Les jeunes sont, dit-on, complètement déconnectés de la nature. Les Américains ont même inventé une expression pour décrire ce phénomène: le nature-deficit disorder et, selon des recherches très poussées, il paraît que c'est très grave. Comme remède à cette maladie du XXIe siècle, la SEPAQ a eu une idée du tonnerre: dépêcher ses garde-parcs dans les écoles du Québec. Si les jeunes ne vont pas vers la nature, c'est la nature qui vient à eux!

Dans leur chic costume brun, les garde-parcs tentent, au moyen de cartes, de photos, de vidéos et d'animaux naturalisés, d'intéresser les élèves du secondaire aux milieux naturels. Mise en place depuis septembre dernier, cette initiative de Parcs Québec s'intègre au programme de géographie des élèves de première secondaire, dont un volet concerne les territoires protégés.

 

«Lors de nos recherches, on a constaté que les professeurs en univers social (c'est comme cela qu'on appelle les professeurs de géographie-histoire en cette ère de réforme) utilisaient, pour illustrer des exemples de parcs nationaux, des territoires lointains, comme les îles Galapagos ou le parc national de Banff, alors qu'il existe une panoplie d'exemples de parcs nationaux ici même au Québec», explique Denise Mondou, coordonnatrice à l'éducation à Parcs Québec.

Dans le but de changer la donne, la filiale Parcs Québec de la SEPAQ a donc conçu un programme destiné aux écoles secondaires. En plus de fournir du matériel pédagogique, il inclut la visite d'un garde-parc pour une période de 75 minutes. Celui-ci y va d'une présentation de l'histoire générale des parcs nationaux et de leurs objectifs (protéger un échantillon représentatif d'une région naturelle), en plus de brosser un tableau de la mission, des attraits et des espèces vedettes d'un parc national de leur région.

Martine Bourdages, enseignante en univers social à l'école secondaire Jacques-Rousseau de Longueuil, est emballée par cette initiative qu'elle a eu la chance de tester. «Ça répond parfaitement à nos besoins, car nous ne sommes pas des spécialistes en territoire protégé. De plus, lorsque l'on reçoit quelqu'un de l'extérieur, surtout quelqu'un qui joue son rôle de garde-parc, ça allume les élèves», raconte-t-elle.

Ce qui captive les jeunes, c'est l'expérience personnelle des garde-parcs. «Ça les change des présentations plus pédagogiques auxquelles ils sont habitués», ajoute l'enseignante. Et même si la plupart des élèves connaissaient le parc national du Mont-Saint-Bruno, le garde-parc a réussi à leur faire comprendre toute la complexité et toute l'importance de cet îlot de nature en milieu urbain.

Après la présentation en classe, Parcs Québec fournit des exercices qui prolongent l'enseignement de cette matière sur plusieurs périodes. Avec les notions acquises, les élèves travaillent en équipe à la mise en place d'un parc national fictif, en prenant en considération les contraintes de zonage et en planifiant l'aménagement des différentes infrastructures. De longs débats en perspective, ce qui valorise, dit le guide de l'enseignant, les compétences transversales (eh oui!).

«À court terme, notre objectif est d'encourager les jeunes à découvrir nos richesses naturelles et à visiter nos territoires protégés. À plus long terme, on souhaite faire naître des vocations», conclut Mme Mondou. À quand un programme pour le primaire et les garderies?