L'année 2015 n'a pas été reposante. Pour les Fêtes, un peu de calme ne peut qu'être salutaire. Et pour fêter Noël en famille ou entre amis loin de l'agitation, les refuges en forêt sont des endroits idéaux, du moment qu'on prend le temps de bien préparer les célébrations.

COMME UNE PARCELLE DE BOUT DU MONDE

Il aurait été dans l'ordre des choses d'enfiler des raquettes, ou à tout le moins des bottes d'hiver, pour entreprendre l'ascension qui mène au refuge. Mais dans la vallée Bras-du-Nord comme à bien des endroits dans la province, décembre se donne cette année des airs de printemps. À quelques jours de Noël, la forêt de Portneuf laisse encore découvrir un tapis de feuilles mortes.

Les huit randonneurs sont bien chargés et c'est le propre du refuge : il offre une intimité inégalée, mais se gagne au terme d'un certain effort. On doit tout y amener, puisqu'à part un abri et de quoi se chauffer, on n'y trouve pas grand-chose. C'est l'anti-tout-inclus.

Le chemin qui monte au Montagne Art, logé 350 m plus haut, se gravit en deux heures environ. À mi-parcours, la montée se fait plus abrupte et les sacs à dos s'alourdissent à chaque pas. C'est à ce moment qu'on comprend l'air médusé de notre photographe lorsqu'il découvre que le caquelon à fondue qu'il lui incombait de transporter était en fonte. Pour la légèreté, il faudra repasser.

Les épaules endolories, on en oublie presque de s'attarder à la nature environnante, au petit ruisseau qui coule à nos côtés. La faute aux bouteilles de vin, au bouillon à fondue et autre bouteilles d'eau potable qu'il faut trimbaler. « Une baguette à fondue vient de tomber de ton sac ! » Derrière nous, David veille au grain.

Au moment où on ne l'attendait plus, après une montée sur un sentier souvent glacé où plusieurs sont tombés en y laissant un peu de leur orgueil, le refuge en bois rond apparaît. « Je prends ma douche en premier ! », clame à la blague Valérie en y entrant.

On y découvre une grande table en bois, un poêle et deux lits superposés ; à la mezzanine, des matelas disposés au sol attendent ceux qui y passeront la nuit et découvriront plus tard que le feu, trop bien alimenté, aura fait monter la température à un niveau presque insoutenable. On dépose le vin blanc au frigo, qu'on décrète être sous un banc de la galerie, et on chauffe le poêle au bois.

Dans le refuge, il fait sombre ; il n'est même pas 15 h. Les chandelles brûlent déjà.

Et puis c'est là que tout prend son sens. La nuit silencieuse et étoilée, les confidences autour de la table, le feu qui crépite... Qu'importe si le réseau cellulaire ne flanche pas et que la civilisation est à portée de téléphone. Dans le petit refuge haut perché sur la montagne, huit personnes refont le monde et le temps d'une soirée, il n'y aura eu que nous.

Une place au refuge Montagne Arts coûte 27,83 $ par nuit, par personne, taxes et droits d'accès en sus.

LE REFUGE, MODE D'EMPLOI

Du camping, sans la tente : voilà comment on pourrait décrire l'expérience du refuge. « C'est une coquille », résume Julie Moffet, coordonnatrice des opérations à la Forêt Montmorency.

« Tu arrives au refuge, c'est vide. Tu dois apporter ton poêle, ta vaisselle, contrairement au chalet, où il y a tous les accessoires nécessaires sur place », explique-t-elle.

Le refuge a beau être rustique, ça n'empêche pas ceux qui s'y rendent de s'y installer bien confortablement. Des groupes d'amis réunis autour d'une bonne bouffe, la responsable du service à la clientèle du parc de la Gaspésie en voit beaucoup.

