«Je veux voir des paillettes, des sequins, des plumes!» hurle l'actrice américaine Lily Tomlin en encourageant les participants aux festivités du Mardi gras gai et lesbien de Sydney, qui est devenu l'un des événements les plus touristiques d'Australie.

Lancées en 1978 pour défendre les droits des homosexuels, hors-la-loi à l'époque, ces festivités attirent aujourd'hui de nombreux fêtards et curieux, dont des milliers d'étrangers, et rapportent 21 millions d'euros à l'île-continent.

La parade, clou des festivités qui se sont étalées du 19 février au 6 mars, est connue pour les costumes extravagants des 8500 participants, déguisés en motards harnachés de cuir, en anges, en meneuses de claque, arborant mini-shorts ou cote de maille.

Cette année, le 5 mars, certains étaient habillés en jeunes mariés pour militer pour le mariage homosexuel, non reconnu en Australie. «C'est accueillant, sympa, divertissant et un peu irrévérencieux», explique Michael Rolick, directeur général du Sydney Gay and Lesbian Mardi Gras.

L'événement est devenu une vraie entreprise, mettant en avant des célébrités - Lily Tomlin cette année, l'acteur britannique Rupert Everett en 2007- et ne coïncide pas avec les dates du Mardi gras, période festive qui dans les pays chrétiens précède le mercredi des Cendres, qui ouvre les 40 jours du carême.

Le festival en plein été austral est une attraction touristique, comme l'opéra ou les feux d'artifice du Nouvel An dans la baie de Sydney. Il avait attiré 22 000 visiteurs l'an dernier.

«Il n'y a pas tant de fêtes gaies nocturnes, en été, et qui ont le soutien des autorités», explique Michael Rolick.

Des autorités qui voient d'un bon oeil la manne du «dollar rose», ceux qui viennent à Sydney pour le Mardi gras dépensant plus qu'un touriste moyen, rapportant à la ville 30 millions de dollars australiens (21,3 millions d'euros) par an.

40% des visiteurs étrangers viennent des États-Unis et de Grande-Bretagne, suivis de la Nouvelle-Zélande et des pays d'Europe occidentale. «Le nombre de touristes d'Asie commence à augmenter», relève Michael Rolick.

Tiffany's Show Pattaya, un spectacle de cabaret de travestis et transsexuels venu de Thaïlande, fermait la marche. «Nous en parlions depuis des années», a déclaré le directeur artistique du groupe, Ken Smith, expliquant que le Mardi gras australien est aussi connu en Thaïlande.

À ses débuts en 1978, le Mardi gras était une manifestation pour les droits des homosexuels. Réprimée, elle a ouvert la voie à la légalisation de l'homosexualité en 1984 dans l'État de Sydney. Selon Rolick, la fête a contribué à maintenir la cohésion de la communauté homosexuelle dans les années suivantes, marquées par la propagation du sida.

En 2011, elle est utilisée comme une tribune pour défendre la cause du mariage homosexuel. «Ce défilé est un micro pour ce que la communauté veut dire», explique Rolick. «Si vous regardez la parade au cours des années, on a commencé par dire: «nous sommes égaux, nous ne sommes pas des criminels», puis «ne nous stigmatisez pas à cause du sida».

Ensuite on a réclamé l'abaissement de l'âge de consentement et aujourd'hui il s'agit de demander le droit au mariage», explique Rolick. Cette année, la marche arborait une effigie géante du premier ministre travailliste Julia Gillard, en robe de mariée. Elle est devenue une cible des militants homosexuels depuis que, célibataire elle-même, elle a indiqué qu'elle ne concevait le mariage qu'entre un homme et une femme.