«L'époque où l'Hôtel de glace était perçu comme une attraction pour les touristes étrangers est révolue. L'Hôtel est devenu une tradition hivernale pour les Québécois, qui viennent y chercher de l'émerveillement.»
Quand Jacques Desbois a eu l'idée un peu folle de construire un Hôtel de glace au parc de la Chute-Montmorency, en 2000, il lui a fallu convaincre beaucoup de sceptiques. Surtout parmi ses concitoyens.
«Les gens disaient: je ne vais pas payer pour aller dormir dans un banc de neige! Même pour les simples visites, le défi était énorme. De l'extérieur, l'Hôtel a l'air d'une grosse congère, avec des murs épais, sans décoration ni fioriture. Un peu comme un igloo. Il le faut pour durer de janvier à avril. Ce n'est pas le cas des façades de glace comme celle du palais du Carnaval de Québec. Chez nous, le spectacle est à l'intérieur. Il fallait convaincre les gens d'entrer...»
Aujourd'hui, l'hôtel est installé à la station touristique de Duchesnay, à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. En 10 ans, sa superficie est passée de 10 000 à 35 000 pieds carrés. Et sa réputation n'est plus à faire. Ni sur la scène internationale ni au Québec. On ne compte que deux hôtels du genre au monde et l'autre est enfoui dans un petit village de Laponie, à Jukkasjärvi...
«Pour les Québécois, l'Hôtel de glace réinvente l'hiver. Chaque année, on doit se dépasser sur le plan esthétique pour pouvoir les surprendre.»
Cet hiver, les artisans sculpteurs ont réussi un tour de force avec les 15 000 tonnes de neige et 500 tonnes de glace mis à leur disposition. La chapelle est d'une beauté de conte de fées. Le hall, avec son immense lustre de glace, scintille. La glissade de glace, haute de 3 m, rappelle avec brio une chaîne de montagnes enneigées...
Un igloo de 7,6 m de haut et de 12 m de diamètre a de plus été ajouté pour souligner le 10e anniversaire de l'hôtel. «L'igloo, c'est l'ancêtre direct de l'hôtel», note M. Desbois. Des projections vidéo et une petite exposition sur le monde inuit y sont présentées. Plusieurs conférences et activités sont aussi prévues jusqu'à la fin du mois de mars.
Célébrer la nordicité
«L'hôtel, c'est plus que des murs de neige et de glace; c'est un excellent véhicule de promotion de la nordicité. L'Arctique a façonné notre société et c'est important pour nous de sensibiliser les visiteurs au respect de l'environnement et aux changements climatiques. Le Grand Nord est plus près qu'on le pense.»
L'igloo ne reviendra sans doute pas l'hiver prochain, du moins pas dans sa forme actuelle. Les visiteurs doivent rester sur le qui-vive... Mais le fondateur de l'Hôtel de glace souhaite qu'un espace et des activités célébrant la nordicité reviennent année après année.
Une fois les murs et le reste fondus, Jacques Desbois devra se pencher sur un autre dossier: l'emplacement de l'Hôtel de glace. Le contrat avec la station Duchesnay arrive à échéance. «Nous devons réfléchir à ce que nous souhaitons pour les prochaines années. Ici, nous sommes coincés entre le lac et un stationnement; nous avons atteint notre limite d'expansion. Mais l'achalandage est en progression, tant pour les nuitées que pour les visites. Cet hiver, nous avons déjà un taux d'occupation de 70%, le meilleur de notre histoire. Dans un monde idéal, on voudrait avoir 50 chambres et suites.»
«Pourquoi même ne pas penser à étendre certaines activités de l'hôtel à l'année, pour permettre aux visiteurs de vivre l'expérience de la nordicité en saison estivale? On pourrait leur faire comprendre qu'il existe un hiver, qu'il est magnifique et qu'ils vont le rater s'ils ne viennent qu'en été!»
REPÈRES
> Ouverture: tous les jours, de 10h à minuit, jusqu'au 4 avril.
> Tarifs des visites: adultes 16$, enfants 8$ pour les visites de jour (de 10h à 20h); adultes 12$, enfants 6$, entre 20h et minuit.
> Tarifs d'hébergement: à partir de 219$ par personne incluant la visite guidée, un cocktail, l'équipement pour la nuit, l'accès aux spas et au sauna dans la cour intérieure et le petit-déjeuner.
> Nombre de chambres: 36 dont 15 suites, pour une capacité d'accueil de 88 personnes par nuit.
> Les clients ont accès aux chambres à 21h et doivent quitter les lieux avant 8h30
> Repas: petit-déjeuner américain offert au bistro-bar le Quatre-Temps de l'Auberge Duchesnay (brunch le dimanche). Menu à la carte et table d'hôte pour le midi et le soir.
> Activités: l'Hôtel de glace offre des forfaits avec excursions en traîneaux à chiens ou en motoneige. La station touristique Duchesnay dispose aussi d'un spa nordique, de 79 km de sentiers de ski de fond et de 20 km de sentiers de raquette.
ÉVÉNEMENT
> Du 11 au 14 février: Nordicité québécoise
> Du 11 février au 7 mars: festival Arts et vie nordiques
ON AIME
Les suites aux décors et aux ambiances très différentes. Mes coups de coeur: le Temple grec aux allures de ruines romantiques ou celle aux murs fleuris, baignée dans un éclairage rosé. Et le sommeil? Une fois bien emmitouflée dans mon sac de couchage (et vêtue de vêtements légers... en laine et en polar!), j'ai dormi comme un bébé... La base du lit, en glace, est couverte d'une planche de bois, d'un matelas et d'un drap en polar. Une chandelle est aussi allumée pour chasser un peu l'humidité.
ON AIME MOINS
Les prix pour la nuitée sont élevés et le service n'est pas à l'avenant. Au pavillon Talik, destiné aux clients en nuitée, le personnel de la réception n'a été ni accueillant ni très aidant lors de mon passage. Impossible d'avoir de l'information sur les sentiers de ski de fond ou de raquette. Rien d'autre pour me réchauffer qu'un infect café de machine. Personne n'a pris la peine de demander comment s'était déroulée ma nuitée (à -5 degrés, la question se pose). À près de 500$ par couple pour une nuit, ces petits détails font une grande différence. Et pourquoi ne pas avoir un vrai préposé aux nuitées qui pourrait, au besoin, venir aider les clients à boucler les trois velcros, les deux bandes élastiques et la fermeture-éclair du sac de couchage d'expédition?