« C'est drôle de voir les repas des gens, dit Pascale Caissy. On voit des groupes, c'est hallucinant : ils se font du magret de canard et des repas du genre. C'est beau de voir l'ambiance, l'esprit hivernal que ça crée chez les gens. Ils jouent aux cartes très tard, s'installent avec des chandelles. » Et, note-t-elle en riant, les sacs à dos sont souvent beaucoup plus légers au retour, délestés de tout ce vin...

Mais il n'y a pas qu'à la bouffe à penser avant de s'aventurer en refuge, dit Pascale Caissy. « Il faut penser à sa sécurité. Ça prend de bons vêtements adaptés. Il ne faut pas se surcharger, mais il faut avoir les bonnes choses. Ça prend une bonne préparation. »

Le site internet de la Coopérative de la vallée Bras-du-Nord fournit d'ailleurs une liste pratique de l'équipement recommandé pour un séjour dans l'un de ses huit refuges. Eau potable, ustensiles, vaisselle, chaudrons, sources d'éclairage, vêtements de rechange, trousse de premiers soins : rien n'est laissé au hasard.

Car, quelle que soit la durée du chemin pour se rendre au refuge choisi, personne ne voudra retourner à la voiture pour chercher un objet qui aurait été oublié. Mieux vaut faire une liste exhaustive avant de partir...

Un lieu propice aux rencontres

Si le refuge où vous choisissez de passer une nuit est très grand, sachez que vous pourriez avoir à le partager. Contrairement au chalet, on y réserve une place et non l'endroit au complet. Pour l'avoir en exclusivité avec votre famille ou vos amis, il vous faudra souvent louer toutes les places ou payer des frais supplémentaires.

D'AUTRES REFUGES À VISITER AU QUÉBEC

Coordonnateur du programme de tourisme d'aventure du cégep de la Gaspésie et des Îles, Jasmin Lapointe a sondé son équipe de professeurs au détour d'un corridor pour savoir quels sont leurs refuges coups de coeur de la province. En voici trois qui ont retenu leur attention.

LE DÔME

La Traversée de Charlevoix est un sentier de 105 km qui commence au nord de la municipalité de Saint-Urbain et se termine au mont Grand-Fonds. Des refuges pour les randonneurs sont dispersés tout le long du chemin, mais c'est le chalet rustique Le Dôme qui retient l'attention de plusieurs. « Les gens l'apprécient parce que c'est un très grand chalet qui peut accueillir 20 personnes, c'est très plaisant pour les gros partys », dit Johanne Leduc, directrice de la Traversée de Charlevoix. Le Dôme se trouve à 600 m du stationnement, ce qui en fait un endroit accessible. Mais bien qu'il soit considéré comme un chalet, il ne faut pas s'attendre à du grand confort. « Ça reste rustique, même si c'est équipé. Il n'y a pas d'eau ni électricité », précise Johanne Leduc.

traverseedecharlevoix.qc.ca

LA CHUTE

En y accédant par l'arrière, le refuge la Chute « n'a l'air de rien », sinon d'une « petite bicoque », décrit Julie Moffet, coordonnatrice des opérations à la Forêt Montmorency. Il ne faut toutefois pas se fier aux apparences. « Le refuge est juché au-dessus de la chute de la rivière Noire, le son de l'eau est extraordinaire. Le refuge est vraiment bâti sur le roc ; à l'intérieur, on voit les roches. » Ce n'est donc pas sans raison que ce refuge est l'un des plus populaires de la forêt Montmorency, bien que l'on doive parcourir au minimum 6 km en raquette ou en ski de fond pour y accéder.

foretmontmorency.ca

LE HUARD

C'est au terme d'une randonnée de 13 km de ski nordique sur les crêtes de montagnes qu'on accède au refuge Le Huard, situé sur le bord du lac Thibault. « L'ambiance de ce refuge est difficile à décrire, dit Pascale Caissy, responsable du service à la clientèle au Parc national de la Gaspésie. C'est un refuge au milieu de montagnes isolées. On s'assoit sur le bord de la fenêtre et on regarde le paysage. C'est un coup de coeur hivernal ! » Jusqu'à 16 valeureux skieurs peuvent y loger.