Eudore Fortin adore l'hiver, saison pendant laquelle il parcourt les bois en raquettes,notamment en suivant les sentiers de la Traversée de Charlvoix, qu'il a lui même tracés. Rencontre.

C'est dans la froidure de l'hiver que l'arrière-pays charlevoisien prend ses airs les plus dramatiques.

Le bleu intense du ciel semble se disputer avec la blancheur aveuglante des montagnes. Sur les sommets pelés, des bouleaux nordiques s'accrochent pour survivre. Dans ce paysage de toundra, poussé bien au sud de ses habituels quartiers, la vie est rude; la beauté est immense, sauvage.

C'est dans ce décor spectaculaire, aux portes du parc national des Grands-Jardins, qu'Eudore Fortin a vu le jour, il y a 83 ans. Surtout, c'est ici qu'il a travaillé sur ce qu'il considère comme l'oeuvre de sa vie: la Traversée de Charlevoix, un long sentier de ski et de randonnée qui relie le parc national des Grands-Jardins au mont Grands-Fonds.

Depuis plus de 35 ans, Eudore Fortin veille sur l'aménagement et l'entretien des 105 km de sentiers. Il en connaît chaque parcelle, chaque racine, chaque caillou. Il a construit, en tout ou en partie, 17 chalets et refuges sur le parcours. Il a même dû en brûler deux de ses mains, sous la pression des entreprises d'exploitation forestière.

C'est dans ce long sentier - accessible en ski nordique l'hiver et en randonnée (ou en vélo de montagne) l'été - que plusieurs grands noms du plein air québécois ont fait leurs classes. La Traversée leur a offert l'expédition initiatique qui les a poussés plus tard à grimper les plus hauts sommets du globe ou à rejoindre les pôles en ski.

«Ç'a été une école pour plusieurs personnes qui courent le monde aujourd'hui, explique Eudore Fortin. Il faut dire que la Traversée a été l'un des premiers sentiers de longue randonnée au Québec. Bernard Voyer, François-Guy Thivierge; ils ont presque commencé ici. La Traversée a fait partie de leurs premières aventures.»

Si la Traversée de Charlevoix fait toujours autant rêver, le raid n'est pas à la portée du premier skieur ou randonneur venu. Il faut compter sept jours de descentes et de montées. Le relief est accidenté. La distance entre les refuges est grande (entre 16 km et 20 km). Et les communications téléphoniques sont (très) intermittentes. Même en formule «grand luxe» - avec transport de nourriture et de bagages de chalets en chalets -, la Traversée exige une bonne forme physique.

Il existe toutefois des façons moins extrêmes de découvrir les beautés de l'arrière-pays charlevoisien pendant la saison hivernale. Il est possible de se poser dans un chalet (ou un refuge, plus rudimentaire) pour explorer les sentiers environnants en ski ou en raquettes. Ces dernières ne sont d'ailleurs admises que sur ces tracés de courtes randonnées, qui totalisent tout de même 72 km.

Dans les secteurs du lac à l'Écluse et du Dôme, plusieurs sentiers permettent ainsi de traverser les paysages de toundra tout en gravitant autour du chalet. Seul le sentier du Dôme, qui fait 6,4 ou 7,5 km selon le parcours choisi, peut se faire en une journée, sans passer la nuit sur place. Le point de départ se situe au kilomètre 23,2, sur la route 381.

Pour l'accès aux sentiers, une contribution volontaire de 5$ est suggérée. La location de refuge (avec poêle à bois) est offerte à partir de 25,50$ par personne, par nuitée. Les chalets sont quant à eux dotés d'une cuisinière au propane, d'équipement de cuisine et d'un poêle à bois. Location à partir de 31$ par personne, par nuitée. Un service de transfert de véhicule, de livraison de nourriture ou de transport de bagages est aussi offert.

www.traverseedecharlevoix.qc.ca