Pour attirer les fondeurs tôt en saison, la Forêt Montmorency a trouvé une solution: stocker de la neige tout l'été. Et ça fonctionne!

Le père Noël est passé tôt cette année pour les fondeurs: le 1er novembre. Pendant que les enfants étaient encore occupés à trier leur butin de bonbons d'Halloween, la Forêt Montmorency ouvrait ses premiers sentiers de ski de fond aux sportifs impatients. Un tour de main rendu possible avec de la neige... vieille d'un an, qui attire les athlètes à des centaines de kilomètres à la ronde.

Ceci explique cela: alors que la production de neige artificielle est devenue la norme en ski alpin, la Forêt Montmorency est le seul centre du Canada et l'un des rares en Amérique du Nord à posséder des canons à neige pour ses pistes de ski de fond.

Or, voulant repousser encore plus loin les contraintes de la nature, le centre a fait le pari risqué, l'an dernier, d'emmagasiner 3400 m3 de neige artificielle sous une épaisse couche de bran de scie dans l'espoir de pouvoir lancer sa saison plus tôt cette année, sans attendre les grands froids requis pour actionner ses machines à fabriquer des flocons. Pari relevé. La manne blanche a survécu aux chaleurs de l'été, à la pluie et au vent. Et fin octobre, il a suffi de la dépouiller de son manteau protecteur pour l'étendre sur les sentiers. Les pistes ont été tracées comme au lendemain d'une belle bordée exceptionnellement hâtive, plus d'un mois avant la quasi-totalité des autres exploitants nord-américains.

Depuis, le centre ne désemplit pas ou presque, même si la boucle accessible aux skieurs ne faisait que 1,5 km à l'ouverture du centre! C'est court, très court, convient Laurent Saint-Jacques, coordonnateur des opérations touristiques de la Forêt Montmorency. «Mais les mordus ont tellement hâte de voir de la neige, qu'ils viennent dès qu'on ouvre, même s'il pleut!» dit-il.

D'ailleurs, depuis que le centre a acquis ses canons à neige, au début des années 2000, c'est ici que les équipes de compétition des universités et des collèges américains et parfois même d'Irlande ou de Russie, viennent chaque année lancer leur saison d'entraînement. «Novembre, pour nous, c'est la folie, il peut y avoir jusqu'à 300 athlètes sur les pistes le week-end et cette année, ça a commencé un bon deux semaines plus tôt», lance Laurent Saint-Jacques, alors que défilent derrière lui à toute vitesse les athlètes les plus doués du collège Bates (Maine) et Middlebury (Vermont).

«Le voyage est long pour venir jusqu'ici, mais ça vaut vraiment la peine, confiait l'entraîneuse de l'équipe féminine du collège Bates, fin novembre. Il n'y a rien de tel que de la vraie neige pour se préparer aux compétitions.»

Le fondeur Martin Zaccardelli aime bien cette période, qui lui permet d'enfiler sa quarantaine de kilomètres hebdomadaires en se mesurant à certains des meilleurs athlètes du globe (dont Alex Harvey). «C'est super motivant et on apprend beaucoup à les regarder aller! Surtout que l'ambiance n'est vraiment pas "flashy", ce sont des passionnés qui viennent ici.»

Familial

Avec décembre et les bordées de neige naturelle abondantes - 6 m de neige en moyenne chaque hiver ici - la fréquentation change du tout au tout et ce sont plutôt les familles et les sportifs lambda qui s'emparent des pistes pour le reste de l'hiver, aux côtés des troupes du Rouge et Or de l'Université Laval.

On s'efforce d'en offrir pour tous les goûts: du ski de fond classique, du pas de patin, des sentiers de raquette, du ski hors piste, une patinoire et des glissades éclairées aux flambeaux...

L'hébergement est modeste dans le pavillon principal, les chambres très petites et les toilettes à l'étage, mais les prix sont plus que raisonnables. Et les aires communes fort appréciables: si un petit a trop froid, qu'un ado en a marre de skier, ils trouveront un chaleureux refuge dans l'un des deux vastes salons avec foyer en pierre (et wi-fi!) ou dans la salle de jeux avec tables de billard et de ping-pong. Quant à la cuisine familiale servie à la cafétéria, elle n'est pas mémorable, mais à tout le moins santé et abondante, et on peut y emporter une bouteille de vin pour accompagner le repas. Encore un peu, et on se croirait en colonie de vacances, d'autant plus que la saison s'étire ici... jusqu'en mai!

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