En plein milieu du fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Rivière-du-Loup sur la rive sud et de Saint-Siméon sur la rive nord, l'île aux Lièvres et ses 13 km de long ont tellement à offrir aux amateurs a) de randonnée pédestre, b) d'auberge, c) de petit chalet, d) de camping sauvage, e) d'observation d'oiseaux, f) de restauration de qualité ou g) de calme qu'on se pince.

Non, on ne rêve pas, on est bien dans une île incroyablement diversifiée et incroyablement belle. Il suffit d'en faire le tour...

On s'y rend à partir de Rivière-du-Loup, à bord de l'un des trois bateaux appartenant à la société Duvetnor (voir encadré). L'embarquement se fait à l'heure dictée par la mer: c'est la marée qui établit les horaires! On a le choix: soit une croisière (sans débarquement, autour des îles Les Pélerins, de l'île aux Fraises ou de l'île du Pot à l'Eau-de-Vie), soit une excursion pour faire de la randonnée quelques heures (à l'île aux Lièvres et à l'île du Pot), soit une ou deux nuitées sur place, pour dormir dans le phare de l'île du Pot (trois chambres, avec souper et déjeuner inclus) ou dans l'un ou l'autre des hébergements proposés dans l'île aux Lièvres, auberge, maisonnette ou camping sauvage.

Quel que soit le programme prévu, une constante pendant la traversée: la beauté du fleuve et le nombre d'oiseaux qui ont élu domicile dans ou autour des îles, eiders à duvet, cormorans à aigrettes, guillemots à miroirs, marmettes de Troll, grands hérons, goélands, etc. Pendant notre séjour, il y avait, dans une petite anse, une trentaine de mamans canes accompagnées de leurs nombreux rejetons qui cancanaient...

C'est l'île aux Lièvres qui nous intéresse cette fois-ci (l'île du Pot était fermée au moment de notre passage en raison de travaux de réfection importants, maintenant terminés). Amalgame réussi entre nature sauvage et infrastructures contemporaines, l'île aux Lièvres est surtout une incroyable courtepointe d'écosystèmes, très diversifiés, même si l'île n'est vraiment pas grande!

En empruntant l'un de ses sentiers balisés discrètement pour ne pas dénaturer les lieux (le réseau compte 45 km), on se retrouve par exemple dans un véritable jardin de lichen, sur le plus haut sommet de l'île. On se croirait dans un aquarium en altitude tellement c'est beau et étrange.

En prenant plutôt le sentier du Campagnol, on traverse une forêt dense et odorante.

On choisit le sentier de la mer du côté nord de l'île? S'y trouve une longue plage qui reçoit parfois des phoques, toujours des oiseaux, et où le coucher de soleil est tellement beau que ça se passe de mots.

On opte pour le côté sud du sentier? D'énormes roches ciselées, aux allures de sculptures modernes monumentales, grises mais coupées d'une veine de roche rouge, sont là pour qu'on les escalade...

Sur le sentier de la Corniche, on peut plutôt observer de haut la rive nord, avec parfois des bélugas au loin. Et au détour d'un sentier, on croise évidemment un lièvre ou deux!

Mais pour apprécier pleinement l'endroit, il faut y dormir. L'auberge a six chambres, et sa salle à manger propose une cuisine de style méditerranéenne, «à la Josée» (Di Stasio), pour reprendre les mots d'une des responsables! À noter: l'auberge est destinée aux adultes, mais on y accepte les jeunes personnes de 10 ans et plus.

Au nombre de quatre, les maisonnettes, elles, peuvent accueillir de quatre à six personnes. C'est comme avoir son propre chalet - chauffé, s'il fait frais! - pour une courte période. Il y a une station d'accueil pour un lecteur MP3 dans ces petits chalets à la décoration champêtre, de même que des livres et des magazines, toute la literie nécessaire, même une «tapette à mouche» - en fait, il n'y manque que des jumelles, on ne les oublie donc pas. Et pour manger? On apporte sa nourriture et son vin, chaque maisonnette étant dotée de tout ce qu'il faut pour la cuisine, y compris des casseroles en masse, du sel et du poivre, une cafetière Bodum, un BBQ au gaz et ses ustensiles, un grille-pain de camping, etc. Pourquoi un grille-pain de camping? Parce que l'île est alimentée en électricité par des génératrices - en d'autres termes, ne vous encombrez pas inutilement d'un séchoir à cheveux, on ne peut pas l'utiliser. Ça tombe bien, dans l'île, la mise en plis ne tient jamais plus d'une minute, gracieuseté du vent!

Si on n'a pas envie de popoter, il y a un café, situé près de l'embarcadère, qui sert, à l'heure des repas, des boissons, des sandwichs et des soupes. Sans réservation, mais il faut payer comptant.

Camping sauvage

Pour le camping sauvage, on s'adresse aux vrais campeurs, ceux qui aiment avoir un terrain au sol aplani, une table de pique-nique et une «boîte à feu», voilà tout. En fait, c'est simple: plus on s'éloigne de l'embarcadère, de l'auberge et des maisonnettes, plus le camping est sauvage. Si on est près des infrastructures, il y a des douches, de l'eau potable et des toilettes. Si on en est loin, il y a des toilettes sèches et de l'eau brute.

En tout lieu, vue imprenable sur le fleuve, avec chants d'oiseaux ou souffles de rorquals en prime. On reste plus d'une nuit? On peut changer de terrain, selon les disponibilités! Et pas besoin d'accrocher sa nourriture dans les arbres: il n'y a que des lièvres dans l'île! Tout ça sur 22 emplacements, situés à 300 mètres, 5 km ou 12 km de la «civilisation», parcourus à pied.

Qu'ajouter? Que l'île aux Lièvres est ouverte de juin à septembre. La beauté, elle, y a élu domicile toute l'année.

Comment s'y rendre?

Pionnière de l'écotourisme au Québec, la société Duvetnor est composée de biologistes et de partenaires régionaux qui ont restauré le phare historique de l'île du Pot, construit des hébergements dans l'île aux Lièvres, aménagé des sentiers, conçu des excursions autour des îles afin de les mettre en valeur, tout en respectant leur environnement. Pour financer ses activités, la société sans but lucratif fait la cueillette du duvet de canard dans les îles. À noter : le prix de la traversée en bateau aller-retour est de 42 $ par adulte, 22 $ par enfant. Il n'est pas compris dans le prix de l'hébergement en camping ou en maisonnette (camping : 30 $ par jour, maximum deux tentes par terrain ; maisonnette : 175 $ à 195 $ par jour, minimum de deux nuits). Le prix de la traversée, plus celui de trois repas, est compris dans le forfait auberge (entre 125 $ et 200 $, selon le nombre de nuits et l'occupation simple ou double).

Info : ileauxlievres.com

Photo Bernard Brault, La Presse

Les lièvres - brun, celui-là - gambadent dans l'île... aux Lièvres.