Les Turcs adorent les enfants. Et les enfants se souviendront de la Turquie toute leur vie. Garanti. Qu'ils rêvent de nager, d'explorer grottes et tunnels ou carrément la «lune», le pays des sultans titillera merveilleusement leur imagination.

Six raisons d'amener les Enfants

1. DES BAIGNADES MAGIQUES

Les flots turcs ont inspiré le nom d'une couleur: turquoise. On comprend vite pourquoi lorsqu'on plonge en bas d'une gulet (mot turc dérivé du français goélette, pour désigner de magnifiques voiliers d'excursion). Mais c'est surtout à Cirali, un petit village de la Méditerranée cerné de montagnes, que les familles sont reines. Ici, on est loin du clinquant. Les vacanciers se déplacent à pied et à vélo sous les lauriers-roses. Et la plage est si tranquille que des tortues viennent y pondre.

À Pamukkale, à l'intérieur des terres, il faut se lever tôt ou se coucher tard pour échapper aux autres touristes. Mais on ne le regrette pas. L'eau qui jaillit du sol est bleu ciel et chaude, et elle remplit d'étranges bassins de carbonate de calcium accrochés à flanc de montagne. La même eau alimente la piscine sacrée de l'ancienne cité d'Hierapolis, où l'on glisse au-dessus de colonnes millénaires.

2. DES HÉROS ET DES MONSTRES

Les monstres, dieux et héros de la mythologie n'ont rien à envier aux superhéros modernes. Et pour le plus grand bonheur des enfants, ils sont immortalisés dans toute la Turquie. Artemis et son arc. Méduse à la chevelure de serpents. Chimère à la tête de lion plantée sur un corps de chèvre. Ce dernier monstre étant réputé cracher du feu comme un dragon, il a donné son nom aux flammes éternelles qui brûlent encore près de Cirali. On y accède à la brunante, au prix d'une montée un peu ardue, mais fascinante. Certains visiteurs s'y font griller un repas !

Pour pimenter d'autres visites de ruines et des musées, il suffit d'incarner le personnage de son choix, de partir à sa recherche et d'accumuler un point pour chaque découverte. De nombreux livres sur la mythologie sont destinés aux enfants.

3. BEAUCOUP DE SUCRE!

Après avoir patiemment suivi leurs parents sans se lamenter, les petits gourmands voudront être récompensés en loukoums, ces petits cubes en gel d'amidon saupoudrés de sucre. À moins qu'ils ne préfèrent les baklavas dégoulinants de miel (qui n'ont rien à envier à ceux des Grecs). Ou mieux encore, cette drôle de crème glacée «élastique», faite avec du mastic - une sorte de résine qui lui permet de s'étirer comme de la tire Sainte-Catherine. Les marchands se transforment en magiciens et taquinent allègrement les enfants en faisant virevolter des cornets indécollables sous leur nez.

4. DU SOLEIL

Aucun risque de rester coincé dans sa chambre. Ici, l'été, on oublie la pluie! Partout, le petit déjeuner s'avale en plein air, même à Istanbul, où des milliers de toits ont été transformés en terrasse. En milieu de journée, par contre, le soleil se révèle brûlant. Chapeau, casquette et crème solaire sont absolument indispensables. Certains Turcs jugent même bon de protéger leur voiture et la recouvrant d'un tapis...

5. UN VOYAGE DANS LE TEMPS

À Cirali, on peut pénétrer dans l'ancienne cité d'Olympos en maillot, puisqu'elle se cache au bout de la plage. Ses tombeaux et ses mosaïques y sont étranglés par les lianes et les racines. Les enfants peuvent même y jouer aux explorateurs en remontant un ruisseau glacial. À Éphèse, on se sent carrément propulsés dans un film historique. La bibliothèque de Celsius se dresse sur deux étages. Les avenues portent encore la trace des torches qui l'illuminaient. Les latrines - où les hommes venaient discuter de politique - sont intactes. Et le couloir aux lions mène toujours à l'amphithéâtre... Pour motiver les plus petits, organisez un safari afin de repérer des félins moins dangereux, les chats, qui somnolent par dizaines au milieu des ruines.

6. PRIX DOUX

Même si la Turquie est plus éloignée - et beaucoup plus exotique - , il ne coûte pas plus cher de s'y rendre que d'aller en Europe. Ses vols intérieurs permettent ensuite de voir beaucoup de pays en peu de temps, pour seulement quelques dizaines de dollars par personne, par vol d'une ou deux heures. L'hôtel est aussi plus abordable qu'en Europe, d'autant plus qu'un petit déjeuner est presque toujours compris dans le prix de la chambre. Comme à l'hôtel Niles d'Istanbul, bien coté et bien situé sans être ruineux. De petits établissements offrent même des soupers maison, simples mais succulents.

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Pour réserver des vols intérieurs, consultez ce site utilisé par les Turcs: www.aerobillet.net

Consultez le site de l'hôtel Niles: www.hotelniles.com

Circuit classique à Cappadoce

Un décor digne de Star Wars pour les uns. La surface de la lune pour les autres. Ou encore, un repaire de dragons... En Cappadoce, l'imagination s'emballe devant des paysages uniques au monde. Pour tout voir à son rythme, il faut louer une voiture. C'est beaucoup plus agréable - et économique - que d'additionner les tours en autocar. Les habitants roulent vite, mais les routes, bien pavées, sont quasi désertes.

