L'automne s'installe, mais il reste encore de belles journées pour des balades à la campagne. Et si, cette année, vous exploriez un coin de pays auquel peu de gens pensent d'emblée? Nous avons choisi pour vous quelques destinations dont le dynamisme justifie amplement un détour... Cette semaine: Nicolet, dans le Centre-du-Québec.

Trouver le calme

«Police». Ne faites pas semblant, c'est certainement le premier mot qui vous vient en tête à l'évocation du nom de Nicolet. La ville où presque tout ce que le Québec compte de policiers a été formé. La ville où l'on croise des représentants des forces de l'ordre partout: au restaurant, en faisant son jogging le matin, en attendant les clés de sa chambre d'hôtel, en prenant son café le midi, en allant mettre de l'essence en respectant scrupuleusement les limites de vitesse: partout. Mais aussi, la ville où l'on va rarement, très rarement, pour jouer au touriste. 

«Il nous manque un rocher percé, une grosse attraction qui attirerait beaucoup de monde», reconnaît d'emblée Nancy Lemire, directrice générale de l'hôtel Montfort. Trois-Rivières, son centre-ville coquet et ses tables intéressantes sont à moins de 30 minutes de voiture. La compétition est rude. Mais les choses ont pris un virage intéressant en 2012 avec la reconversion de l'ancien séminaire des pères Montfortains en complexe hôtelier. On a alors ajouté d'un coup une cinquantaine de chambres - très bien - dans la ville, puis 32 autres en 2015 et, enfin, un centre de conférence et un spa doublé d'un café champêtre fort agréable au début 2016. L'une des meilleures tables de la ville s'y trouve: quelque 11 millions ont été investis au total par les nouveaux propriétaires. Nicolet, lui, a trouvé un bon moyen de convaincre les touristes de rester pour la nuit, plutôt que juste y passer, arrêt anonyme entre leur point A et B. La moitié des clients de l'hôtel viennent pour assister à un congrès, l'autre, pour se reposer. Trouver le calme. «On n'a pas notre rocher percé, mais on a plein de petits attraits», assure Nancy Lemire.

Le calme, donc, on le trouve entre autres au bout de la passerelle du parc écologique de l'Anse du Port, qui surplombe marais et zones inondables jusqu'aux berges du lac Saint-Pierre. Un paradis pour les ornithologues. Et pour les chercheurs de silence et de jolis couchers de soleil. Le calme se trouve aussi en marchant dans le bois du séminaire ou sur les routes d'une campagne qui s'est drapée d'or pour l'automne, des champs jusqu'à la cime des arbres, que l'on découvre idéalement à vélo. La région est plutôt plate, on en profite: pas besoin de sortir les mollets des grands jours pour dévorer le bitume. Plusieurs circuits ont d'ailleurs été développés ces dernières années. 

L'ouverture de l'hôtel Montfort coïncide aussi avec un plan mené par la Ville pour revitaliser son centre-ville, qui ne s'est jamais tout à fait remis de l'incendie qui en a ravagé, il y a plus de 50 ans, l'essentiel des plus belles maisons. La fermeture du bureau de poste n'a pas aidé, les résidants n'ont plus à venir au coeur de la ville pour chercher le courrier et prendre un café en passant. Ils prennent davantage leur voiture, observe André Aubin, directeur du Service de l'urbanisme. Et ils s'arrêtent ailleurs pour faire leurs courses. Les cafés, boutiques et restaurants sont rares. Mais les maisons sont autrement plus jolies dans la rue Notre-Dame depuis qu'on a lancé un programme de rénovation des façades des maisons ancestrales, construites à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Le revêtement de bois a repris le dessus sur le vinyle. La couleur a remplacé le gris sale. On a fleuri. Même la maison du peintre-graveur Rodolphe Duguay en a profité, arrêt incontournable de Nicolet. «Cela a changé beaucoup depuis 10 ans», dit le directeur du Musée des religions, Jean-François Royal, qui a quitté Montréal pour s'établir ici au début des années 2000, ravi de sa décision. 

