Les guêpes estivales à Montréal, les maringouins printaniers en Haute-Mauricie ou encore les mouches noires de juin en Abitibi... Où qu'aillent les vacanciers en été, l'ennemi est toujours à l'affût, prêt à attaquer. Comment le semer et éviter qu'il ne gâche un séjour? Survol de la question avec des spécialistes.

Au même titre que la météo, bien malin celui qui pourra faire des prédictions sur la saison des mouches 2013... «D'abord, il y en a partout au Québec», lance d'emblée Jacques Boisvert, professeur associé à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), qui mène des recherches sur les insectes piqueurs. «La seule différence, c'est qu'ils n'arrivent pas tous au même endroit en même temps.»

Il ajoute que la présence d'insectes peut varier d'un été à l'autre, selon la météo.

Néanmoins, certains faits méritent d'être rappelés. Dès le mois de mai, on trouve une cohorte de mouches noires un peu partout au Québec. Au mois de juin, les moustiques pullulent sur le Bouclier canadien, dans les régions montagneuses, où se situent d'innombrables ruisseaux et rivières. «L'Abitibi, la Haute-Mauricie et la Baie-James sont des endroits de prédilection pour la prolifération de la mouche noire», indique Richard Vadeboncoeur, biologiste et directeur du développement chez GDG Environnement, entreprise spécialisée dans le contrôle biologique des insectes. Mont-Laurier et les endroits situés au nord du Mont-Tremblant se font également envahir tôt dans la saison, autant par les moustiques que par les mouches noires. Les vacanciers devraient donc éviter de planter leur tente et d'allumer leur feu de camp dans ces régions en juin, voire dès le mois de mai.

Les cours d'eau qui abritent de nombreux barrages de castors sont également propices au développement des larves de mouches noires, ajoute M. Vadeboncoeur.

Quant aux étangs et quenouilles, ce sont de véritables niches à moustiques.

Avis à ceux qui prennent leurs vacances à la fin de la saison estivale: ces petites bêtes affectionnent également les grandes rivières, qui demeurent froides beaucoup plus longtemps (Saint-Maurice, Maskinongé, Bécancour, Saint-François, par exemple), particulièrement en août et en septembre, note le biologiste.

Des légions en région

Bonne nouvelle toutefois pour les amoureux du fleuve et de la région du Bas-Saint-Laurent, des villes comme Rivière-du-Loup, Trois-Pistoles et Rimouski se transforment rarement en repères de moustiques, même s'il peut y en avoir en petites quantités certains soirs d'été. «C'est vivable sur le bord de l'eau en raison du vent, mais dès que vous rentrez dans les terres, c'est une autre histoire», souligne Richard Vadeboncoeur.

En Abitibi et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, régions réputées pour leurs «populations» de mouches noires et de moustiques, Jacques Boisvert confirme qu'on en trouve effectivement au fil de l'été - à des degrés différents, toutefois. «Il y a un gros boom au printemps, puis ça se calme un peu et ça revient, dit-il. Ça varie entre beaucoup, beaucoup-beaucoup et beaucoup-beaucoup-beaucoup.»

Mais selon Randa Napky, directrice générale de Tourisme Abitibi, la région souffre moins de l'envahissement qu'autrefois. «Au cours des 10 dernières années, comme les printemps ont été très chauds, on n'en a plus vraiment, assure Mme Napky. On peut manger dehors.»

Par ailleurs, les gens qui passeront leurs vacances à Montréal devront peut-être, quant à eux, avoir à partager leur pique-nique avec les guêpes, qui semblent raffoler des sandwichs... «Si l'hiver a été doux et qu'il y a eu beaucoup de neige pour protéger les larves, il se peut qu'il y ait plus de guêpes», dit Richard Vadeboncoeur.

Ainsi, à la lumière de ces informations, de quoi aura l'air le Québec des insectes piqueurs cet été? Le biologiste n'ose pas se prononcer. «Il est trop tôt pour faire des prédictions», estime-t-il.

Quatre groupes d'insectes

> Les moustiques

> Les mouches noires

> Les tabanides (frappe-à-bord)

> Les brûlots

Comment faire pour se protéger des insectes?

> Utiliser un répulsif, comme la citronnelle.

> Porter des vêtements clairs, longs et amples

> Dans des cas extrêmes, utiliser un filet de tête

Le cas de Mont-Tremblant

«Pas de requins. Pas de moustiques. Pas de soucis.» Voilà ce que l'on peut lire sur le site internet de Tourisme Mont-Tremblant. La municipalité des Laurentides procède depuis 2005, entre avril et septembre, au contrôle biologique des insectes piqueurs grâce à l'épandage d'un larvicide biologique. Ce traitement, qui ne serait pas nocif pour l'environnement, permettrait de diminuer de 90% la nuisance provoquée par les moustiques. «Nous sommes une région touristique et nous faisons ça pour le confort de nos invités et de nos citoyens», indique France Léonard, directrice des communications de la Ville de Mont-Tremblant.