«Le visage de Québec est l'un des plus émouvants parmi les visages du monde.»

Au cours de sa vie, le poète Alain Grandbois a fait le tour du globe, visité les plus lointaines et les plus belles villes du monde. Mais aucune ne lui a laissé une impression semblable à celle de Québec et de la rue Sainte-Anne, où il a vécu en pension, jeune homme.

Dans ses chroniques présentées à la radio de Radio-Canada dans les années 70, le poète-voyageur y évoquait «une petite ville de pierres élevée pour des siècles, très belle, pleine d'arbres qui au printemps pointaient des feuilles d'un vert très vif, si prenant, que l'éclatante couleur des toiles d'un Gauguin, d'un Matisse ou d'un Van Gogh eût semblé terne devant ce miraculeux triomphe de la nature...»

Depuis 2008, Marie-Ève Sévigny offre aux amoureux de littérature de découvrir Québec à travers les mots des poètes et des écrivains. Ses promenades littéraires suivent les traces de Jacques Poulin, Chrystine Brouillet, Marie Laberge, mais aussi Albert Camus, Anne Hébert ou les nouveaux auteurs de romans policiers. Pendant deux heures, les «promeneux» (comme elle les appelle) découvrent des trésors cachés de la ville ou redécouvrent des coins plus connus par le beau bout de la lunette, celui de la fiction et de la poésie.

À chaque arrêt, la guide sort des textes de sa besace, qu'elle lit d'une voix douce et assurée. Parfois, elle glisse une information historique, y va d'une anecdote, mais la littérature reste le fil conducteur de ces balades. Ainsi, au milieu des touristes massés sur la terrasse Dufferin, elle cite un touriste peu ordinaire, Camus, qui raconte son passage devant la baie de Beauport dans son journal de 1946. Il évoque «ces hommes venus lutter dans la solitude, poussés par une force qui les dépassait».

«Québec est un prétexte pour faire découvrir des textes et des auteurs», lance celle qui a enseigné pendant sept ans la littérature au collégial. «En lisant Camus, on réalise l'extrême pouvoir d'inspiration de cette ville. Depuis Cartier, on n'a jamais arrêté d'écrire sur elle. On trouve ici un alliage unique entre la nature et la culture... Et tous les grands mouvements historiques qui ont touché la province sont passés par Québec, en raison de son statut de capitale.»

Huit parcours

Cette année, Marie-Éve Sévigny propose huit parcours, mais d'autres pourraient s'ajouter sous peu. L'an prochain, elle compte offrir une visite dans le quartier Saint-Sauveur, pour souligner le 20e anniversaire de la mort de l'auteur des Plouffe, Roger Lemelin. Une visite du quartier Limoilou, à travers les mots de Sylvain Lelièvre, figure aussi dans les projets à long terme.

Littérature policière dans le quartier Saint-Roch, découverte d'auteurs émergents le long de la rivière Saint-Charles ou immersion dans l'univers de Jacques Poulin... Peu importe le parcours, la guide jure qu'il n'est pas essentiel d'avoir lu les oeuvres pour apprécier ses flâneries littéraires. «Mais je garantis que les gens vont avoir le goût de les lire par la suite», dit-elle.

Elle s'assure d'ailleurs d'envoyer à chaque participant «sa liste de lectures obligatoires» par courriel après chaque balade...

Repères

-Les Promenades des écrivains ont lieu les samedis et dimanches, jusqu'au 30 octobre.

-Les groupes sont composés de 25 personnes maximum.

-L'activité a lieu beau temps, mauvais temps.

-Réservations obligatoires au 418-641-6797

-Tarifs: 15$ pour les adultes, 10$ pour les étudiants. Argent comptant seulement.

-Calendrier et informations: www.promenade-ecrivains.qc.ca