ITINÉRAIRE

De Göreme à Pasabag: 6,3 km (8 min)

De Göreme à Avanos: 10 km (13 min)

D'Avanos à Pasabag: 7,9 km (11 min)

De Pasabag à Zelve: 1 km (1 min)

De Zelve à Uchisar: 6,3 km (8 min)

ARRÊT 1

Musée en plein air de Göreme

Il y a des millions d'années, des volcans ont recouvert  la Cappadoce de lave et de roche tendre. L'eau et le vent y ont sculpté des formes incroyables, dans lesquelles les hommes ont creusé des villages. Au Musée en plein air, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, des chapelles de 1000 ans recèlent des squelettes, des fresques, des tables sculptés dans le roc et des niches pour lampes à l'huile - que les enfants prendront pour des nids de dragon. Le musée est situé à 1,5 km du village du même nom, très touristique, qui offre plusieurs options pour se ravitailler ou dormir.

ARRÊT 2

Pasabag (Les « vignes Du pacha »)

À 6 km de Göreme, Pasabag réunit les spectaculaires « cheminées » de fée qui, selon la légende, abritaient ces créatures capables de jeter des sorts. Dans les faits, ce sont plutôt des ermites qui ont creusé les troncs de ces drôles de champignons de roc (dont certains à trois têtes). Aujourd'hui, les commerçants attendent  les visiteurs de pied ferme, avec leurs chameaux et leurs babioles. Pour se restaurer, mieux vaut faire un détour de 8 km jusqu'à Avanos, au bord d'une rivière qui alimente les potiers en glaise. 

ARRÊT 3

Musée en plein air de Zelve

À un petit kilomètre de Pasabag, le Musée de Zelve s'étend sur trois vallées couvertes d'arbres et de broussailles. Ici, le roc est rouge plutôt que blanc. 

De larges escaliers faciles à gravir - et même un tunnel - permettent de découvrir un village entier: des cavernes et des chapelles, des étables, une mosquée, une meule pour le blé et un rocher qui, vu d'en haut, ressemble  au Sphinx. Les premiers chrétiens s'y sont installés au IXsiècle, mais depuis 1952, c'est un village fantôme.

ARRÊT 4

Uchisar

Une belle récompense attend les énergiques capables de gravir la forteresse d'Uchisar au coucher du soleil. Au sommet, les oiseaux jouent avec le vent et la région se déploie dans toute sa splendeur. La montée n'est pas trop escarpée, mais gardez les petits à l'oeil, puisque les garde-fous ne semblent pas à toute épreuve. En redescendant, le village sera joliment illuminé. Si la fatigue l'emporte, mieux vaut admirer le spectacle  en barbotant dans la piscine-poisson de l'hôtel Kaya. 

Gratuit pour les 5-6 ans. Sur réservation.

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uchisarkayaotel.com

PHOTO MARIE-CLAUDE MALBOEUF, LA PRESSE

Pasabag

Lavez, lavez...

Voir ses parents transformés en bonshommes de mousse par un masseur impitoyable, qui les frictionne avec force et leur rince les cheveux à grande eau... Douce revanche pour les enfants prêts à vivre avec eux une expérience ancestrale: celle du bain turc.

Encore aujourd'hui, les femmes et les hommes ne devraient jamais se croiser au hammam. Mais celui de la mosquée de Soliman le Magnifique fait exception; c'est le seul d'Istanbul à recevoir les familles. Un accroc à la tradition qui vaut le détour.

Construit à flanc de colline en 1557 par le célèbre architecte Mimar Sinan, le hammam se cache derrière une porte discrète. À l'entrée, un salon bordé de coussins et de tapis. À l'étage, le long d'une galerie, une série de cabines aux portes sculptées.

À moins d'avoir apporté leur propre maillot, les hommes en ressortent vêtus d'un pagne à carreaux, et les femmes, d'un short et d'un haut de bikini assortis. Chacun doit ensuite enfiler une paire de sabots.

Entre les huit colonnes de marbre de la chambre chaude, les bruits sont diffus, tout comme la lumière qui filtre d'un dôme majestueux. La plateforme centrale, elle, est brûlante, et l'air, étouffant. Si la fournaise à bois fonctionne à plein régime, la température peut frôler les 60 degrés Celsius. Les enfants évitent les coups de chaleur en remplissant leurs bols d'eau glaciale (elle coule de nombreux robinets), pour asperger leurs parents ou chasser le savon qui s'enfuit dans des rigoles.

Après de 30 à 45 minutes, les masseurs se chargent de réveiller les clients alanguis. Dans une alcôve, ils les enduisent de mousse savonneuse, les exfolient et les massent - vigoureusement! Tout en prenant soin d'asperger en riant les autres membres de la famille.

L'expérience se termine par une douche finale - en privé. À la sortie, on se fait enrober la tête dans des serviettes, comme des Touaregs. Ainsi accoutrés, il est possible de boire une douceur, en observant une toile montrant les clientes dénudées de l'époque - si, par miracle, on n'a pas les paupières déjà lourdes de sommeil.

40 euros par personne  (moins pour les enfants qui se contentent d'accompagner leurs parents sans se faire laver et masser). 

Gratuit pour les 5-6 ans. Sur réservation.

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suleymaniyehamami.com.tr