Et cela pourrait changer encore beaucoup si, comme le désirent plusieurs ici, la municipalité obtient la rétrocession de l'île Moras, longtemps utilisée par la Défense nationale. D'aucuns voudraient qu'elle soit transformée en réserve naturelle et récréotouristique, accessible au public. «La plage y est superbe», dit Nancy Lemire. À suivre. Mais déjà, on ne perdra pas son temps en allant passer une journée d'automne dans la campagne nicolétaine.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le calme du parc écologique de l'Anse du port.

Bonnes adresses 

Où dormir?

> Hôtel Montfort

L'ancien séminaire des pères Montfortains a fait l'objet d'une métamorphose complète depuis 2012: on y découvre maintenant un hôtel sobre, mais pas dénué de cachet. Les chambres sont confortables, le cadre, paisible. Le restaurant Ô Réfectoire profite de la rumeur la plus favorable en ville: l'expérience n'est pas mémorable, mais on y mange bien. Piscine et spa sur place pour les week-ends de détente.

https://www.hotelmontfort.ca

Où manger?

> Galoto

Situé à l'entrée de la ville, sur un boulevard impersonnel, le Galoto est surprenant: une boulangerie sympathique qui offre un bel éventail de pains cuits sur place, des sandwichs, des desserts et quelques plats chauds qui varient chaque semaine. La salle à manger est spacieuse et agréable, même si l'on préfère l'option «pour emporter» et le pique-nique aux abords du lac Saint-Pierre.

http://galoto.ca

Quoi faire?

> Maison Rodolphe-Duguay

L'une des plus jolies demeures de Nicolet est aussi celle de l'un de ses plus illustres résidants: Rodolphe Duguay, peintre et graveur du début du XXsiècle, disciple de Suzor Côté. On découvre son univers au 175, rang Saint-Alexis, une maison de campagne modeste où il a construit un atelier inspiré de ses pérégrinations en Europe dans les années 20, un lieu au cachet certain, où flotte encore son esprit entre les chevalets et les tableaux abandonnés aux regards. Une belle occasion de découvrir cet artiste quelque peu tombé dans l'oubli.

http://www.rodolpheduguay.com

> Manu factum

Une trentaine d'artistes de la région se sont réunis pour ouvrir, au centre-ville, la boutique Manu Factum, lieu sans égal de diffusion et de commercialisation de leurs oeuvres. La marchandise est éclectique et les gravures côtoient les chaussons de cuir pour enfants et le linge de table tissé à la main. La qualité est variable, mais c'est l'une des rares boutiques qui mérite un détour à Nicolet.

http://www.boutiquemf.com

> Parc écologique de l'Anse du Port

Rien n'est plus beau à Nicolet que le lac Saint-Pierre, l'une des quatre réserves de la biosphère de l'UNESCO que compte le Québec. On le découvre tout au bout de la passerelle de bois surplombant les zones marécageuses du parc écologique de l'Anse du Port jusqu'à une petite plage de sable fin et une tour d'observation. Incontournable, à l'heure du coucher de soleil comme à midi, pour le pique-nique. 

http://www.nicolet.ca/vie-animee/tourisme/parc-ecologique-de-l-anse-du-port

> Rouler

La campagne est belle à l'automne dans la région de Nicolet et il n'y a pas de meilleure façon de la découvrir que tout doucement, à vélo. Onze circuits totalisant quelque 400 km sillonnent la région, plutôt plats, pouvant convenir à tous. Les cyclistes doivent partager la route sur l'essentiel des tracés, mais ils évitent les grandes routes et ont tous été approuvés par le club cycliste de la région. Le cyclisme est ainsi en passe de devenir le principal pôle d'attraction des touristes ici.

Cartes et information: http://www.tourismecentreduquebec.com/

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L'Hôtel Montfort