Au douanier qui lui demande, alors qu'il rentre de vacances en France, s'il a quelques kilogrammes de foie gras dans ses bagages, Jean Soulard répond: «Mais jamais de la vie: aujourd'hui, nous faisons du meilleur foie gras au Québec!»

Cette anecdote est tirée du spectacle que le chef du Fairmont Château Frontenac donne tous les samedis matin de novembre dans le salon Jacques-Cartier de l'hôtel emblématique de la Vieille Capitale.

 

Même si la prestation est intitulée Démonstration culinaire, même si cet auteur d'une demi-douzaine de livres de recettes y détaille, démonstration à l'appui, celles qui composeront le menu de Noël du Château, c'est bien d'un spectacle qu'il s'agit. Celui qui règne en maître sur la brigade des cuisines (une soixantaine de personnes) du Château Frontenac, depuis 1993, pourrait en montrer à plus d'un humoriste en matière de présence, de trait d'esprit et de réparties.

Il répond aux nombreuses questions qui fusent du public («Quelle est la différence entre un fumet de poisson et un court bouillon?), il dispense des conseils («Les poêles Tefal, c'est pratique, mais ça ne garde pas les sucs de cuisson qui confèrent tant de goût à une sauce!») et il se répand en digressions passionnantes, en retrouvant toujours le fil de sa démonstration.

Ce spectacle, donc, est une des activités inscrites au programme des forfaits «Noël en novembre» que le Château Frontenac commercialise tous les week-ends pendant le mois le plus morose de l'année, qui est aussi celui durant lequel les hôtels voient leur taux d'occupation plonger au ras des pâquerettes.

«Et cela fonctionne: nous en avons vendu plus d'une centaine, alors que nous n'avons pas fait d'autre publicité que celle qui figure sur le site Amisduchateau.ca», dit Geneviève Parent, directrice des relations publiques de l'établissement. Les activités au programme du samedi comprennent aussi une causerie de Jean Leblond, producteur de petits légumes rares (radis valentines, mini-fenouils, mini-ravioles, bettes à carde) qui garnissent les assiettes de plusieurs tables gastronomiques du Québec, une conférence sur les accords mets-vins, des dégustations de chocolat artisanal, un atelier où l'on apprend à confectionner des couronnes de Noël, etc.

Le week-end dernier, quelque 400 chambres sur les 618 que compte le Château avaient été louées. Il faut dire que les promotions du 116e anniversaire y avaient également contribué. Comme cette offre à 116$ par nuit pour une chambre. Ou ce repas gastronomique au restaurant Le Champlain à 116$ pour deux, une bouteille de vin comprise!

«C'est la première année que nous organisons Noël en novembre, dit Geneviève Parent. Mais nous avons d'autres idées pour l'an prochain: il y aura plus d'ateliers de chefs, et ils débuteront le vendredi soir.»

Une excellente idée, car l'atelier culinaire animé par Jean Soulard débordait: il a fallu ajouter des chaises.