Pourquoi aller à Saint-Élie-de-Caxton, un petit village d'à peine 1000 habitants, qui a vu mourir sa dernière usine à bois il y a cinq ans, avec ses huit rues, une église, un cimetière, et une montagne baptisée Calvaire ? Demandez aux 25 000 personnes qui y passent chaque année, pour voir...

Visiblement, les histoires de Fred Pellerin, sa «menterie joyeuse», comme il dit, ont touché une corde qui résonne toujours. «C'est un petit village comme il en existe plein d'autres, reconnaît son plus fier ambassadeur. Mais on a trouvé un point qui raccroche tout le monde. Notre patrimoine, c'est le conte oral.»Parce qu'à Saint-Élie, «tout le monde a tout le temps eu la fibre très jaseuse. Le monde parle. Il y a une façon de commenter le réel très particulière à Saint-Élie. Moi, j'ai beaucoup bu tout ça, et j'ai voulu redonner une noblesse à ça». Et sa démarche fonctionne. «Les gens, à entendre nos histoires, se sont mis à vouloir savoir si c'était vrai ou pas.»

Alors, y a-t-il vraiment des lutins et des fées qui s'écrasent sur les pare-brises le soir ? Chose certaine, si vous faites un tour du côté du cimetière, derrière l'église, Fred Pellerin le garantit : «Si vous voulez vérifier la véracité de mes dires, tous mes personnages sont là.» Même la sorcière, le curé au nez en l'air et, bien sûr, Babine, le fou du village ?

Face à l'enthousiasme des curieux, les habitants de Saint-Élie-de-Caxton ont mis sur pied des promenades animées, à pied ou en tracteur, été comme hiver, pour faire le tour des lieux «importants» du coin. «C'est drôle. Un peu comme une parodie des calèches du Vieux-Québec. Mais nous, on n'a pas de fortifications. Et nos vieilles maisons ne sont pas vieilles, vieilles !» Vrai, mais ici, entre la caisse pop, le garage et la maison du coiffeur pousse un arbre à paparmanes et traversent des lutins. Pittoresque, vous dites ?

Mais ne vous méprenez pas, il n'y a pas que de la jasette, ici. Quoique les perrons soient toujours très animés («Il n'est pas rare de voir Maurice Gendron jaser avec du monde qu'il ne connaît ni d'Ève ni d'Adam, en se berçant sur sa galerie»). Il y a aussi toutes sortes d'activités, de spectacles et de projets divers. «C'est un village très dynamique, assure Fred Pellerin. Je crois qu'il y a le taux de croissance le plus élevé du Québec ! On a un boulanger flambant neuf, plein de jeunes familles. Les femmes tombent enceinte, à Saint-Élie. Ça bouge !»

Le Saint-Élie de Fred Pellerin

1 La boulangerie En passant, qui fait 24 sortes de pains. «On est 1000, et il fait 24 sortes de pains ! Et ça marche !»

Dans l'ancien magasin général des Gendron, 2380, rue Principale.

2 Une balade dans le Calvaire (45 minutes environ), pour admirer la superbe vue

sur le village. Derrière l'église.

3 Les galeries, pour piquer une petite jasette avec un habitant du coin.

4 En cas de rage de crème glacée, deux lieux à ne pas manquer : La petite molle à Réjean (2531, rue Principale) et Le marchand de glace (2380, rue Principale).

5 Et si vous voulez voir et surtout entendre Fred Pellerin, ne ratez pas Les bizouneries,

où il sera en spectacle tout le mois de juillet.

Dans l'ancienne usine à poufs, 4091, route des Lacs.