Si la mi-carême aide à chasser l'hiver à l'Isle-aux-Grues, c'est l'arrivée des grandes volées d'oiseaux qui y marque pour de bon l'arrivée du printemps.

Situé au coeur du Saint-Laurent, l'archipel sert d'halte migratoire pour des dizaines d'espèces d'oiseaux. Plusieurs îles sont privées et les oiseaux peuvent y nidifier sans crainte d'être dérangés. Ce n'est pas un hasard si les ornithologues passent dans le coin avec la même régularité que les oies blanches.

 

Dans l'Isle-aux-Grues, deux sites sont particulièrement prisés par les amateurs de bêtes à plumes. Autour du chemin de la Batture, d'abord, qui relie à marée basse l'Isle-aux-Grues et l'Isle-aux-Oies. Et surtout, la réserve naturelle Jean-Paul-Riopelle, dans le parc de conservation de la Pointe-aux-Pins.

Autrefois terrain privé, ce parc de 48 hectares est devenu en juin 2007 un espace protégé. Une quinzaine d'espèces de plantes menacées y poussent et on y a identifié près de 225 espèces d'oiseaux. Presque deux fois plus que le nombre de résidants permanents!

Et dans le lot, pas de grues (ou si peu). Les Français qui ont donné son nom à l'île ont confondu grues et hérons...

Gina Vézina, d'une famille gruoise depuis plusieurs générations, vient souvent marcher dans le parc de la pointe. Le sentier de 2,4 km traverse une érablière tricentenaire, passe par une cabane à sucre antique avant d'aboutir sur la côte. Le spectacle y est saisissant, avec ses glaces échouées sur la grève et le cap Tourmente qui se dessine au loin.

«Les gens viennent dans l'île pour profiter de la tranquillité, du silence... Il faut savoir apprécier un coucher de soleil quand on vit ici», dit Mme Vézina.

La vie des insulaires suscite bien des questions chez les touristes. Ici, rien ne fonctionne comme sur le continent. Les enfants vont à l'école à Montmagny en avion. L'hiver, on ne peut sortir de l'île que par la voie des airs. Et l'endroit ne compte qu'un dépanneur; aucune épicerie ni guichet automatique.

Étouffant? «Pas du tout. On peut sortir quand on veut. Il suffit d'appeler Air Montmagny», insiste Mme Vézina.

La quiétude des lieux a sans doute inspiré le peintre et Gruois d'adoption Jean-Paul Riopelle. L'été prochain, un parcours d'interprétation, consacré au célèbre peintre, sera aménagé. Une dizaine de panneaux seront aussi installés ce printemps dans le parc de la Pointe-aux-Pins afin de faire découvrir aux visiteurs les raretés de l'endroit.

Rendez-vous avec les oiseaux

La mi-carême étant passée, les résidants entrevoient déjà les prochaines festivités: le rendez-vous de l'ornithologie, du 22 au 24 mai.

Pendant tout un week-end, ornithologues, visiteurs et Gruois participeront à une foule d'activités: excursions en kayak, expositions d'oeuvres d'art, conférences, randonnées en compagnie de spécialistes...