Qu'est-ce qui explique l'engouement des Québécois pour la raquette? Les gènes de coureur des bois qui sommeillent en nous, la conscientisation sur l'importance de l'activité physique, la passion pour le plein air ou le faible coût que représente cette activité? La réponse: un peu de tout cela. Sans oublier un autre élément incontournable: l'accessibilité. Aujourd'hui, on peut littéralement marcher sur la neige partout au Québec.

La preuve: la Fédération québécoise de la marche (FQM) vient tout juste de publier Raquette et marche hivernale au Québec, un guide qui répertorie absolument toutes les destinations raquette de la province. Ce que l'on constate, c'est qu'entre la première édition de ce répertoire, publiée en 2006, et aujourd'hui, le nombre de kilomètres de sentiers consacrés à la raquette a crû de 48%! Même bond prodigieux pour les sentiers consacrés à la marche hivernale (sentiers damés ou déblayés ne nécessitant pas de raquette).

Résultat: on compte à ce jour 503 lieux de randonnée hivernale, répartis dans toutes les régions touristiques. Au total, 5266 km de sentiers de raquette sillonnent la province (l'équivalent de la distance New York-Las Vegas, aller-retour)!

Ce sont les Cantons-de-l'Est qui remportent la palme du plus important réseau, avec 664 km. Les régions de Lanaudière (494 km) et des Laurentides (486 km) suivent.

En ce qui concerne la marche hivernale, on recense 1414 km de sentiers, dont de nombreux sentiers urbains.

«On remarque que progressivement, les lieux de randonnée s'adaptent à la clientèle hivernale, ce qui ne se fait pas toujours sans heurts. Au début de la renaissance de la raquette (au milieu des années 90), plusieurs centres accueillaient des visiteurs en hiver sans toutefois posséder de toilettes fonctionnelles ni de refuges chauffés. Les plaintes fusaient!», affirme Daniel Pouplot, président-directeur général de la FQM.

Beaucoup de gestionnaires de sentiers apprennent à la dure qu'ouvrir l'hiver ne se fait pas en criant ciseau. «Les sentiers d'été doivent être adaptés pour la raquette. Il faut surélever les balises, sinon elles disparaissent sous la neige, et dégager les branches d'arbre en hauteur afin qu'elles n'accrochent pas les raquetteurs. Chose certaine: l'ouverture quatre saisons exige une planification», explique M. Pouplot.

La neige vierge en voie de disparition

Avec la popularité grandissante de la raquette vient un inconvénient: la belle poudreuse en sentier se raréfie. La pauvre, elle est constamment compactée par des centaines d'individus. «Pour contrer ce phénomène, plusieurs lieux créent des zones bien délimitées où les raquetteurs peuvent sortir des sentiers battus», dit Nicole Blondeau, responsable de la révision du guide.

Par exemple, on a créé l'an dernier, au parc national du Mont-Tremblant (secteur de la Pimbina) une zone dite de «raquette libre». Sauf que l'expérience n'a pas été très concluante. «On compte sur les doigts d'une main les gens qui s'aventurent hors-piste», dit Jean-François Boily, responsable du marketing au parc.

Entre le désir de marcher dans la poudreuse et la réalité, il y a toute une marge. «Il semble que les raquetteurs préfèrent parcourir plus de distance, quitte à marcher sur des sentiers bien damés, plutôt que se donner du trouble pour avancer dans la neige folle», ajoute M. Boily.

À travers cette offre mirobolante de lieux de randonnée, comment fait-on pour dénicher les meilleurs sentiers? Le petit truc de Mme Blondeau: regardez sur l'internet les activités des clubs de randonnée. «Ces gens-là connaissent les sentiers et tendent à revisiter les meilleurs», conclut-elle.

Raquette et marche hivernale est vendu en librairie, 22,95$.