Impensable de visiter Paris sans passer par la cathédrale Notre-Dame. Idem pour Londres et la cathédrale Saint-Paul.

Pourtant, plusieurs Montréalais n'ont jamais mis le pied dans l'édifice religieux le plus célèbre de la ville: l'oratoire Saint-Joseph. Côté monument, le gazon est toujours plus vert chez les voisins européens... À l'occasion de la canonisation du frère André, le moment est idéal pour aller visiter l'édifice réputé dans le monde entier.

Premier constat: on entend parler espagnol, créole et japonais au bas des marches que certains pèlerins grimpent encore à genoux. Certains visiteurs viennent pour prier; d'autres pour admirer l'édifice, tellement imposant qu'il pourrait contenir en entier - et sans forcer - Notre-Dame-de-Paris.

 

 

Photo: François Roy, La Presse

Vrai, l'architecture des années 50 se compare difficilement à celle du XIIe siècle. Mais les blocs de granit blond de la façade, l'architecture inspirée de la renaissance italienne, les verrières modernes racontant les grands moments de l'histoire canadienne sont autant de bonnes raisons d'arrêter chemin Queen-Mary pour gravir les 283 marches qui mènent au portique de la basilique.

C'est dans la chapelle votive, qui compte quelque 10 000 lampes et lampions, que la dévotion des pèlerins se fait sentir le plus vivement. Devant l'immense statue de saint Joseph, les centaines de flammes font briller le verre rouge et blanc. Tout autour, des centaines de cannes et de béquilles, abandonnées sur place par des malades guéris par les prières du frère André. Un spectacle étonnant, voire émouvant.

 

 

Photo: François Roy, La Presse

Autre incontournable: le coeur du religieux, conservé sous verre. C'est l'archevêque de Montréal, Mgr Georges Gauthier, qui avait demandé que l'organe soit ainsi préservé, selon une coutume venue de France et d'Italie. Cette pratique aurait honnêtement pu disparaître pour de bon: voir ce morceau de chair exposé a de quoi donner des frissons...

Le spectacle est plus inspirant de la terrasse sur le toit. Par temps clair, on voit jusqu'aux Laurentides et au lac Saint-Louis. C'est confirmé. L'Oratoire jouit du plus beau point de vue de tout le mont Royal. Surtout l'automne, quand la ville qui se déroule à l'infini est tachetée de rouge et d'orangé.

La plus belle découverte pour ceux qui ne sont jamais allés à l'Oratoire reste toutefois les jardins du chemin de la Croix. C'était le rêve du frère André, alors qu'il était portier au collège Notre-Dame, au pied de la montagne: ériger sur le mont Royal un lieu propice à la prière et la méditation.

Photo: François Roy, archives La Presse

Les statues sur le Chemin de Croix

Le religieux n'a pas vu le projet se réaliser de son vivant. Dommage. Car les jardins et les sculptures qui s'y dressent forment l'un des lieux les plus méditatifs de tout Montréal. Même le bruit de la ville, au loin, n'arrive pas à rompre le charme. Les statues de pierre et de marbre, crées par l'artiste Louis Parent et sculptées par Ercolo Barbieri, ajoutent à la sérénité.

Par beau temps, on pourrait passer des heures ici, à lire, à méditer. Peu importe ce à quoi on croit, ou pas...

Photo: François Roy, La Presse