Vous voulez voir l'endroit où sont nés les Sex Pistols? Le pub où a été écrite la chanson Pretty Vacant? Le bar où se sont formés les Clash? Suivez Aidan McManus, de l'agence Flipside London. Depuis trois ans, ce guide rock original propose une visite à pied du Soho punk, le quartier où tout a commencé. Sa clientèle? Des touristes, d'anciens punks... et même des groupes scolaires! Notre tournée en 10 adresses.

Oxford Street et Charing Cross Road

Départ à la sortie de la station Tottenham Court Road. Tout autour, des chantiers de construction témoignent d'un puissant boom immobilier. Le quartier, jadis infréquentable, est manifestement en mutation, alors que les boutiques érotiques, les cinémas pornos et les boîtes de nuit sont remplacés par des condos chics et des restaurants chers. «Le conseil municipal a tout bazardé. Les promoteurs ont eu le dessus. Les loyers sont devenus inaccessibles pour le vrai monde», lance Aidan McManus, dépité.

6 Denmark Street

Tout bazardé? Peut-être pas. En mars dernier, l'organisme patrimonial England Heritage a inscrit le 6 Denmark Street sur sa liste des bâtiments protégés, à la suite de la campagne d'une poignée de forcenés, menée avec l'appui des rock stars Mick Jagger et Ray Davies. Il était moins une. Car cette petite rue, mythique en raison de sa longue histoire musicale, était sur le point d'être démolie pour faire place à des condos. C'est à cette adresse que les Sex Pistols ont squatté, répété et écrit leurs premiers classiques. Des graffitis témoignent encore de leur présence dans ce qui leur tenait lieu de local. L'endroit, situé au fond de la cour, abrite aujourd'hui des bureaux professionnels.

107 Charing Cross Road

Le 6 novembre 1975, les Sex Pistols ont donné leur premier concert dans le sous-sol de la Saint Martin's School of Art, en première partie du groupe Bazooka Joe. «Il y avait six personnes, relate Aidan. Ils ont détesté, mais ils sont tous restés.» Depuis le déménagement de l'école, le bâtiment s'est transformé en librairie.

41-43 Neal Street

Inauguré en janvier 1977, le Roxy a vu passer tous les groupes de la révolution punk. Comme les Sex Pistols, cette mythique salle de concert a connu une existence météorique, fermant un an et demi après son ouverture. Les lieux, aujourd'hui méconnaissables, abritent aujourd'hui une boutique de maillots de bain. «Du speed aux Speedo!», lance Aidan, fier de sa blague.

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Les Sex Pistols ont donné leur premier concert dans le sous-sol de la Saint Martin's School of Art, qui abrite aujourd'hui une librairie.

93 Charing Cross Road et 6 Moor Street

Deux voisins incontournables. La chanson Pretty Vacant a été écrite au deuxième étage du pub The Cambridge, entre deux pintes de bière. Trois portes plus loin, The Spice of Life est l'établissement où Sid Vicious allait acheter son héroïne. Une dépendance qui lui coûtera d'ailleurs la vie, puisque ce très mauvais bassiste, qui a remplacé Glen Matlock pour la seconde mouture des Pistols, a fini par mourir d'une surdose. «Sid était un idiot, résume Aidan. Mais il avait le bon look.»

5 Leicester Place

Vestige de la communauté française de Soho, l'église Notre-Dame a été l'hôte, en mars 1977, du premier concert de Sid Vicious au sein des Sex Pistols. Ce spectacle a aussi été le premier donné par le groupe après son esclandre à l'émission The Today Show, qui lui a valu d'être rejeté par la maison EMI... et a propulsé sa carrière. Aujourd'hui, le sous-sol a été transformé en salle de théâtre.

24 Brewer Street

Aujourd'hui, c'est Chilango, un resto latino. Il y a 40 ans, c'était l'El Paradise, salle de concert mythique de l'explosion punk. C'est ici qu'ont germé des groupes comme The Clash et The Damned. Et c'est ici que les Sex Pistols ont, pour la première fois, été reconnus par la presse rock britannique.

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Avant d'être transformé en restaurant, le 24 Brewer Street abritait l'El Paradise, salle de concert qui a vu germer des groupes comme The Clash et The Damned.

90 Wardour Street

Haut lieu du rock londonien, le Marquee a vu passer la crème des groupes britanniques des années 60 aux années 80, de The Who à U2. «Ils ont tous joué là. Sauf les Beatles et The Clash», résume Aidan. Après sa fermeture, hélas, l'endroit a été transformé en condos. Ici aussi. «La Ville dit qu'elle veut protéger les lieux importants. Mais tant qu'il y a de l'argent à faire...»

201 Wardour Street

En 1977, le punk n'était plus un phénomène marginal. Le Crackers, une salle de 700 places, a ouvert ses portes au début du mois de juillet, accueillant de nouveaux groupes comme The Fall ou les Buzzcocks. Ce qui était un phénomène musical se transforme en phénomène social. Adopté par un nombre grandissant de jeunes Britanniques désabusés, le punk est devenu un véhicule de violence et d'agression. Bref, c'est le début de la fin.

100 Oxford Street

S'il n'en reste qu'un, ce sera lui. Ancien club de jazz recyclé en bar rock, le 100 Club est la seule salle de concert de la révolution punk à n'avoir pas changé d'un iota depuis 40 ans. Situé dans le sous-sol d'un édifice de bureaux, l'endroit est aujourd'hui financé par l'entreprise Converse (et donc Nike) et jalousement protégé par ses propriétaires, conscients d'avoir entre les mains un lieu de pèlerinage. De l'autre côté de la rue, les anciens bureaux de Dryden Chambers, autrefois occupés par la gérance des Sex Pistols et de The Police, ont été transformés en boutique de chaussures.

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Le Crackers, une salle de 700 places, a ouvert ses portes en 1977, accueillant de nouveaux groupes comme The Fall ou les Buzzcocks.