Il ne faut pas avoir froid aux yeux pour présenter une exposition sur le voile musulman en cette période où chacun a sa petite idée sur les signes ostentatoires. Le Musée des religions du monde a allègrement franchi le pas, et son directeur ne le regrette pas une seconde. «Je suis peut-être très naïf, mais je crois qu'en plus de sa mission éducative, un musée doit s'inscrire dans les débats de société actuels», explique Jean-François Royal. Il s'en doutait, Et voilà! Le voile musulman dévoilé a suscité bien des réactions, plusieurs positives, mais aussi des reproches.

Situé à Nicolet, dans le Centre-du-Québec, le musée a été approché il y a deux ans par l'anthropologue Andréanne Pâquet et le photographe Éric Piché, qui avaient pris en photo 53 Québécoises portant le voile, et interviewé une vingtaine d'entre elles. Le projet a été enrichi des suggestions du musée et l'exposition a ouvert ses portes en mai 2013, bien avant le dépôt du projet de Charte de la laïcité dont il n'est d'ailleurs aucunement question ici.

Cette exposition ne cache pas son objectif: briser l'image stéréotypée des femmes portant le voile, en rappelant par exemple que celles-ci le mettent depuis la plus haute Antiquité. Il était même réservé aux reines et aux déesses il y a 3000 ans au Proche-Orient. L'usage voulait également que les femmes - dont la Vierge Marie - se couvrent la tête dans l'espace public au temps de la Grèce antique et de l'Empire romain.

Toute simple, la présentation comprend des artéfacts, des photos, des témoignages... et des voiles, on s'en doute. Et aussi, comme pour relativiser les choses, d'austères costumes de religieuses de la région, portés jusqu'à la fin des années 50.

Et voilà, le voile musulman dévoilé, au Musée des religions du monde jusqu'au 7 septembre 2014.

www.museedesreligions.qc.ca