la bière et avait demandé un kit de brassage pour Noël. Il avait 16 ans. «On va passer pour de mauvais parents, mais il s'est vraiment intéressé au goût dès le début», dit sa mère à la rigolade.

Les fins de semaine, le garçon s'installait dans le garage attenant à la maison pour brasser et améliorer ses recettes. «Quand quelqu'un a une passion, il n'a pas de limites. On s'est dit: tant qu'à faire, allons-y à fond», dit Justine Boucher.

Gilbert est devenu maître brasseur en allant perfectionner ses techniques en Allemagne. Lorsque Frampton Brasse a ouvert ses portes en 2011, elle est non seulement devenue la première microbrasserie beauceronne, mais elle est également devenue la troisième ferme brassicole au Québec, puisque l'orge et le houblon utilisés dans le brassage poussent sur les terres avoisinantes.

Nul n'est prophète en son pays : découvertes en premier par les amateurs de Québec et Montréal, les bières de Frampton Brasse se fraient tranquillement un chemin en Beauce. «En fait de bière, la Beauce est encore conservatrice, beaucoup de produits de grandes brasseries sont encore très présents. Mais on est une brasserie régionale, on veut servir la région», dit Paul Poulin.

Trois ans après son ouverture, la microbrasserie produit sept bières. Gilbert conçoit les recettes, Justine s'occupe du marketing et Paul, PDG de la brasserie, est aussi «l'homme à tout faire». La plus jeune de la famille, Virginie, travaille l'été au salon de dégustation.

La passion de Gilbert s'est transformée en entreprise familiale. «On travaille fort, mais on le fait pour lui, pour notre fille. C'est pour la relève. On ne fait pas ça pour nous autres», concluent presque d'une seule voix les parents.

Frampton Brasse

430, 5e Rang, Frampton

framptonbrasse.com

Faire rayonner la région

Lorsqu'elle se présente aux visiteurs du Musée Marius-Barbeau, Johanne Lessard leur cache parfois un détail. Ses talents de guide sont indéniables, mais c'est en tant que directrice générale qu'elle entre au musée depuis 25 ans.

Une petite cachotterie qui a son utilité. « C'est mon plaisir. J'aime ça être en contact avec les gens. L'exposition roule-t-elle bien, est-elle bien adaptée, est-ce qu'on répond aux questions ? Le seul moyen de le savoir, c'est en le vivant », dit-elle.

Un musée vivant, voilà comment on pourrait qualifier l'établissement qui consacre ses expositions à la région et ses habitants. Tout visiteur qui s'y présente sera guidé, même s'il arrive un mardi de février.

« On est chaleureux, alors démontrons-le ! Ne laissons pas les gens faire la visite seuls. De toute manière, on a plein d'anecdotes à raconter et on ne peut pas toutes les mettre sur les murs ! On a 275 ans d'histoire, il faut qu'on la raconte, cette histoire-là... » Anthropologue et ethnologue de formation, Johanne Lessard a la Beauce et les Beaucerons tatoués sur le coeur. Elle est intarissable quand elle raconte l'histoire de Céramique de Beauce, une entreprise qui a fait les belles heures de la céramique au Québec, puis s'emballe devant les pièces soumises au plus récent concours d'oeuvres d'art du musée.

Convaincre les Beaucerons

Le Musée Marius-Barbeau a beau être dynamique et loger dans une superbe bâtisse qui surplombe le village de Saint-Josephde-Beauce, il reste qu' il faut convaincre les Beaucerons et les touristes de gravir ses marches et d'y entrer. C'est ainsi qu'un peu partout dans la région, le musée a fait installer des affiches qui racontent des lieux et leur histoire.

« La Beauce est très connue, on dit « les fameux Beaucerons ». Mais on ne nous connaît pas vraiment. C'est pour ça qu'on est là », dit celle qui a aussi été présidente de l'Association touristique régionale.

Dans cette Beauce entrepreneuriale, Johanne Lessard rêve depuis longtemps à une région culturelle, touristique. « Il faut en vouloir autant qu'on a voulu de la PME », dit-elle.

Johanne Lessard aime à raconter que l'anthropologue Marius Barbeau disait aux artisanes que si elles ne transmettaient pas leur savoir, il allait se perdre. En voilà une qui a bien saisi le message.

Musée Marius-Barbeau

139, rue Sainte-Christine, Saint-Joseph-de-Beauce

museemariusbarbeau.com

Nos adresses en Beauce

Maison J.A. Vachon

Dans la maison où l'histoire des petits gâteaux Vachon a commencé, on n'est pas seulement dans le musée du Jos. Louis. On vous montrera les premiers moules ayant servi à les confectionner, mais même si l'entreprise beauceronne est aujourd'hui détenue par la multinationale Saputo, il y a beaucoup de l'histoire des Beaucerons là-dedans. Le jour de notre passage, c'est la nièce d'un des frères Vachon qui faisait visiter la maison. Une agréable visite, qui se termine naturellement par de petits gâteaux !

383, rue de la Coopérative, Sainte-Marie-de-Beauce

418 387-4052

Ouvert tous les jours de 9 h à 16 h


Auberge des Moissons

L'Auberge des Moissons est dans le paysage beauceron depuis cinq ans, mais la maison de 1829 qui l'abrite appartient à la famille Cliche depuis beaucoup plus longtemps. Sa terrasse donne sur les champs vallonnés et sur la rivière Chaudière. C'est l'endroit parfait pour boire un verre ou manger. À l'étage de la maison, quatre chambres de style champêtre accueillent les visiteurs pour la nuit.

512, route du Président-Kennedy, Vallée-Jonction

aubergedesmoissons.com

Restaurant Saint-Vincent

Avec sa grande terrasse qui donne sur la rivière Chaudière, le restaurant Saint-Vincent est l'endroit parfait pour se reposer, surtout si on parcourt la véloroute qui passe juste devant. On y va pour luncher en sirotant une bière de la microbrasserie Frampton Brasse.

403, boulevard J.-M.-Rousseau, Vallée-Jonction

Véloroute de la Chaudière

La Véloroute de la Chaudière parcourt la Beauce du nord au sud, mais les cyclistes qui craignent de rouler sur une chaussée partagée avec les voitures peuvent opter pour la portion entre Scott et Vallée-Jonction, une vingtaine de kilomètres qui longe la rivière.

veloroutedelachaudiere.com

Parc des Sept-Chutes

Tout le monde trouvera son compte dans cet agréable parc urbain bien aménagé. Les cyclistes peuvent le traverser à vélo, tandis que les randonneurs disposent de sentiers le long de la rivière Pozer qui offrent des points de vue fort agréables. Des aires de jeux permettront aux petits de lâcher leur fou.

Accès par la 49e Rue et par la 25e Avenue, Saint-Georges