La météo est l'un des sujets de conversation préférés des Québécois. Normal puisqu'elle nous en fait voir de toutes les couleurs... Mais la météo est aussi le facteur déterminant dans la réussite d'une saison touristique, été comme hiver. Dans un contexte de réchauffement climatique évident, comment les intervenants de l'industrie québécoise du ski composent-ils avec une réalité qui ne les avantage pas au premier coup d'oeil?

«On n'a pas de boule de cristal pour connaître d'avance les conditions météorologiques. Alors, pour n'importe quel centre de ski, le secret d'une bonne gestion, c'est de s'adapter constamment à la météo. C'est notre quotidien, de s'ajuster», explique Pierre Raymond, directeur général de la montagne au Massif de Charlevoix.

Pas de neige, pas de problème

Début décembre, les principaux centres de ski ouvrent leurs portes. Bien sûr, la grande majorité a préalablement fabriqué de la neige à l'aide de systèmes d'enneigement. «Le fait qu'il n'y ait pas beaucoup de précipitations de neige, ce n'est pas un problème. La plupart des stations de ski sont dotées de systèmes d'enneigement performants. Et on peut dire que maintenant, avec la technologie qui a évolué, on produit vraiment de la neige. On se rapproche énormément du processus de formation des vrais cristaux de neige», explique Alexis Boyer-Lafontaine, directeur des affaires publiques à l'Association des stations de ski du Québec (ASSQ). Encore faut-il qu'il fasse assez froid (entre - 4 °C et - 5 °C maximum) et que le taux d'humidité soit bas pour fabriquer une belle neige.

En dépit des efforts des stations de ski pour se prémunir contre les aléas de la nature, la météo demeure un facteur clé dans le désir d'aller skier. En effet, les skieurs et les planchistes accordent beaucoup d'importance aux conditions météorologiques au moment de planifier leurs sorties. La majorité d'entre eux recherchent un froid modéré, des précipitations récentes et une journée ensoleillée.

Ainsi, s'il y a des écarts entre les prévisions des bulletins météo et la réalité, les conséquences sont fâcheuses pour les stations de ski, puisque 50 % des skieurs délaissent les pentes en dessous de - 20 °C. Aussi, le problème soulevé par la plupart des intervenants fait état du sensationnalisme dans les médias. «Si on annonce une vague de froid, on va beaucoup mettre l'emphase sur le fameux facteur de refroidissement éolien. Et si on annonce trois jours de pluie pour la fin de semaine, c'est toute l'industrie touristique qui s'en ressent. Bien souvent, la réalité se révèle être moins pire que les prévisions. C'est important pour les médias de ne pas trop exagérer sur le négatif. De notre côté, nous produisons deux fois par jour nos propres bulletins météo, qui se veulent le plus près possible de la réalité», affirme Pierre Raymond, du Massif.

Produit unique

«On ne voit pas l'augmentation des températures comme un problème. Au contraire, le Québec devrait miser sur le fait que nous sommes probablement le seul endroit en Amérique du Nord où il y a encore un «vrai» hiver. Nous avons un produit touristique hivernal unique, et un potentiel inexploité immense. Il y a véritablement, plus que n'importe où ailleurs, une culture hivernale au Québec, et les gens veulent faire du ski et veulent aller à la montagne», affirme Alexis Boyer-Lafontaine, en précisant que les abonnements de saison sont en constante progression.

Chaque geste compte

Si les stations de ski sont directement touchées par les changements climatiques, certaines ont décidé de faire leur part et de lutter contre le réchauffement de la planète. Dans le numéro de juin de Sommet, le journal de l'industrie québécoise des stations de ski, un article présente le programme «Coupe ton moteur», mis en place sur une base expérimentale par l'Association des stations de ski du Québec pour la saison 2009-2010. Ce programme visait à réduire le nombre de véhicules qui laissent tourner leur moteur au ralenti dans les zones d'embarquement et dans le stationnement des autobus. Il a contribué à réduire jusqu'à 55 % les émissions de gaz à effet de serre associées à la marche inutile au ralenti des véhicules, selon les résultats préliminaires.