D'une cabane à l'autre, les repas des sucres se ressemblent assez souvent. Or, certaines cabanes osent aussi innover. Voici cinq cabanes, choisies un peu partout dans le sud du Québec, de la plus traditionnelle... à la végétarienne!

SUCRERIE DES GALLANT

De la tarte au sucre sortie du verglas

Quand la tempête de verglas a touché le sud-ouest du Québec en 1998, elle n'a pas épargné la petite municipalité de Très-Saint-Rédempteur. À l'auberge Gallant, on n'a pu que constater les dégâts «incroyables» faits par le verglas aux 400 arpents boisés. Si, habituellement, les arbres morts devenaient du bois de chauffage, celui qui s'empilait allait servir à autre chose: faire une cabane à sucre pour mettre en valeur les produits de l'érablière.

C'est ainsi qu'est née en 2000 la Sucrerie des Gallant. «On a voulu profiter de son environnement. Je ne comprenais pas pourquoi, dans les autres cabanes, il n'y avait presque pas de fenêtres: le printemps, c'est une fête, on a réussi à survivre à l'hiver! On a mis des fenêtres tout le tour et fait un plafond cathédrale», explique la copropriétaire, Linda Gallant. De la salle à manger, les convives voient une parcelle de l'érablière de 10 000 entailles. De quoi rester pour prendre une deuxième portion de tarte au sucre, histoire de bien admirer le paysage... et de goûter bien comme il faut l'une des spécialités de la maison!

1160, ch. Saint-Henri, Très-Saint-Rédempteur, 450-459-4241 

Les prix varient, mais à titre indicatif, voici les prix des samedis et dimanches: Adultes: 25 $, 12-15 ans: 15 $, 5-11 ans: 10 $, 1-4 ans: 5 $.

SUCRERIE DU MONT BLEU

En train vers la mousse à l'érable!

Qu'est-ce qu'il y a de mieux que d'aller faire le plein de sirop à la cabane? Y aller en train! C'est ce que propose encore cette année l'Agence métropolitaine de transport avec son «escapade sucrée». De la Gare centrale de Montréal, le train puis l'autobus vous mèneront à la Sucrerie du mont Bleu, à Mirabel, où Louise et Gérard Renaud accueillent les visiteurs depuis 18 ans. «On a bâti cette cabane pour les enfants, pour le plaisir», dit Louise, qui insiste pour dire que, malgré les 340 places de la sucrerie, ce n'est pas «la grosse cabane commerciale». De fait, il y a encore de la famille derrière tout ça. À 81 ans, la mère de Louise Renaud est parfois derrière les fourneaux pour préparer des desserts. «Tous les desserts sont bons», jure la propriétaire, qui a toutefois un faible pour la mousse à l'érable, faite à partir de seulement deux ingrédients: des blancs d'oeufs et du sirop!

7792, rang de la Fresnière, Mirabel, 450-258-4405

Départs en train de Montréal les 23, 28, 30 mars et 4, 6 et 13 avril. Détails et tarifs à amt.qc.ca/escapadesentrain/sucree

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

De Montréal, on peut prendre le train pour aller à la Sucrerie du mont Bleu.

LA BELLE ÉPOQUE

La cabane centenaire

C'est dans sa «cabane toute croche» que Michel Gagnon, sergent-détective à la retraite, reçoit depuis 24 ans les amoureux de l'or doré. Non seulement les habitués ne s'en formalisent pas, mais ils ne voudraient pour rien au monde d'une cabane bien droite. «Les gens ne veulent pas que je la démolisse! Une partie de la cabane a 110 ans. Pour le reste, j'ai démoli des granges qui avaient plus de 100 ans et reconstruit l'intérieur avec ça. C'est ça qui fait le cachet», dit l'homme de 72 ans. Certains clients viennent y manger depuis les débuts et leur fidélité est récompensée: le sympathique propriétaire les appelle en janvier pour prendre leurs réservations! On y vient notamment pour les crêpes, bien gonflées. «Les gens capotent! Il y a un monsieur qui vient juste pour ça, il ne mange rien d'autre», dit Michel Gagnon. À 29 ans, sa fille Amélie, qui flâne dans la cabane depuis son enfance, est en cuisine et crée les petits plats, tout en préparant la relève.

792, rang Fleury, Saint-Bernard-de-Michaudville, 450-792-2031 

Adultes: 22 $ à 24 $, 7 à 12 ans: 10 $, 6 ans et moins: gratuit

AUX QUATRE FEUILLES

Plus près du resto que de la cabane

Le chef cuisinier Louis Tremblay officie aux Quatre Feuilles de Rougemont depuis près de 25 ans. Il met l'érable au menu pendant le temps des sucres depuis plusieurs années déjà. «Quand j'ai commencé, Martin Picard était encore au biberon», lance-t-il à la blague, en référence à la cabane à sucre acquise par le chef il y a quelques années. En plus des recettes traditionnelles de la cabane et d'un généreux comptoir à salades, le chef propose l'érable dans son saumon, dans son poulet et dans les côtes levées. «Les côtes levées à l'érable sont un gros succès. Elles cuisent au four pendant une heure et demie, puis on termine la cuisson avec une glace au sirop et à la gelée de pommes», explique le diplômé de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec. On ne va pas aux Quatre Feuilles pour «l'expérience» cabane à sucre: le sirop n'est pas produit sur place, il est plutôt acheté au voisin. Le restaurant est placé non loin de la route et on ne se sent pas tout à fait dans le bois. L'accueil est néanmoins chaleureux et les plus jeunes apprécieront la présence sur place de deux patientes animatrices qui maquillent les petites joues, lisent des histoires et organisent des jeux à l'extérieur.

360, rang de la Montagne, Rougemont, 1-800-263-3887 

Adultes: 26,95 $, 4 à 11 ans: 11,50 $

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Certaines parties de la cabane La belle époque ont été construites il y a plus de 100 ans.

LA PAUSE SYLVESTRE

Du tofu dans la cabane

Si vous courez à la cabane à sucre chaque printemps pour faire le plein de lard alé et de jambon, lisez ce qui suit avant de faire la route vers Dudswell, à une trentaine de minutes de Sherbrooke, vers East Angus. Depuis 13 ans, sans fanfareni trompette, Carole Bouthillette et Mario Tremblay revisitent le concept de la cabane à sucre en excluant toute viande de leur menu. «On a commencé en disant à la blague qu'on devrait faire des repas sans viande. On était végétariens et on se disait que cabane à sucre, ça rime avec jambon. Mais on a essayé!» explique la propriétaire. Depuis, leur cabane de 22 places accueille chaque année des adeptes de leur tarte aux fèves rouges, de la choucroute faite avec des choux de leur jardin, de leur omelette et des cornichons lactofermentés. Le sirop est présent sur les tables tout le long du repas, mais c'est surtout au dessert qu'on en verse sur les crêpes et les carrés sucrés. Après le repas, les enfants peuvent s'amuser en glissant sur une petite butte ou encore en se promenant dans l'érablière, où l'eau d'érable est ramassée à la main chaque printemps.

58, 11e Rang, Dudswell, 819-828-0049

Adultes: 30 $, 8 à 12 ans: 10 $, 2 à 7 ans: 5 $

PHOTO MAXIME PICARD, LA TRIBUNE

Les propriétaire de La pause sylvestre Carole Bouthillette et Mario Tremblay.