Enfant, l'image que je me faisais du paradis ressemblait beaucoup aux publicités du Parc Safari. Les girafes qui venaient manger dans la main, les zèbres qui s'approchaient si près qu'on pouvait les caresser. J'en ai rêvé sans jamais pouvoir y aller. Trente ans plus tard, j'ai décidé qu'il était temps de comparer la réalité à mes rêves de petite fille.

Accompagnée de mes neveux Kevin, 8 ans, et Léa, 4 ans, j'ai pris la direction d'Hemmingford avec dans le coffre, cinq livres de carottes, un pied de céleri et tout le tralala nécessaire pour une journée en famille.

Premier arrêt une fois les guérites passées: l'enclos de Limba. Depuis quatre ans, l'éléphante de 46 ans offre son vaste dos aux visiteurs pour une petite balade. Les enfants sont survoltés de pouvoir approcher et caresser l'imposante pachyderme. Nous sommes ses premiers clients de la journée et Limba manifeste sa joie en faisait claquer sa langue dans la bouche.

«Elle vous aime bien», lance son entraîneur, Robert Crawford, qui comprend chacun de ses cris, de ses gestes. La trompe levée, elle exige sa ration de jujubes (Limba a la dent sucrée). Elle signale qu'une mouche lui pique les oreilles en soufflant fort de sa trompe. Robert Crawford n'a qu'à se hisser sur le bout des pieds pour tuer l'insecte.

Traitée aux petits soins, la Limba? Et comment! «C'est ma meilleure amie. On est ensemble 24 heures par jour. Quand il y a des orages, je dors dans mon sac de couchage, juste à côté d'elle, pour la rassurer. Elle m'a déjà réveillé en pleine nuit pour me prévenir que quelqu'un essayait de s'introduire dans le parc. Les intrus ont eu une sacrée surprise en me voyant arriver avec un éléphant!»

Le parc Safari est un des trois seuls parcs zoologiques au Canada à offrir des promenades à dos d'éléphant. Trop court (on voudrait rester des heures à contempler le paysage de là-haut), chaque tour peut accueillir quatre passagers assis à califourchon. Prix de la micro-balade de deux minutes: 7 $ par personne.

Toutefois, c'est pour son Safari Aventure que le parc d'Hemmingford est reconnu. Le chemin asphalté permet aux visiteurs de s'approcher et de nourrir plus de 800 animaux sans sortir de la voiture. Trop dangereux pour les essuie-glaces et les antennes des autos, les singes ont été chassés depuis longtemps. N'empêche, le parcours n'est pas sans risque.

Des gens choisissent de s'asseoir dans la boîte ouverte de leur camionnette ou carrément dans le coffre ouvert de leur berline. Très peu pour moi. Je suis trop heureuse de pouvoir refermer les fenêtres quand un bison de 100 kg décide de passer sa tête dans la voiture.

En 70 minutes, on a réussi à transformer la voiture en véritable foutoir (les bancs sont couverts de feuilles de céleri, de terre et de bave de source non identifiable). Tant pis, on a ri comme des fous... et on a eu peur. Juste assez.

Un conseil pour le Safari Aventure: arrivez pour l'ouverture, à 10 h, ou attendez la fin de la journée pour éviter la longue file de voitures qui se suivent pare-chocs à pare-chocs. En haute saison, le parc reste ouvert jusqu'à 19 h, mais la billetterie ferme deux heures plus tôt.

Notre expérience zoologique ne serait pas complète sans les fauves (dont trois magnifiques lions blancs débarqués ici en juin 2008), les singes, les ours. Je réalise vite que j'ai oublié un élément important pour le succès de la journée: les bananes. Les chimpanzés me le font vite savoir: ils tendent carrément la main. Que ces singes ne soient pas obèses relève du miracle...

Mon verdict après cette journée au paradis de mes 6 ans? L'adulte que je suis devenue a vu des fissures dans son rêve d'enfant. Les manèges antédiluviens et grinçants, les piscines un peu tristounettes en pleine mode des piscines à vagues, les animaux gavés aux carottes (et tellement dénaturés qu'ils viennent presque s'asseoir au volant.)

Mais les rois de la journée, eux, sont heureux. Exténués, mais heureux. Leur journée s'est déroulée exactement comme dans leurs rêves...