Les phares gardent le Saint-Laurent, certains depuis près de deux siècles. En bordure du fleuve ou dans des îles, ils sont encore aujourd'hui 43 à défier le temps. Parmi eux, une dizaine peuvent être visités.

Avant l'avènement d'outils technologiques, le fleuve Saint-Laurent était un cours d'eau difficile à naviguer. Les marées et les écueils avaient tôt fait de rendre la vie difficile aux marins. Les phares étaient donc indispensables.

 

La dizaine d'entre eux qui sont ouverts au public comptent parmi les plus accessibles. Ils se trouvent soit en bordure du fleuve, sur la rive nord ou la rive sud, ou encore dans les îles qui parsèment le cours d'eau.

Chacun est différent, que ce soit par sa forme, sa hauteur ou les matériaux utilisés pour le construire, qu'il s'agisse de bois, de pierre ou de béton. C'est d'ailleurs là un atout des phares. «Ils sont tous uniques, puisque leur architecture est inspirée du lieu où ils ont été bâtis. Chaque phare a sa personnalité et son histoire. Ils permettent aussi de rappeler un métier disparu, celui de gardien de phare. Certains vivaient complètement isolés», rappelle Serge Guay, vice-président de la Corporation des gestionnaires de phares et directeur général du site historique maritime de Pointe-au-Père, à Rimouski.

Le tout premier phare du Saint-Laurent à avoir été construit est celui de l'île Verte. Il fête d'ailleurs cette année son 200e anniversaire. Dans cet endroit où le fleuve devient moins profond, la brume est omniprésente. Les maisons du phare ont été transformées en gîte. Cette île, la seule habitée du Bas-Saint-Laurent, peut être visitée. Des bateaux font la navette chaque jour pendant l'été.

À Pointe-au-Père aussi, c'est année de fête. Le phare a maintenant 100 ans. Il s'agit du troisième à avoir été construit sur ce même emplacement, les deux premiers, en bois, ayant pris feu. «La grande tour est en béton armé et il est situé presque à la hauteur de l'eau, car il n'y a pas de falaise. Il y avait une station de pilotage ici. À partir de Rimouski, le courant est plus fort, les marées sont amplifiées par l'étroitesse du fleuve et il y a des récifs et des îles», dit M. Guay.

Les bateaux s'arrêtaient à Pointe-au-Père pour y embarquer un pilote, qui les guidait dans leurs manoeuvres sur le fleuve.

Ça vaut le coup de faire la tournée des phares, ou à tout le moins de jeter un oeil à ceux qu'on croise au cours de nos vacances. Sur la Côte-Nord, ils sont plus difficiles d'accès. Par contre, le long du fleuve, en Gaspésie, il est relativement facile de les voir. Il y a notamment celui de Matane, dans lequel loge le bureau touristique. Ou encore le petit phare de Pointe-à-la-Renommée, qui a beaucoup voyagé pour revenir sur les lieux de la première station radio maritime en Amérique du Nord. En 1977, le phare a été déménagé à Québec. Il a été rapatrié sur les lieux en 1997. Plus loin, à Cap-des-Rosiers, se tient toujours bien droit face à l'océan le plus haut phare du Canada. «Il devait être visible de très loin pour que les bateaux qui venaient de l'océan sachent qu'ils atteignaient la terre», dit M. Guay.

Dans plusieurs cas, grimper au sommet permet d'obtenir une belle vue en surplomb des environs.

Aujourd'hui, les phares ont perdu de leur utilité. «Ils étaient des points de repère. En les voyant, on savait qu'il y avait des courants ou des récifs submergés. Chacun avait un code lumineux. Aujourd'hui, les technologies ont permis d'avoir des repères beaucoup plus précis», rappelle M. Guay.

Partie intégrante des beaux paysages maritimes, ce patrimoine est maintenant le témoin d'une époque aujourd'hui révolue.

Pour en savoir plus

www.routedesphares.qc.ca