Croisières AML est surtout connue pour ses croisières urbaines autour de Montréal et de Québec et ses croisières d'observation des baleines dans l'embouchure du Saguenay. Cette année, l'entreprise a opté pour un mariage de la ville et de la nature en lançant les croisières long parcours entre Montréal et Tadoussac. Le tout en s'inspirant du luxe d'une autre époque.

Embarquer à Montréal pour une croisière d'observation des baleines, le tout en admirant les coloris de l'automne et en dormant dans des hôtels prestigieux? Voilà ce que propose pour la première fois cet automne AML, importante entreprise de croisières excursions exploitant dix-huit navires dans neuf ports au Québec.

Ces séjours découverte de deux ou trois jours se conjuguent de quatre façons: soit de Montréal à Québec avec retour en train, ou de Québec à Tadoussac avec retour en autocar, ou encore de Québec à Montréal, avec aller en train et retour en bateau, et finalement de Montréal à Tadoussac (Séjour de rêve) avec retour en autocar. La nuitée est offerte dans les trois hôtels de la chaîne Fairmont, à Montréal, Québec et La Malbaie.

Avec ces croisières long parcours, Croisières AML veut fait revivre l'époque des «bateaux blancs», petits navires luxueux qui, au milieu du XIXe siècle, ont marqué le développement des croisières sur le Saint-Laurent et celui de la villégiature dans la région de Charlevoix.

Ces navires à vapeur puis à moteur exploités par la Richelieu&Ontario Navigation Company à partir de 1847, puis par la Canada Steamship Lines dès 1913, partaient de Montréal et de Québec avec à leur bord des voyageurs nantis en provenance de partout en Amérique du Nord. Ces derniers débarquaient au quai de Pointe-au-Pic, dans Charlevoix, et logeaient dans le grand manoir que la Richelieu&Ontario avait fait construire en 1899 sur un imposant terrain dominant le fleuve.

L'époque des bateaux blancs (qui a pris fin à l'été de 1966) est également celle où la bourgeoisie anglophone se faisait construire de somptueuses villas d'été à Murray Bay pour profiter du charme de cette région sauvage.

Le navire de Croisières AML n'a peut-être pas le luxe de ces bateaux blancs, mais il permet à ses passagers de refaire le chemin des anciens, et de goûter à la vie de château dans des hôtels où sont descendus les grands de ce monde.



Photo: Ivanoh Demers, La Presse

L'île de Montréal, vue de Varennes, sur la Rive-Sud.

Tout le monde à bord!

Après une nuit au Fairmont Le Reine Elizabeth, en plein centre-ville de Montréal, une navette nous conduit tôt le matin au quai King-Edward, dans le Vieux-Port, où nous attend Le Cavalier Maxim.

Nous sommes accueillis par un comédien qui incarne Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve. Jusqu'à Tadoussac, il commentera la croisière, faits historiques et anecdotes à l'appui. Il nous fera connaître les îles, les villes et villages qui bordent le fleuve, nous parlera des personnages importants qui ont façonné ses rives et nous présentera les navires rencontrés sur le fleuve, qu'il s'agisse de navires de croisières, de pétroliers, de porte-conteneurs ou autres.

Sur le pont supérieur, nous regardons Montréal s'évanouir peu à peu dans la brume matinale alors que notre navire fend les eaux du grand fleuve, que les Amérindiens nommaient le «chemin qui marche».

Le Saint-Laurent ne serait digne de ce nom sans ses îles, que nous croisons, les amarres à peine larguées: l'archipel des îles de Boucherville avec ses 12 îles, dont cinq forment un parc national, cède la place aux petites îles de Verchères, à l'île Bouchard et à l'île Ronde avec son vignoble...

Le navire longe le chemin du Roy sur la rive nord, qui fut, dès 1737, le premier chemin bordant le fleuve entre Montréal et Québec et la première route carrossable au Canada. Puis, voilà les îles de Berthier qui, avec celles de Sorel, sur la rive sud, forment l'archipel du lac Saint-Pierre. Constitué de 103 îles, cet archipel, le plus important du Saint-Laurent, est classé Réserve mondiale de la Biosphère par l'UNESCO.

Il abrite la plus grosse héronnière en Amérique du Nord. Nous passons sous le pont Laviolette, à Trois-Rivières, et devant le cap Charles à Deschaillons. Nous passons ensuite les rapides Richelieu, croisons Portneuf sur la rive nord et le domaine Joly de Lotbinière sur la rive sud... Dans les salles à manger du navire, on s'amuse: black jack, défilé de mode, animation...

Et voilà un véritable coup de coeur lorsque, après être passés sous les ponts de Québec, nous voyons le fleuve se rétrécir et apercevons à l'horizon la tour du Château Frontenac. Oui, un coup de coeur que de voir du fleuve ce château dominant le cap Diamant, devant la partie la plus étroite du Saint-Laurent. Et nous aurons droit à une nuit de rêve dans cet hôtel élégant et raffiné qui, autrefois, accueillait les voyageurs du chemin de fer Canadien Pacifique.

Le lendemain, après l'île d'Orléans, terre de Félix Leclerc, que nous longeons du côté sud, nous rencontrons l'archipel de L'Isle-aux-Grues, avec ses 21 îles et îlots qui s'égrènent à la surface de l'eau, le cap Tourmente, qui attend l'arrivée des oies des neiges, le massif de la Petite-Rivière-Saint-François, Baie-Saint-Paul avec sa large baie devant laquelle se profile la magnifique île aux Coudres.

Le navire s'enfonce dans un horizon qui s'élargit. Et voilà le fameux Manoir Richelieu qui domine le fleuve, telle une sentinelle. Le capitaine Éric ralentit le navire pour la pause photo puis reprend son rythme.

En attendant le repas dans la salle à manger vitrée, où défilent les plus beaux paysages de Charlevoix, les passagers dansent en ligne sur la musique tonitruante de YMCA... Et un ange passe devant le paisible village des Éboulements. Le chansonnier prend la relève au repas: Marie-Lon-Lon-Lé... Marie-Lon-Lon... Lé.

Salués par les bélugas

Vite, terminons le café, pour retrouver l'air du large sur le pont supérieur et contempler le grand fleuve qui se noie dans l'immensité du ciel. Dieu que c'est beau! Nous sommes salués par quelques bélugas qui illuminent la surface de l'eau de petites taches blanches. Déjà, le bleu du ciel et celui du fleuve commencent à se confondre et nous voyons se dessiner à l'horizon la petite île Rouge avec son phare, ainsi que la toupie du Haut-Fond-Prince...

Et nous voilà arrivés à l'embouchure du Saguenay où le fleuve prend des allures de mer et où se croisent eaux douces et eaux salées. De petits bateaux de croisière et des canots pneumatiques surveillent le souffle des baleines. Nous en verrons quelques-unes sortir leur dos hors de l'eau.

Au soleil baissant, le Cavalier Maxim passe devant l'hôtel Tadoussac, coiffé de sa toiture rouge, et entre dans le colossal fjord du Saguenay, pour s'amarrer au quai de Baie-Sainte-Catherine, d'où le retour se fait en autocar jusqu'au Manoir Richelieu.

La soirée sera agrémentée d'une petite virée au casino et d'une baignade dans la piscine de l'hôtel. Le lendemain matin, dans la salle à manger vitrée, nous saluons une dernière fois le grand fleuve.

Prochaine et dernière croisière en 2010: 9, 10 et 11 octobre. Infos: www.croisieresaml.com 1-800-563-4643

Photo: Sylvie Ruel, Le Soleil

Le Cavalier Maxim amarré au quai de Québec.