Florent Vollant est profondément attaché, enraciné et associé à la Côte-Nord, mais il est né à 10 heures de train de là, au Labrador. «Je suis arrivé à Maliotenam à 5 ou 6 ans. C'était pour l'école, raconte le chanteur montagnais. Le pensionnat nous prenait quasiment aux couches. C'est jeune pour partir de chez tes parents. C'était un choc terrible.»

La réserve de Maliotenam est située pas très loin de Sept-Îles. C'est aussi devenu la terre d'adoption des parents de Florent Vollant, qui sont venus rejoindre leur fils, ses frères et ses soeurs, des années plus tard. «Nous avons été des réfugiés économiques, raconte l'auteur-compositeur-interprète. Il y avait un gros développement minier sur le territoire qu'on occupait au Labrador. Le lac où l'on prenait notre eau a été contaminé.»Le père de Florent Vollant, un chasseur-trappeur jusque dans l'âme, est donc devenu un minier. «Ç'a l'a rouillé en dedans. J'ai vu mon père faire un métier qu'il n'aimait pas. Il connaissait son ancien territoire, il était utile et il en était fier.»

Les Vollant n'ont pas pris beaucoup de temps à apprivoiser Maliotenam. «J'ai grandi là et je me suis fait des repères, indique Florent Vollant. En descendant au bord du fleuve, j'ai réussi à retrouver l'immensité que j'avais au Labrador. Le fleuve, c'est un appel à la liberté. Devant ça, tu te retrouves, t'as de l'espace.»

À 50 ans et avec cinq enfants, Florent Vollant passe aujourd'hui la plus grande partie de son temps dans la communauté de 1500 personnes de Maliotenam. «J'ai construit ma maison où mes parents ont eu leur première maison», explique le chanteur.

«De sa fenêtre», il voit la maison de son ami Claude McKenzie, avec qui il a fondé le groupe Kashtin. Tous les jours, il «descend» au bord du fleuve. «Je ne vois jamais la même chose», dit-il. La lumière, ce que ça peut faire... Le soleil, les nuages, le ciel. Ce sont des manifestations naturelles. Il y a une pureté là-dedans et une force que je respecte. Quand il fait -40 °, tu respectes. Ma mère me l'a toujours dit : tu n'es pas plus grand que ça.»

Florent Vollant a mis sur pied à Maliotenam un studio d'enregistrement qui est aussi une maison de formation et de création pour les jeunes musiciens autochtones. Il est aussi derrière le festival Innu Nikamu, qui existe depuis 1984, et qui se déroulera du 5 au 8 août cette année.

Le chanteur a habité pendant 10 ans à Montréal, où sa carrière d'artiste le mène encore souvent. La route 138, il la connaît par coeur. «Rendu l'autre bord de Tadoussac, là, c'est chez nous. Tassez-vous, c'est moi qui chauffe !» lance-t-il.

Après Baie-Comeau, il y a des «falaises vertigineuses». À Baie-Trinité, «c'est reposant». Puis il y a Port-Cartier, où il capte les ondes de la radio de Maliotenam et où il est à 45 minutes «pile» de chez lui.

«Je suis un nomade, mais mon camp de base, c'est Maliotenam», conclut Florent Vollant.

La Côte-Nord de Florent Vollant

1 Le café-théâtre Graffiti à Port-Cartier : «Aller voir et faire des shows là,

c'est très cool.»

2 Les chutes Manitou : «C'est puissant et magnifique».

3 La pointe de la rivière Moisie : «L'un des plus gros saumons au monde, c'est là qui passe. Je sais, je l'ai vu. Le levée de lune de juillet-août, c'est orange feu.»

4 La poissonnerie Fortier & Frères, à Sept-Îles : Pour le «meilleur crabe des neiges au monde», puis pour les crevettes et les capelans qui arrivent «au mois de mai avec la vague».

5 Le festival Innu Nikamu : Des artistes autochtones sont à l'affiche d'un événement familial qui a lieu à la première fin de semaine du mois d'août depuis 25 ans.