Soyez aux aguets! Le meilleur moment de l'année pour contempler les animaux dans leur habitat sauvage, c'est l'automne. Les cétacés, les cervidés et la gent ailée se donnent alors en spectacle, au plus grand plaisir des amoureux de la faune. Voici quelques attraits, à plumes, à poils ou à écailles, qui valent le déplacement.

Eh non! ce n'est pas uniquement parce que les arbres se déshabillent qu'on peut plus aisément voir nos amis de la forêt. C'est qu'à l'approche de l'hiver, les animaux passent en mode actif, comme l'orignal, qui entre en période de rut. Alors qu'en été, on a autant de chances de voir le roi de nos forêts que de gagner à la loterie, à l'automne, la probabilité d'un face-à-face quintuple.

 

«Durant cette période, les mâles cessent de s'alimenter pour se consacrer exclusivement à la reproduction. Ils pourchassent alors sans relâche les femelles, ce qui augmente la possibilité de les surprendre», explique Nathalie Rivard, responsable du service de la conservation et de l'éducation au parc national de la Jacques-Cartier.

C'est le moment ou jamais de s'émerveiller devant un mâle arborant fièrement son panache, car le reste de l'année, les représentants du sexe fort demeurent invisibles, contrairement aux femelles et aux petits, qui s'approchent davantage des humains.

Pour l'occasion, le parc de la Jacques-Cartier organise, jusqu'au 12 octobre, son Safari à l'orignal, qui comprend l'explication du mode de vie, de l'habitat et, si la chance vous sourit, l'observation de la bête. On peut aussi observer l'orignal dans tous les territoires protégés du Québec. Ailleurs, faites gaffe, c'est la période de la chasse!

Espèce emblématique du parc national de la Gaspésie, les caribous entrent aussi dans la saison des amours. À partir de septembre, ces cervidés se regroupent sur les hauts plateaux dénudés des Chic-Chocs, où l'on peut assister au rituel de la reproduction. «C'est très impressionnant, car les mâles dominants y défendent leur harem», explique Claude Isabel, responsable du service de la conservation et de l'éducation au parc national de la Gaspésie.

Les sites d'observation: les sommets des monts Jacques-Cartier, Xalibu et Albert. Toutefois, vous avez jusqu'au 1er octobre pour vous y rendre. Ensuite, on bloque l'accès aux sentiers afin de ne pas nuire à la reproduction: le caribou de la Gaspésie est une espèce menacée, qui compte moins de 200 représentants.

Vols vers le Sud

Quant aux oiseaux, ce n'est pas «le rut, le rut, le rut», comme le chantait Georges Brassens dans Le bulletin de santé, qui les tenaille. Ils entament plutôt leur migration automnale vers les territoires où le soleil brille 12 mois par année. Si le spectacle des oies des neiges sur les battures du Saint-Laurent est spectaculaire mais archiconnu, celui de la migration des rapaces l'est moins. Dans la région de Tadoussac, on observe, entre la fin août et novembre, la migration d'environ 16 000 oiseaux de proie, de 13 espèces différentes.

En plus des oiseaux carnivores, la grande diversité des habitats de la Haute-Côte-Nord (marais salés, forêt boréale et estuaire) permet à l'ornithologue de noircir des pages et des pages de son carnet d'observation. Pascal Côté, directeur de l'Observatoire d'oiseaux de Tadoussac (OOT), n'hésite pas à qualifier ce village de la Côte-Nord de paradis ornithologique.

Les passionnés de la faune aviaire peuvent participer, à titre d'observateurs, au travail de baguage des nyctales, petites chouettes nocturnes que l'on capture à l'aide de filets japonais, dans le cadre d'une activité de recherche réalisée par les experts de l'OOT jusqu'au 12 octobre. Plus au sud, les oiseaux de proie voleront également la vedette ce week-end au parc du Mont-Saint-Bruno.

Plus de baleines que jamais

Chaque année, Patrice Corbeil, directeur du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins (GREMM), s'étonne. Alors que commence, début septembre, la plus forte concentration de baleines à la tête du chenal laurentien, au large de Tadoussac, les touristes se mettent à déserter la région. Autrement dit, ils quittent le navire quand le spectacle de ces géants des mers atteint son apogée!

«Plus on avance dans la saison, plus la nourriture abonde, à l'embouchure du Saguenay, et plus il y a de baleines. Qui plus est, l'observateur profite d'une meilleure vue, car la fraîcheur diminue l'évaporation de l'eau», explique M. Corbeil. Si les dernières croisières se terminent à la fin octobre, faute de demande, les baleines, elles, bravent le froid et nagent dans les eaux du Saint-Laurent jusqu'en novembre. Qu'il y ait des touristes ou non!

Si nous en avons déjà plein la vue sur terre, au ciel et sur mer, on peut aussi en voir de toutes les couleurs dans les eaux de nos rivières. Dans le parc national de la Gaspésie, à quelques encablures du gîte du Mont-Albert, on peut admirer, dans la rivière Sainte-Anne, une frayère où s'accouplent les saumons!

«L'eau est si limpide qu'on voit les femelles creuser dans le gravier pour y déposer leurs oeufs, tandis que les mâles tournoient aux alentours», affirme M. Isabel. Un autre spectacle surprenant à voir vers la mi-octobre dans toutes les rivières à saumon du Québec. Les gestionnaires des rivières peuvent vous indiquer les meilleurs endroits.

Pour plus d'informations:

> Safari à l'orignal, jusqu'au 12 octobre, au parc national de la Jacques-Cartier: sepaq.com/pq/jac/fr

> Observation du caribou, jusqu'au 1er octobre, au parc national de la Gaspésie: sepaq.com/pq/gas/fr

> Laissez-vous charmer par les nyctales, jusqu'au 11 octobre: explos-nature.qc.ca/oot

>Sur la migration des baleines: baleinesendirect.net

> Sur les gestionnaires de rivières à saumon du Québec: saumonquebec.com