«L'évangélisation par l'estomac.» Voilà comment le jeune frère Patrick Flageole, âgé d'à peine 34 ans, décrit l'expérience gustative que les moines de l'abbaye Saint-Benoît- du-Lac offrent pour l'été aux visiteurs qui s'arrêtent chez eux. Dans ces lieux de silence et de recueillement, il est maintenant possible de déguster des fromages et du cidre produits sur place.

Depuis quelques années, la demande se faisait de plus en plus grande, explique le frère Patrick, directeur assurance qualité de la fromagerie de l'abbaye, fort satisfait de cette nouvelle initiative. Bien souvent, les gens qui font un saut à la boutique de l'abbaye souhaitent goûter aux nombreux fromages fabriqués par les moines avant de passer à la caisse. Rappelons que ces hommes en tunique sont loin d'être novices en la matière. L'Ermite, l'un de leurs produits vedettes, est préparé depuis 1943. Plusieurs décennies plus tard, 12 fromages portent le sceau de l'abbaye.

Ainsi, les gourmands qui réservent peuvent, depuis le début de la saison estivale, s'installer dans l'un des larges corridors frais et lumineux de cet imposant refuge monastique et se faire servir sur un plateau d'argent -  ou presque - une portion de Mont Saint-Benoît (fromage semi-ferme à saveur de noisette), de Frère Jacques (fromage à pâte ferme) et de Le Moine (sorte de gruyère à la pâte ferme affinée).

Pendant le goûter, on prend le temps d'expliquer la nature du travail des moines, photos à l'appui. Pour ajouter au plaisir, on débouche également une bouteille de cidre. Et ne vous méprenez pas, les moines trinquent eux aussi, assure le frère Patrick, en riant.

«Quand j'étais à la cidrerie, je buvais les profits et maintenant que je suis à la fromagerie, je les mange!», ajoute-t-il à la blague.

Fort impliqué dans la fromagerie et dans la commercialisation des produits, l'homme au rire communicatif, qui semble apprécier de temps à autre faire une entorse à son voeu de silence, profite de toutes les occasions pour promouvoir ses produits maintenant vendus à la grandeur du pays. Il lui arrive même le samedi de se présenter sans prévenir à la boutique de l'abbaye avec un plateau pour faire découvrir aux visiteurs la toute nouvelle fondue au fromage, par exemple, ou encore de leur offrir quelques morceaux de Fontina ou de Bleu bénédictin. Les ventes n'en sont souvent que meilleures ensuite.

Visite

Bien entendu, la vie monastique ne se résume pas au fromage et au cidre. Voilà pourquoi la dégustation des produits s'accompagne d'une incursion entre les murs de ce lieu saint situé à environ 1 h 30 min de Montréal. Le cloître, l'escalier du jubé, le toit-terrasse et l'église comptent parmi les endroits que l'on peut visiter. 

Cette escapade à Saint-Benoît-du-Lac permet, du coup, de découvrir à quel point la communauté vit dans un lieu enchanteur avec une vue sur le mont Owl's Head et le lac Memphrémagog, où les moines vont parfois se baigner. 

Et l'automne, il y a les pommes que l'on récolte non loin et qui serviront à faire le cidre, le vinaigre et la compote que l'on retrouvera ensuite sur les tablettes de la boutique. Un lieu de silence, de recueillement et maintenant un endroit où il fait bon goûter et s'attabler.

Des forfaits de groupe sont offerts pour la dégustation et la visite. Les prix varient entre 20 $ et 26 $, en fonction de la durée du tour. Sur réservation.

Table champêtre à Saint-Jean-de-Matha

En plus du fromage à Saint-Benoît-du-Lac, il est possible de découvrir les produits forestiers à la table des moines de l'abbaye Val-Notre-Dame, à Saint-Jean-de-Matha. Histoire de faire découvrir aux gens - particulièrement ceux qui travaillent dans le milieu de la restauration - les têtes de violon, les boutons de marguerite et autres épices forestières, les moines organisent le dimanche 3 juillet une table champêtre où sera servi un repas cinq services mettant ces produits en vedette. Coût du repas: 55 $ par personne. Comme l'événement -  qui affiche presque complet - remporte un succès certain, la communauté pourrait bien tenter à nouveau l'expérience.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Depuis le début de l'été, il est possible de déguster sur place les fromages fabriqués par les moines.