Ceux qui fréquentent la région d'Oka et de Saint-Joseph-du-Lac pendant la saison des pommes le savent: derrière l'enfilade de concessionnaires automobiles et de quincailleries qui bordent l'autoroute 640 se cache une nature foisonnante et généreuse.

Ce que ces gens savent peut-être moins, c'est que le coin se donne des airs de jardin d'Éden bien avant l'apparition des premières mcintosh. Les cyclistes gardent d'ailleurs jalousement le secret: les routes comptent parmi les plus belles autour de Montréal. Un réseau cyclable balisé, La Vagabonde, relie Saint-Eustache et Saint-Placide, mais on peut aisément faire son propre itinéraire. Juste assez vallonnées pour garder éveillé, les routes traversent ce décor champêtre et croisent des dizaines d'entreprises agrotouristiques qui sont autant d'invitations à des pauses gourmandes. Jus de pomme fraîchement pressées ici, fromage du pays là-bas, cretons à l'autruche plus loin. Il y a de quoi bien garnir le panier à pique-nique.Et au début du mois de juin, les paysages n'ont rien à envier aux décors de la vallée de l'Okanagan ou du Niagara. Les pétales blancs et rosés des pommiers recouvrent le sol d'un plancher odorant, mêlés aux samares des érables (nous sommes aussi au pays du sirop). C'est le moment où les abeilles se roulent dans le pollen. Et où les champs commencent à verdir.

Chez Pure Lavande, les fleurs bleutées ne sortiront pas longtemps avant la Saint-Jean-Baptiste, mais la toute nouvelle boutique a ouvert ses portes le 21 mai. Et quelle boutique! Une maison du début du XVIIIe siècle, déménagée de Sainte-Hénédine, en Beauce, et reconstruite morceau par morceau selon le plan d'origine sur le chemin Fresnière à Saint-Eustache, sert d'écrin aux savons et produits de bain confectionnés ici.

Nancie Ferron et Daniel Joannette, deux anciens journalistes de TQS, se sont lancés dans la culture de cette plante qu'on croit à tort exclusivement provençale. «En fait, la lavande pousse dans plusieurs pays, notamment en Angleterre», explique Florence Ferron, fille de la propriétaire qui accueille les clients. «C'est une culture polyvalente, qui a besoin d'un sol drainé et de beaucoup de soleil. On compte maintenant 75 000 plants et tout est fait à la main, désherbage compris.»

Lorsque les champs seront en fleurs - «de la Saint-Jean à la troisième semaine de juillet, puis de la mi-août à la mi-septembre pour la seconde floraison» -, le public sera invité à venir rêvasser sur des chaises Adirondack, pique-niquer ou même peindre au milieu des effluves de lavande.

«On veut créer un espace de calme et de détente, explique Florence Ferron. Il n'y aura pas de visites guidées proprement dites, mais des guides seront dans les champs pour répondre aux questions.» Le prix d'entrée pour cette visite pourra être en partie remboursé par l'achat en boutique.

Un peu plus à l'ouest sur le chemin Fresnière, à Saint-Benoît, c'est le miel et tous ses dérivés qui sont à l'honneur. Chez Intermiel, une quinzaine d'apiculteurs exploitent 3000 ruches. L'entreprise familiale fondée en 1976 fait aussi de l'hydromel, du cidre de glace à partir de ses vergers et du sirop d'érable. Dans la boutique, les produits se comptent par centaines. Certains sont fabriqués sur place, d'autres non. Mais plusieurs peuvent être dégustés gratuitement. Miel de pommier, ganache au chocolat noir et miel, hydromel aux framboises, liqueur à l'érable et aux bleuets...

Les propriétaires, Christian et Viviane Macle, ont tous deux pris leur retraite des salles de classe, mais ont gardé la passion de l'enseignement. Intermiel compte une salle éducative qui ferait pâlir d'envie bien des musées. Le public peut voir les abeilles à l'oeuvre dans des ruches de verre et s'exercer à trouver la reine, entourée de sa cour. Les plus chanceux pourront même enfiler l'uniforme de l'apiculteur pour aller récolter le miel. Trois visites quotidiennes sont proposées pendant l'été et les lieux sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Pour les familles, nombre de producteurs et restaurants comptent des fermettes où on peut caresser moutons, chèvres naines et autres lapins. Les activités s'intensifient dès le début du congé scolaire, mais plusieurs vergers, vignobles et autre entreprises agrotouristiques sont déjà ouvertes pendant le week-end.

Pour la liste complète - et costaude - des entreprises agrotouristiques de la région: www.basseslaurentides.com.