La légende du cheval constructeur d'église est un des grands classiques du patrimoine québécois. Mais alors que la plupart des versions mentionnent un cheval noir, la légende qui se rattache à l'église de la Visitation, au Sault-au-Récollet, ancien village du nord de l'île de Montréal, porte sur un cheval blanc. Un cheval bien spécial...

La légende du cheval blanc du Sault-au-Récollet est celle d'un homme connu comme un sombre mécréant, un vilain qui ne mettait plus les pieds à l'église et qui ne faisait plus ses Pâques depuis bien longtemps. À le voir blasphémer sans arrêt, ses voisins s'attendaient à ce qu'un malheur finisse par lui tomber sur la tête.

Effectivement, l'homme disparut subitement, de même que sa plus précieuse possession, son grand cheval blanc.

L'animal finit par réapparaître dans le voisinage, mais terrible, sauvage, violent. Les voisins se demandaient si l'homme et la bête ne s'étaient pas confondus en un seul corps.

À l'époque, le curé de la paroisse du Sault-au-Récollet tentait désespérément de faire construire une nouvelle église. À l'insu de tous, il fit fabriquer une bride dotée d'un mors en forme de croix et réussit à le passer à la bête. Subitement, le cheval devint doux comme un mouton. On put l'atteler et lui faire tirer les lourdes pierres nécessaires à l'érection de l'église.

Le curé avait bien averti les ouvriers de ne pas enlever la bride de l'animal et de ne pas le faire boire, mais l'un d'eux eut pitié de la bête assoiffée et affaiblie alors qu'il ne restait plus qu'une pierre à installer au-dessus de la porte de l'église. L'ouvrier lui enleva la bride pour lui permettre de boire. Malheur! L'animal redevint féroce, brisa son attelage et partit à l'épouvante le long de la rivière des Prairies. Il courut près de quatre lieues avant de se jeter dans des eaux tumultueuses. Depuis, on appelle ces remous, au large de Roxboro, les Rapides du cheval blanc.

Quant à l'église de la Visitation, on n'arriva jamais à faire tenir la dernière pierre de façon satisfaisante.

À VOIR

Église de La Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie

Érigée entre 1749 et 1751, il s'agit de la seule église du régime français qui subsiste encore dans l'île de Montréal. Sa façade a été reconstruite en 1850, mais l'arrière de l'église est d'origine, tout comme une grande partie de l'intérieur.

Le site de l'église sur le bord de la rivière des Prairies

De grands noms de l'histoire canadienne ont arpenté ces lieux. Jacques Cartier a visité le lieu le 2 octobre 1535 et Samuel de Champlain a assisté à la première messe chantée dans l'île de Montréal le 24 juin 1615.

Le récollet Nicolas Viel et un compatriote surnommé Ahuntsic par les Hurons se sont noyés dans un rapide à deux pas d'ici le 25 juin 1625, d'où le nom de Sault-au-Récollet.

Les maisons du quartier

L'ancien village de Sault-au-Récollet compte encore un grand nombre de maisons du XIXe siècle. Se balader dans la rue de l'île de la Visitation, c'est un peu comme marcher dans un village québécois typique. De petits trésors se nichent également le long de la rue du Pont et du boulevard Gouin, comme la maison du Pressoir, un bâtiment agricole dont la construction a débuté en 1806. D'autres vieilles demeures présentent des détails intéressants: des façades en pierre des champs, des lucarnes, des colonnes de bois ou des perrons-galeries.

À FAIRE

Parc-nature de l'île de la Visitation

Même si le parc n'est pas très grand, il est possible d'y pratiquer toutes sortes d'activités. On y retrouve notamment 8,6 km de pistes de ski de fond et de sentiers de marche et de raquette, ainsi qu'une petite butte pour la glissade. On peut louer des luges et de l'équipement de ski de fond au chalet d'accueil, au 2425, boulevard Gouin Est. Le parc organise également des randonnées en après-midi le 23 février et le 9 mars, et en soirée le 1er mars.