Devant une concurrence mondiale dans le secteur touristique de plus en plus forte, la Suisse cherche à conquérir de nouveaux marchés et se tourne notamment vers le Brésil, dont le nombre de voyageurs est en constante augmentation.

«Mais en fait la neige, c'est froid!», s'exclame Paulo Veloso après avoir sauté dans la neige fraîche dont il vient faire la découverte à la station hivernale de St Moritz (ouest). La trentaine passée, ce musicien fait partie d'un fameux groupe de samba de Rio de Janeiro invité par l'organisme Suisse Tourisme dont l'ambition est de vanter les mérites du pays dans un marché en forte expansion.

En 2013, plus de 206 000 nuitées ont été générées par 86 529 Brésiliens en Suisse, soit une augmentation constante de 15% par an depuis 2005.

Si ces chiffres paraissent encore loin des 1,2 million de visiteurs en France l'an dernier, Suisse Tourisme considère ce pays comme «un marché stratégique» à très fort potentiel, selon sa porte-parole Véronique Kanel.

L'organisme a estimé le nombre de Brésiliens pouvant être attirés par son offre de sports d'hiver à 350 000 skieurs.

Ambassadeurs au Brésil 

«La Suisse constitue la 8e destination en Europe pour les Brésiliens actuellement. Notre objectif est d'atteindre le top 5 d'ici fin 2016», indique Adrien Grenier, à la tête de la délégation de trois personnes de Suisse Tourisme basée à Sao Paulo pour conquérir le marché brésilien.

D'autant plus que ces touristes rapportent: en moyenne, un Brésilien en vacances en Suisse, dont la durée de séjour avoisine les 2,4 jours, dépense 200 francs par jour (198 euros), soit deux fois plus qu'un Allemand.

«Notre pays est connu pour ses infrastructures, sa gouvernance, son système éducatif et de santé, ses banques et sa sécurité, mais très peu pour tout ce qui concerne le tourisme: la gastronomie, les paysages, l'hospitalité ou la culture», ajoute M. Grenier.

Pour ce faire, l'organisme touristique a invité son plus gros groupe de l'année à découvrir le pays. Pas moins de 36 personnes de la célèbre école de samba brésilienne «Unidos da Tijuca», vainqueur l'an dernier du défilé national du carnaval, ont voyagé la semaine dernière à travers la Suisse pour en découvrir ses facettes... et en devenir les ambassadeurs une fois revenus au pays.

«L'actrice Juliana Alves de Oliveira (du voyage en Suisse, NDLR) est une actrice très connue chez nous dont l'aura est spectaculaire. Et elle apprécie grandement le voyage», explique à l'AFP Bruno Tenorio, directeur de la troupe de samba.

Vendre la Suisse et ses clichés 

Les hôtes suisses sont aux petits soins pour le groupe: après une excursion très kitsch en traîneaux, avec fourrures et clochettes, au sein de la station huppée de St Moritz dans le canton des Grisons, la troupe a ensuite visité des ateliers de joaillerie et de production de chocolats avant d'effectuer plusieurs spectacles de samba dans différentes villes helvètes.

«Le fromage, le chocolat et les bijoux sont nos meilleurs ambassadeurs, tant pis si nous tombons un peu dans le cliché», remarque M. Grenier.

Cette année, la troupe de samba a décidé pour le défilé de février à Rio de prendre comme thème principal «Suiça» («la Suisse»), pays où le carnaval est une institution depuis des siècles. Elle profite ainsi de son voyage pour s'inspirer de la tradition helvète de cette fête où les monstres, censés chasser l'hiver, sont nombreux, tout comme les déguisements amusants ou fleuris, rappelant l'arrivée du printemps.

«En tout, la Suisse, à travers des fonds publics et privés, finance notre défilé à hauteur de 2,5 millions de francs sur les 5 millions nécessaires», indique M. Tenorio.

Suisse Tourisme se réjouit déjà des retombées et espère, avec les 240 000 spectateurs et les quelque 80 millions de téléspectateurs» du carnaval brésilien, connaître un retour sur investissement conséquent.