Le secteur du tourisme en Suisse a repris des couleurs l'an passé grâce à l'afflux de voyageurs asiatiques et à un début de reprise contrasté auprès des vacanciers européens, selon les chiffres publiés lundi par l'Office fédéral de la statistique (OFS).

En 2013, l'hôtellerie suisse a enregistré 35,6 millions de nuitées, ce qui fait ressortir une croissance de 2,5% par rapport à l'exercice précédent après deux années successives de repli, a indiqué l'OFS dans un communiqué.

Les voyageurs étrangers ont contribué à 19,7 millions de nuitées, soit une progression de 3,5% sur an.

Le nombre de voyageurs en provenance d'Asie s'est inscrit en hausse de 9,9%, les Chinois (hors Hong Kong) venus pour humer l'air frais des Alpes générant à eux seuls 20,3% de nuitées supplémentaires.

Les nuitées réalisées auprès des vacanciers européens ont également connu une timide reprise, affichant une progression de 1,8% après quatre années de fort recul, la cherté du franc suisse les ayant alors poussés à bouder cette destination devenue trop onéreuse.

La plus forte augmentation a été enregistrée auprès des vacanciers en provenance du Royaume-Uni, en hausse de 6,2%. Les Français ont également été plus nombreux à visiter la Suisse, avec +2,4% de nuitées supplémentaires, suivis par les Belges (+3,7%) et les Russes (+3,1%).

En revanche, le nombre de nuitées des touristes allemands, la clientèle traditionnelle de la Suisse, a continué de chuter, affichant un déclin de 1,1%.

Reconquérir le marché allemand est désormais une des priorités de Suisse Tourisme, l'organisme de droit public chargé de défendre les couleurs du petit pays alpin, qui prévoit de lancer une vaste campagne de promotion.

Dotée d'un budget de 7 millions de francs suisses (8,76 millions $CAN) sur deux ans, elle ciblera en particulier les femmes, qui jouent un rôle important dans le choix des destinations de vacances, et les seniors dynamiques, une clientèle à fort pouvoir d'achat.

«Le défi est maintenant de récupérer cette clientèle que nous avons perdue à cause du franc fort», a expliqué Jurg Schmid, le président de Suisse Tourisme, lors d'un entretien avec l'AFP.

L'an passé, les Allemands ont contribué à 4,5 millions de nuitées hôtelières en Suisse, soit près du quart de la part réalisée auprès de la clientèle étrangère.

La France ne sera pas non plus en reste dans ses efforts de promotion pour convaincre la clientèle régulière de venir redécouvrir la Suisse.

Fin avril, Suisse Tourisme prévoit ainsi de créer un cinéma éphémère au coeur de Paris pour projeter un film du photographe et réalisateur Yann Arthus-Bertrand qui permettra de découvrir les panoramas de la Suisse vue du ciel.

Malgré un rebond l'an passé, le nombre de nuitées réalisées auprès des vacanciers européens, qui représentent près des deux tiers de la clientèle du tourisme en Suisse, a reculé de 13% depuis 2010.

En dépit de la récente embellie, les hôteliers restent d'ailleurs inquiets pour leur rentabilité.

Le président de l'association HotellerieSuisse, Guglielmo Brentel, a rappelé que les coûts étaient plus élevés que dans les autres pays européens et a promis que l'association surveillerait de près l'application de l'initiative sur la limitation de l'immigration alors que le secteur fait appel à une main d'oeuvre importante issue de l'Union Européenne (UE)

«Environ un tiers des salariés de l'hôtellerie viennent de l'UE. Le contingentement des autorisations se traduit par une perte de souplesse, notamment pour les établissements saisonniers, et par une augmentation des démarches administratives, qui sont très coûteuses», a-t-il expliqué à l'AFP.

«De plus, le capital de sympathie dont la Suisse jouit auprès de ses voisins européens risque de diminuer», a-t-il ajouté.