«Il faut être malade mental pour exercer ce métier-là», affirme en rigolant Linda Gallant, propriétaire de l'Auberge des Gallant. Ce métier-là, c'est celui d'aubergiste en région au Québec.

Effectivement, il faut avoir la couenne dure pour continuer et réussir en hôtellerie à l'extérieur des grands centres, tant les défis sont immenses, les saisons courtes, la météo imprévisible et la concurrence, féroce. L'une des raisons qui font que ces gens-là poursuivent leur travail, c'est leur association au réseau Hôtellerie champêtre, qui fêtera son 20e anniversaire en 2010. En plus de fournir une panoplie de services à ses membres et de mettre leurs ressources de marketing en commun, Hôtellerie champêtre sert de club social aux hôteliers et aubergistes indépendants. «On échange des idées et des informations, ce qui nous permet d'être toujours au-devant des tendances», affirme Mme Gallant, membre fondatrice de ce réseau unique au Québec, qui regroupe aujourd'hui 26 établissements répartis dans 12 régions touristiques du Québec. L'Auberge du lac Taureau, le Baluchon et l'Auberge du lac à l'Eau-Claire font partie de la liste.

Petit retour en arrière. C'est Québec, par le truchement du ministère du Tourisme, qui a encouragé ce regroupement. À l'époque, le gouvernement cherchait un moyen de promouvoir les établissements hôteliers régionaux sur le marché international. «Le Québec possédait alors la réputation d'être une destination de bas de gamme. On voulait changer cette image en mettant en valeur les établissements luxueux situés à l'extérieur des grands axes routiers», rappelle Mme Gallant.

L'objectif premier était de s'attaquer au marché international. Vingt ans plus tard, mission accomplie, disent aujourd'hui les membres. «La clientèle internationale remplit mes chambres aux mois de septembre et d'octobre. C'est un apport très précieux qui me permet de prolonger la saison touristique», dit Claude Dufour, propriétaire de l'Auberge des Peupliers, dans Charlevoix. En faisant cavalier seul, cet aubergiste ne pourrait connaître le même succès, pense-t-il. «Mon taux d'occupation dépasse largement la moyenne régionale, et je le dois à mon appartenance au réseau. Nos efforts collectifs de promotion à l'étranger rapportent des bénéfices», ajoute-t-il.

Pour être membre d'Hôtellerie champêtre, il faut respecter des standards de qualité (trois étoiles minimum), offrir la restauration complète (petit-déjeuner, dîner et souper) et proposer de multiples activités in situ, en plus d'être situé dans un environnement enchanteur. Les établissements en milieu urbain, qu'on intègre au réseau pour les besoins des tours opérateurs, n'ont pas à remplir toutes ces conditions.

«On cherche une standardisation de la qualité des services, mais nous sommes complètement contre l'uniformisation. Chaque établissement membre doit conserver sa couleur. Pour les consommateurs, ça veut dire que chaque séjour chez l'un de nos membres s'avère une nouvelle expérience», explique Syvie Baril, directrice du réseau depuis 2007.

Deux initiatives d'Hôtellerie champêtre sont des succès : les cartes-cadeaux valides dans tous les établissements membres (il s'en vend pour 2 millions de dollars chaque année) et le programme de fidélisation, de type Air Miles, dont les points sont échangeables contre des prestations. Ces deux produits permettent de faire concurrence aux grandes chaînes hôtelières.

La réservation en ligne, sur le site d'Hôtellerie champêtre, constitue une autre force du réseau. «Pour les Américains, cet outil permet de lever une barrière, celle de la langue, qui les bloquait parce qu'ils craignaient de se faire mal comprendre en réservant au téléphone», a constaté au fil des ans Mme Gallant. L'appartenance à un réseau solidement implanté permet aussi de rassurer nos voisins du Sud, qui ont l'habitude des bannières.

Défis

Quels sont les défis à venir pour Hôtellerie champêtre? Étendre le réseau à la grandeur du Québec. «Nous sommes encore absents en région éloignée. Par exemple, nous n'avons aucun membre dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie», déplore Mme Baril. Il faut également innover. Un des projets en cours est de mettre sur pied une certification «cuisine du terroir».

En ce qui concerne les membres, ils doivent travailler constamment à l'amélioration de leur produit. «Ce n'est pas parce que nous sommes en région que nous pouvons nous permettre de prendre du retard par rapport à la concurrence urbaine. Par exemple, la mode est aux grandes salles de bains. Nous n'avons pas le choix de suivre la tendance, même si nos taux d'occupation sont moindres qu'en ville», affirme Mme Gallant.

Pour souligner ses 20 ans, Hôtellerie champêtre vient de lancer une promotion offrant 20 % de rabais sur la deuxième nuit d'hébergement, chez la majorité des membres. Mais d'autres offres alléchantes sont à venir. «Nous avons l'intention de gâter nos clients», conclut Mme Baril.

Soyez à l'affût !

www.hotelleriechampetre.com